Publié le 24 Aug 2016 - 22:42
FAIBLESSES DE LA POLITIQUE D’URBANISATION DU SENEGAL

L’Etat invité à revoir sa copie  

 

Le chargé de programmes à Onu-Habitat estime que la politique  d’urbanisation du Sénégal est «très faible». Il plaide pour la mise en place d’une forte planification à orientation économique. Intervenant hier à Dakar, dans le cadre de la préparation de la conférence « Habitat III » prévue à Quito, du 17 au 20 octobre 2016, Serigne Mansour Tall a renseigné que cette rencontre internationale sera axée sur les changements climatiques, le financement des villes, etc.

 

Le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie prépare activement la Conférence mondiale Habitat III prévue du 17 au 20 octobre 2016 à Quito, en Equateur. Les participants à cette rencontre devront se pencher sur les changements climatiques, l’économie urbaine, le financement des villes, la question de la planification, des infrastructures, etc. En perspective de cette rencontre, la politique d’urbanisation du Sénégal a  été passée en revue hier, par le chargé de programmes à Onu-Habitat.

‘’Elle est très faible, du fait surtout du positionnement institutionnel du ministère de l’Habitat qui est conçu comme un secteur de problèmes. On répond à des inondations, des bidonvilles, alors qu’il doit contribuer au développement économique. Donc, il faut construire une urbanisation à forte orientation économique’’, a suggéré Serigne Mansour Tall en intervenant sur ‘’Economie urbaine : enjeux et défis pour un nouveau programme urbain’’.

Selon lui, il s’agit, à travers l’agenda de cette rencontre, de répondre à tous ces défis dont les villes font face aujourd’hui à l’échelle globale. ‘’Les villes produisent 80% du Pib mondial pour 55% de la population. Elles contribuent au développement économique. (…) En 2030, le taux d’urbanisation urbaine est projeté à 60%. A cet égard, nous devons faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous. Que la planification ait une force de loi. Et nous devons faire la réglementation du marché foncier, développer les infrastructures, mettre l’accent sur l’employabilité et les revenus’’, préconise M. Tall.

Toutefois, pour avoir la mainmise sur cette question liée à l’économie urbaine, construire la ‘’personnalité de nos villes’’, il préconise de faire des réformes institutionnelles en profondeur. A ses yeux, c’est une question de gouvernance dans le but d’améliorer la condition de vie des populations. Malick Gaye, qui a axé son intervention sur ‘’Environnement et urbanisation : enjeux et défis pour un nouveau programme urbain’’, a noté que les villes occupent aujourd’hui 2% de la superficie mondiale, 70% de l’économie, 70% des déchets. ‘’La situation environnementale revêt une tendance lourde, parce que le niveau de la mer monte de 1,4 mm par an. Et 2/3 de la population sénégalaise habitent sur le littoral. Pour réduire la pollution de l’air, nous devons promouvoir la promotion des énergies propres et l’efficacité énergétique des industries et des bâtiments», lance le représentant d’Enda.

MAMADOU LAMINE DIOUF DE LA (DPHS)

« Il y a un déficit de 300 000 logements »

Le représentant de la Direction de la promotion de l’habitat social (DPHS) a souligné hier, à Dakar, que le sous-secteur de l’habitat est caractérisé jusqu’ici par un déficit de 300 000 logements et une demande additionnelle importante, de l’ordre de 12 000 unités par an (2015, année de référence). Selon Mamadou Lamine Diouf, de 2000 à 2012, la Sicap et la Snhlm n’ont pas produit plus de 100 logements par an. ‘’Il y a une faible production d’environ 5000 logements par an, des prix inaccessibles aux ménages sénégalais, un marché locatif essentiellement spéculatif contrôlé par les privés. Malheureusement, depuis un an, aucune virgule n’a été ajoutée à la loi d’orientation relative à l’habitation sociale. Donc, il y a des réformes à faire’’, souligne M. Diouf.

A ses yeux, le marché locatif public qui doit réduire les prix a disparu avec la vente des logements Snhlm qui, avance-t-il, n’investit plus dans ce service laissé au secteur privé. Mamadou Lamine Diouf de déplorer : ‘’Le coût d’exploitation des logements est extrêmement élevé surtout pour les ménages démunis. Les pauvres achètent plus cher l’eau du robinet, l’électricité. Les dépenses sont énormes. Donc, si on reste dans cette dynamique, on va aboutir aux mêmes résultats. Malheureusement, on a des réformes qui sont lentes.’’

PAPE NOUHA SOUANE

 

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