Publié le 18 Apr 2012 - 19:26
FARBA SENGHOR DE RETOUR

 «Je n'ai de comptes à rendre à personne»

 

Introuvable et aphone depuis la cuisante défaite de son mentor face à Macky Sall, Farba Senghor, «élément hors du commun», est de retour à Dakar en provenance du Sénégal oriental où il s'était retiré pour «affaires privées». Et au moment où des comptes commencent à être demandés à certains dignitaires du wadisme, lui affirme n'avoir rien à se reprocher.

 

On ne l'avait presque plus revu depuis la déroute de son candidat, l'ex-président Abdoulaye Wade, au second tour de l'élection présidentielle du 25 mars. Farba Senghor est de retour, mais dans la discrétion, alors que la traque contre les biens volés de l'Etat est lancée depuis la semaine dernière par la Présidence de la République. De retour à Dakar depuis lundi après une «retraite» loin de la capitale, à Koumpentoum, dans le Sénégal oriental. Un retour destiné à booster les tentatives de remobilisation de troupes libérales quelque peu choquées par la perte du pouvoir à travers des réunions et rencontres organisées à partir de ce mercredi.

Farba Senghor s'était-il terré dans ce coin reculé du pays pour espérer échapper à une certaine vindicte populaire ? S'y était-il rendu afin de préparer sa «défense mystique» étant entendu que, aux yeux d'une bonne partie de l'opinion, il est un symbole vivant du wadisme et de ses dérives ? Y faisait-il de la «chasse», ainsi que le disent des mauvaises langues, afin de décompresser après le pénible tournant du 25 mars, au milieu d'une nature locale plus clémente que l'ambiance délétère qui prévaut chez les libéraux ? A toutes ces questions, cet «élément hors du commun» n'a point voulu parler à EnQuête à qui il a reproché de lui avoir systématiquement refusé une interview...

 

 

«La saison de chasse est close depuis longtemps», indique un responsable politique libéral qui reproche à celui qui avait commandité le saccage des quotidiens L'AS et 24H Chrono. Pour d'autres habitants de Koumpentoum, Farba a quand même pris le temps de s'occuper de son cheptel, une masse importante de vaches biens grasses qui a le tort, ici, de se ravitailler en eau et au détriment des populations, sans débourser le moindre franc, avec l'aide d'un responsable local du Pds situé dans sa mouvance. Le maire de Koumpentoum, Sidy Traoré, que nous n'avons pu joindre au téléphone.

Farba Senghor va-t-il répondre à des questions de police ou de gendarmerie dans le cadre de la traque des biens volés à la communauté nationale ? L'histoire à venir le dira. De toutes façons, il lui était impossible de «se cacher» à Koumpentoum. Parole d'un citoyen de là-bas : «s'il restait ici, nous étions décidés à le menotter et à le rendre au gouvernement.»

 

Aujourd'hui, ce wadiste (éternel ?) est déterminé à se défendre contre tout. Avec ces précisions : «je me suis rendu au-delà même de Koumpentoum pour des affaires personnelles. Je ne me prononcerai pas sur ce voyage privé. Que les gens racontent ce qu'ils veulent, je m'en passe. D'ailleurs, je n'ai rien à vous dire.» Puis : «je parlerai au moment opportun, mais ce n'est pas à vous que je m'adresserai en premier.» Avant de clore le débat sur un fulgurant : «d'ailleurs, je n'ai de comptes à rendre à personne.»

MATEL BOCOUM

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