Publié le 29 Jun 2016 - 21:28
FAUSSE ALERTE D’ATTENTAT CONTRE LES AMBASSADES DE FRANCE ET DES USA

El Hadj Malick Mbengue risque 3 ans

 

Le parquet a requis hier trois ans d’emprisonnement ferme contre le présumé terroriste El Hadj Malick Mbengue. Poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles et escroquerie, le prévenu avait lancé une alerte au terrorisme contre les Ambassades des USA et de la France à Dakar, à la veille du XVe sommet de la Francophonie tenu au Sénégal.

 

3 ans de prison ferme. C’est la peine requise contre le présumé terroriste, El Hadji Malick Mbengue, attrait hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour les préventions de diffusion de fausses nouvelles et d’escroquerie. Qu’il soit condamné ou pas, El Hadji Malick Mbengue est déjà habitué à l’environnement carcéral. En effet, en 2004, il avait été inculpé pour actes de terrorisme, mais il avait été finalement acquitté, après 10 ans de détention préventive. Cependant, à sa sortie de prison, le prévenu a semblé ne pas souffrir de son long séjour carcéral. Car, 10 mois après son élargissement, il s’est livré à un jeu risqué: lancer une alerte aux attentats contre des représentations diplomatiques établies au Sénégal. C’était en novembre 2014. Le Sénégal s’affairait à l’organisation du XVe sommet de la Francophonie. Face aux menaces terroristes, c’était le branle-bas pour relever le défi sécuritaire.

C’est dans ce contexte qu’El Hadji Malick Mbengue avait appelé aux Ambassades des USA et de la France pour les alerter à propos d’actes terroristes qu’un Algérien du nom de Moustapha Benjedine était en train de préparer contre elles. L’Ambassade de France n’avait accordé aucune importance à la menace ; tout le contraire des USA. Sur ce, Makane Diallo, un agent de la représentation diplomatique, a convoqué l’informateur pour en savoir davantage sur le supposé attentat. A son arrivée, El Hadj Malick Mbengue s’est livré à une explication détaillée du fameux plan de l’Algérien. Touchées par sa démarche, les autorités diplomatiques lui ont remis la somme de 150 000 F CFA, en guise de transport et une manière de le remercier pour son acte civique. A son départ, l’Ambassade a transmis l’information à la gendarmerie qui a découvert qu’il s’agissait en réalité d’une supercherie. Lorsque les pandores ont arrêté El Malick Mbengue, ils ont découvert que son alerte était fausse. En poussant leurs investigations, ils se sont rendu compte que le suspect était expert dans l’art des fausses alertes pour soutirer de l’argent. Comble de leur surprise, les hommes en bleu ont réalisé que ‘’l’informateur’’ était l’auteur de l’alerte à la bombe à Yengoulène.

Face aux juges hier, le prévenu a reconnu les faits et a persisté à dire qu’il suspectait un attentat. A cet effet, il a confié avoir rencontré l’Algérien au cimetière Saint Lazare. Selon ses dires, celui-ci avait un comportement suspect et détenait des photos de la place de l’indépendance et du ministère des Affaires étrangères, ainsi que plusieurs extraits de naissance. ‘’J’ai trouvé son comportement suspect et c’est la raison pour laquelle j’ai alerté les autorités policières et les ambassades afin qu’elles puissent prendre leurs précautions’’, s’est défendu le prévenu.

‘’Moustapha est un fanatique’’

Toutefois, il a reconnu avoir agi dans la précipitation, sans avoir assez d’éléments concordants pour attester la preuve de ses allégations. ‘’J’ai alerté les ambassades, parce que je sais que Moustapha est un fanatique. Mais, je reconnais que j’ai alerté, sans avoir des données précises’’, s’est-il justifié. Par rapport à l’argent reçu, il a déclaré qu’il n’a pas été demandeur et l’a même décliné, avant de l’accepter car on insistait. ‘’J’avais même refusé de prendre les 150 000 F CFA en expliquant à Steve que j’agis en tant que citoyen, mais, il m’a contraint de les prendre’’, a-t-il confié.

Ses dénégations n’ont pas convaincu le représentant du parquet qui assimile le prévenu à une ‘’personne dangereuse et de très mauvaise foi’’. C’est pourquoi, il a demandé que El Hadj Malick Mbengue soit mis hors d’état de nuire pour trois ans. L’avocat de la défense a pris son contre-pied pour laisser entendre que son client a agi en bon citoyen, en alertant les autorités d’un danger qui guettait le pays. Compte tenu de ce geste, Me Ibrahima Ndiaye a plaidé la relaxe pure et simple. Délibéré le 12 juillet prochain.

FATOU SY

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