Publié le 15 Feb 2018 - 20:36
FIABILITE DU FICHIER ELECTORAL

L’opposition engage la bataille de la bonne organisation des élections

 

Si la fiabilité du fichier électoral a été clairement établie par les auditeurs internationaux qui ont restitué leurs travaux avant-hier, la bonne organisation des élections par les services compétents hantent le sommeil des différents acteurs du jeu politique sénégalais.

 

Malgré les couacs notés lors des élections législatives du 30 juillet 2017, le fichier électoral sénégalais est jugé fiable par les auditeurs internationaux qui ont restitué leurs travaux avant-hier, mardi 13 février 2018. Sous la houlette du Projet d’appui au processus électoral au Sénégal, et sous la supervision du Centre européen d’appui électoral de l’Union européenne qui a d’ailleurs lancé un appel d’offres international pour recruter des auditeurs sur la base d’un parcours dûment établi, cet audit révèle que les aspects qui ne sont pas satisfaisants dans le fichier électoral sénégalais sont assez faibles et sont de l’ordre de 1,2 à 1,9% de marge d’erreur.

Selon le plénipotentiaire désigné de la coalition Benno bokk yaakaar dans les concertations sur le processus électoral, les auditeurs ont convaincu tous les acteurs ayant pris part au dialogue politique. ‘’Dans l’ensemble, ils ont convenu que le fichier est fiable, et ils ont convaincu tous les acteurs. Toutes les parties prenantes se sont félicitées de cet audit. Ils ont étudié de façon scientifique tous les problèmes qui s’étaient posés. Il y a une marge de 1,2% mais on peut le comprendre parce que les élections sont une chose complexe. Aucun fichier n’est parfait parce qu’il y a tout le temps des décalages entre le fichier tel qu’il est actuellement et son évolution d’ici un an ou deux ans’’, déclare Ousmane Badiane, par ailleurs chargé des élections de la Ligue démocratique.

Partant du même postulat, le plénipotentiaire des partis réunis dans le Cadre de l’opposition pour la régularité, la clarté et la transparence des élections (Corecte) salue la démarche qui a été entreprise pour aboutir à cet exercice. ‘’A priori, nous étions rassurés parce que ce sont des experts compétents qui ont été choisis après un appel d’offres de l’Union européenne et de l’Allemagne. Ils ont toutes les qualités d’experts requises pour faire ce travail’’, a d’emblée soutenu Ndiawar Paye. Cependant, il rappelle qu’il y a des points posés par l’opposition mais qui ont été omis dans le cadre de cet audit. ‘’Lorsqu’on faisait la loi sur la refonte du fichier électoral, objet de cet audit, le gouvernement, dans l’exposé des motifs, avait dit qu’il y avait un important stock mort dans le fichier. Cela, l’audit ne l’a pas révélé’’, déplore-t-il. Mais il est vite recadré par Youssou Daou.

‘’Le stock mort n’existe plus dans la mesure où les gens reviennent. Celui qui avait une carte ou celui qui n’en avait pas, tous reviennent s’inscrire et le stock mort va mourir de sa belle mort’’, rétorque le membre de la Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections (Pacte). Qui souligne toutefois qu’il faut faire une bonne distribution pour éviter d’avoir un nouveau stock mort. ‘’Les gens ne laisseront plus leurs cartes d’électeur dans les commissions parce qu’il y a la carte d’identité. Qu’ils votent ou pas, ils sont obligés d’aller retirer leurs cartes. Donc s’il y a une bonne distribution, le problème est réglé’’, estime-t-il.

Revenant à la charge, Ndiawar Paye déplore cette fois-ci, le couplage de la carte nationale d’identité et de la carte d’électeur qui pose, selon lui, des problèmes dès lors qu’elles n’ont pas la même durée de vie et les mêmes rythmes de mise à jour. ‘’Une CNI dure 10 ans et la carte d’électeur est renouvelée à la veille de chaque élection. Il s’agit de deux (2) documents qu’on ne peut pas donc cumuler. Et cela, l’audit l’a signalé. Mais ils ont proposé qu’on approfondisse la réflexion. Nous leur avons dit qu’il faut faire une recommandation ferme de découplage’’, fulmine-t-il.

L’autre aspect ‘’important’’ qu’il soulève, ce sont les commissions administratives à compétence nationale. A en croire M. Paye,  beaucoup de gens qui travaillent à Dakar sont inscrits ici, mais ont eu du mal à récupérer par la suite leurs cartes.  Ce qui le pousse d’ailleurs à demander qu’on retourne à l’inscription dans les commissions locales pour éviter tout dysfonctionnement de ce genre dans la distribution des cartes.

La Daf pointé du doigt

Au-delà de ce problème, Ndiawar Paye relève également tous les manquements notés dans l’enrôlement avec les erreurs notées dans les filiations de certains électeurs et parfois, dans les photos. Il pointe ainsi un doigt accusateur sur la Direction de l’automatisation du fichier (DAF) qui, selon lui, a utilisé à cet effet un logiciel peu fiable. Tout cela combiné, en plus des dysfonctionnements relevés par les pôles de l’opposition, de la majorité et des non-alignés, a, selon lui, abouti à ce travail de qualité.

Cependant, si la fiabilité du fichier électoral est une chose, la bonne organisation des scrutins en est une autre. A cet égard, M. Paye appelle l’administration, la Cena et la Cour d’appel à faire leur travail. Car, estime-t-il, ‘’s’ils sont au même niveau que le fichier, nous pensons que nous pouvons aller tranquillement à l’élection présidentielle sans risque majeur de fraude ou de contestation’’. A ce niveau, Youssou Daou invite l’ensemble des acteurs du jeu politique sénégalais à s’entendre sur une bonne organisation des élections, mais autour d’un fichier qui est considéré aujourd’hui comme bon. 

ASSANE MBAYE

Section: