Publié le 23 Mar 2017 - 16:39
FIN DE L’HEGEMONIE DU F CFA

Une volonté politique et non technique

 

Les pays de l’Uemoa ou de la CEMAC doivent-ils mettre fin au F CFA. La question se pose de plus en plus même dans les plus hautes sphères de décision. Mais cela va relever d’une volonté politique des chefs d’Etat et de gouvernement du continent, a répondu hier le directeur des affaires économiques de la Commission de l’Union africaine. René Kouassi animait une conférence de presse sur la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique qui s’ouvre aujourd’hui à Dakar.

 

Le débat sur le F CFA refait de plus en plus surface. La question a encore été agitée hier, lors du point de presse qui marque le lancement de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique. Cependant, le directeur des affaires économiques de la Commission de l’Union africaine, René Kouassi, reste persuadé que l’Afrique n’a plus le choix, il lui faut une monnaie unique. Même si le débat est de plus en plus agité, le directeur de la commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), Dimitri Sanga, indique qu’il ne s’agit pas d’une question technique mais plutôt d’une volonté politique. Pour lui, avoir une monnaie unique ou commune dans l’espace CEDEAO ou en Afrique relève d’une ‘’volonté politique’’. Toutefois, sa position est que même s’il est ‘’souhaitable’’ d’avoir une monnaie commune, ce n’est pas un ‘’préalable’’.

Cette position de M. Sanga rejoint, d’une certaine manière, le questionnement du directeur des affaires économiques de la commission de l’Union africaine. René Kouassi se demande si des pays qui ont la monnaie unique, notamment le Zimbabwe, font mieux que ceux qui sont dans la zone CFA. Ou est-ce que les pays qui jouissent de la souveraineté monétaire sur le continent vont-ils mieux que ceux qui ont mis leur monnaie en commun ? Un ensemble de questions sur lesquelles M. Kouassi attend des réponses concrètes.

Par ailleurs, le directeur des affaires économiques de la commission de l’Union africaine note que les problèmes du continent ne pourront être réglés que par l’intégration. ‘’L’Afrique doit s’intégrer ou disparaître’’, avertit-il. Pour lui, l’intégration est l’alternative pour permettre au continent de ‘’faire face à toutes les insécurités et tous les chocs exogènes’’. Toutefois, cette intégration doit être portée par les jeunes, croit fermement René Kouassi, même si elle ne pourra se faire sans une volonté politique affichée des chefs d’Etat et de gouvernement du continent.

Faire face à la Communauté internationale

En outre, si l’Afrique ne réunit pas toutes ses forces, il sera difficile pour elle de peser de tout son poids dans le concert des nations. D’après M. Kouassi, on a l’impression que pour les plus grands projets du continent, l’Afrique doit faire face à la communauté internationale pour les mettre en œuvre. La preuve, rappelle le directeur des affaires économiques de la Commission de l’UA, dans les années 1980, quand les Africains ont lancé le plan de Lagos pour l’autosuffisance alimentaire, très vite, dit-il, la communauté internationale a imposé à l’Afrique les plans d’ajustement structurel en invitant les chefs d’Etat à ‘’dégraisser la Fonction publique’’ et ‘’à privatiser les entreprises d’Etat’’. La même chose s’est reproduite dans les années 1990 quand les leaders africains ont mis en place le traité d’Abuja. La communauté internationale est encore intervenue pour imposer des ‘’plans d’ajustement structurel nouvelle génération’’. René Kouassi est donc formel : ‘’L’Afrique doit faire face à la communauté internationale pour mettre en œuvre ses projets’’ pour sortir de la pauvreté où elle baigne depuis plusieurs décennies.

La Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique qui s’ouvre aujourd’hui à Dakar prend fin le 28 mars prochain.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

Section: