Publié le 3 May 2016 - 11:24
FILM- KEMTIYU SEEX ANTA

Ousmane William Mbaye raconte Cheikh Anta

 

Le réalisateur Ousmane William Mbaye a fait face à la presse hier, à l’institut culturel Léopold Sédar Senghor. Il présentait aux journalistes des extraits de son nouveau film : ‘’Kemtiyu, Seex Anta’’.

 

Faire un film sur Cheikh Anta Diop n’est pas facile. Et pour cause, il n’y a pas assez d’archives visuelles sur le savant Sénégalais. Mais cela n’a pas retenu Ousmane William Mbaye.  Car en dépit de tous les écueils rencontrés, il a fait quand même un film sur le natif de Tieytou. Ainsi, après ‘’Président Dia’’, il compte sortir ‘’Kemtiyu, Seex Anta’’. Une pellicule d’une heure 34 minutes qui parle de la vie et de l’œuvre du parrain de l’université de Dakar. Elle sera présentée, en avant-première mondiale, ce samedi au théâtre Daniel Sorano. Mais en attendant, Ousmane William Mbaye a donné une conférence de presse hier à l’institut français Léopold Sédar Senghor de Dakar. Et pour ne pas décevoir ceux qui en attendraient beaucoup trop de ce film le cinéaste prévient : ‘’C’est difficile de raconter la vie de Cheikh Anta Diop en une 1H 34 minutes. Il mérite un feuilleton documentaire. Ce film est juste une amorce’’. Par conséquent, il ne fait que résumer des pans importants de la vie de Cheikh Anta Diop.

La civilisation égyptienne comme civilisation nègre, cette thèse défendue par ‘egypthologue Diop en constitue l’une des pages racontées. Comme le suggère d’ailleurs le titre du film ‘’Kemtiyu’’. Il fait référence aux populations de ‘’Kemet’’. Ainsi se seraient nommés les Egyptiens. Le vocable ‘’Kemet’’ signifie en outre ‘’Noir’’, ‘’Nègre’’ comme expliqué, dans la bande annonce diffusée hier, par le Pr et disciple de Cheikh Anta Diop Théophile Obenga. Ce dernier n’est pas le seul intervenant choisi ‘’objectivement’’ ou ‘’subjectivement’’ par le réalisateur. Car, l’on retrouve dans ce documentaire près d’une trentaine de témoins dont la défunte femme de Cheikh Anta Diop, son fils Massamba, son cousin Moustapha, son camarade de jeunesse Dr Yoro Sy, etc.

Tous parlent du sujet de William Mbaye sans détour. C’est ainsi que quelques-uns évoquent la carrière politique de l’homme. Mais revenir sur cette partie du ‘’pharaon’’ avec des images d’archives est quasi impossible. L’équipe de réalisation n’a pu trouver d’images animées de meetings ou d’une rencontre politique à laquelle, le Pr avait pris part. ‘’Je suis moi-même allé à la RTS fouiller dans les archives. Et j’ai senti la volonté des hommes politiques de l’époque de ne pas filmer Cheikh Anta Diop. On ne retrouve qu’une bande dans laquelle on voit le fondateur du Rassemblement national démocratique (Rnd) sur moins d’une minute’’, dénonce le réalisateur.

Qu’à cela ne tienne, le Directeur de la cinématographie Hugues Diaz considère le film de William Mbaye comme une ‘’œuvre mémoire’’ qui va permettre aux uns et autres à mieux comprendre la pensée de l’auteur ‘’Nation, Nègre et culture’’. Et pour ceux qui pensent que faire un film sur Cheikh Anta n’est pas important parce qu’on a beaucoup parlé de lui à travers des conférences et des écrits, l’auteur rétorque : ‘’Il y a beaucoup de gens qui disent qu’ils connaissent Cheikh Anta mais pour moi, ils ne le connaissent pas. Il y a beaucoup de jeunes qui disent honnêtement qu’ils ne connaissent pas Cheikh Anta Diop même si l’université de Dakar porte son nom.

Je pense et j’ai la prétention d’apporter une ou deux choses que des gens ne savaient pas sur lui. Et même si parler de l’œuvre de cet homme n’est pas nouveau, elle mérite quand même d’être mémorisée pour les générations futures’’. Quoi de mieux que le prisme de l’image comme le souligne M. Diaz. Même si, M. Mbaye avoue que faire parler la famille du concerné n’a pas été facile. ‘’Il y a une certaine pudeur qu’on sent chez la famille Diop qui fait que ses membres n’aiment pas qu’on parle d’eux. Dans leur éducation, on ne parle pas de soi. Ils préfèrent qu’on parle de leur père. A la limite, même prendre une photo les dérange’’, avoue le cinéaste.

Le Fopica va financer exploitants et distributeurs

‘’Ousmane William Mbaye vient de relever un défi. Il est le premier réalisateur dont le projet a été financé par le fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel (Fopica)’’. Le directeur de la cinématographie Hugues Diaz félicitait ainsi hier le réalisateur de ‘’Kemtiyu, Seex Anta’’. Ce film est le premier du Fopica à voir le jour. ‘’J’ai fait beaucoup de films sans l’aide de l’Etat. Je suis content de présenter un film aujourd’hui appuyé par mon pays’’, dit à son tour le cinéaste en regrettant qu’il n’ait quand même pas d’exploitants de salles ou une distribution pouvant assurer la promotion du film. Hugues Diaz l’a rassuré sur ce dernier point.

 Pour les financements de cette année, le fonds prend en compte cette frange de l’industrie cinématographique nationale. Ainsi, bientôt seront lancés les appels à projets pour les distributeurs et les exploitants de salle qui pourront avec cet appui renouveler leurs structures. Le Fopica 2 compte aussi soutenir la formation ainsi que les associations s’activant autour de la promotion du cinéma.

BIGUE BOB

 

 

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