Publié le 7 Apr 2020 - 22:10
FERMETURE DES FRONTIÈRES

La mer, la nouvelle voie de contournement

 

La fermeture des frontières, le couvre-feu ou même l’interdiction de certains déplacements sont autant de mesures jusque-là transgressées par des Sénégalais. Les pêcheurs de la Petite Côte sont, sur ce point, prêts à assurer leur propre sécurité.

 

Apparemment, tous les moyens sont bons pour rallier le pays de la Téranga. Depuis quelques jours, la Petite Côte est le théâtre de virées clandestines. Dans la nuit du 2 avril au 3 avril, aux environs de 22 h, deux pirogues en provenance de Nouadhibou (Mauritanie) ont été interceptées par des pêcheurs de Joal. ‘’Les pirogues transportaient du beau monde et sont arrivées du côté de Ngazobil. Nous leur avons demandé d’accoster, mais au début, ils ont refusé. Il a fallu être vraiment tenace. Il était 22 h 45. Une fois interceptées, j’ai moi-même appelé l’inspecteur de Dakar pour l’en informer. Ce dernier a contacté le commandant de brigade qui, à son tour, a appelé le médecin-chef’’, détaille notre source membre du CLPA de Joal (Conseil local de pêche artisanale). À l’en croire, ces personnes ont été immédiatement mises en quarantaine.

En cette période de pandémie, ces voyageurs nocturnes sénégalais espéraient rentrer incognito au Sénégal, violant ainsi les restrictions édictées par le gouvernement. L’alerte a été lancée par les habitants de Djifère qui, ayant repéré trois pirogues cette nuit-là, ont demandé aux pêcheurs de Joal de redoubler de vigilance. ‘’Nous sommes des pêcheurs. Cette situation nous concerne. Nous n’attendons personne pour agir, car c’est notre santé qui est en jeu. On ne sait pas ce qu’il nous amène. Nous avons fait notre devoir’’, poursuit notre interlocuteur.

La troisième pirogue, quant à elle, comptait des Sénégalais en provenance de la Guinée qui ont d’ailleurs présenté leurs licences. C’est dire toute la difficulté pour ces pêcheurs de se plier aux interdictions, en plus du défi sécuritaire au niveau maritime. Selon nos sources, ‘’ce deuxième lot de pêcheurs est appelés marins. Ils exercent en haute mer et vont jusqu’en Guinée et en Guinée-Bissau. Ce sont eux qui apportent le poisson utilisé pour faire le ‘guédj’. Ils peuvent faire 40 jours en mer, voire deux mois. Ce sont des Sénégalais, mais vu la situation, ce n’est pas prudent, tout le monde essaie de se prémunir contre la maladie, raison pour laquelle les pêcheurs les ont arrêtés pour savoir qui ils sont et où vont-ils.’’ 

Par ailleurs, la population de Yarakh est quant à elle sortie, malgré le couvre-feu, pour empêcher des piroguiers d’accoster sur la plage. Les faits se sont déroulés la nuit du 3 avril. Selon le préfet du département de Mbour, son service n’est pas informé de tels agissements. ‘’Je ne sais pas si cette information est exacte ou non. Mais, en tout état de cause, nos forces de défense et de sécurité veillent au grain et chaque soir, nos plages sont surveillées. Il nous est revenu que certaines pirogues remplies de passagers tenteraient d’accoster sur nos plages. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas eu d’informations exactes, précises et détaillées sur l’existence de ces pirogues. Si cette information est juste et que ces passagers sont nos compatriotes, on doit les encadrer, accepter qu’ils débarquent avec un certain nombre de précautions et les confiner pendant 15 jours’’.

Mor Talla Tine affirme, en outre, que le dispositif de confinement est opérationnel et que la marine nationale a lâché ses patrouilleurs.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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