Publié le 20 Jun 2012 - 19:29
FLORENT MALOUDA

«Ça a réveillé quelques démons»

 

Au lendemain de Suède-France (2-0), Florent Malouda a déploré l'attitude affichée par les Bleus pendant le match. Après ? «On s'est envoyé quelques missiles». Le milieu de terrain espère que cette explication sera salutaire avant le quart de finale contre l'Espagne.

 

La veille, Laurent Blanc avait déjà senti que quelque chose ne tournait pas rond. «Il y avait un peu de relâchement à l'entraînement». Le résultat de Suède-France (2-0) a confirmé ses craintes : les Bleus ont vécu «une sale soirée» qui s'est prolongée après le match dans le vestiaire tricolore. La tension entre joueurs aurait été palpable. L'explication particulièrement musclée. «Quand il y a une victoire, on accepte plus les choses et on est joyeux. En cas de défaite, on a le sang chaud», dédramatise toutefois le sélectionneur. Avec un brin d'humour :  «Ça a été chaud, on n'a pas pris les cryovestes, mais on s'est refroidi avec une bonne douche». Assis à sa place quelques minutes plus tard, Florent Malouda a accepté d'en dire davantage.

«Florent Malouda, malgré la présence de vos compagnes, le réveil a-t-il été difficile ?

Il fallait bien se lever, mais c'est vrai que le fait qu'il y ait nos compagnes nous a permis de penser à autre chose. Cette défaite nous a laissé un goût d'inachevé. Elle a terni la qualification. Ce qui est important, c'est comment on se relève. Il y a une prise de conscience sur le fait que ce qu'on avait fait n'était vraiment pas terrible.

«Parfois, parler à chaud peut faire du mal»

Mardi soir, vous ne vous êtes pas arrêté devant les médias, ce qui n'est franchement pas dans vos habitudes. Parce que vous aviez peur de dire quelque chose que vous regretteriez à chaud ?

Ça, c'est l'expérience (rires). A chaud comme ça, et même si j'apprécie énormément le fait d'être sorti de la poule, ce que j'ai vu a réveillé quelques démons. Parfois, parler à chaud peut faire du mal. J'ai préféré éviter plutôt que de balancer des fusées et des missiles.

 

Lorsque vous évoquez «de vieux démons», vous parlez de jeu ou d'attitude ?

Essentiellement d'attitude. Ce qu'on a dégagé, c'était frustrant, surtout vu du banc. Si on avait eu la même que les Suédois, on ne se serait pas réveillés avec la gueule de bois après ce match. On n'aurait pas le sentiment d'avoir lâché le match et que la qualif' est due à un concours de circonstances.

Laurent Blanc a affirmé qu'il avait senti «un relâchement» dès la veille du match.

Pendant l'entraînement, il nous a arrêtés, et il a abordé le fait qu'il y avait de la nonchalance. C'est un peu comme si on était en ville et qu'on nous avait proposé de faire un match, et qu'on l'avait fait. Non, on est à l'Euro, pas en ballade. Au niveau de l'exigence, on ne peut pas aller en-dessous d'un certain niveau. Par notre façon de jouer, on a donné de l'espoir. Si on retombe dans nos travers, on revient en arrière et on sera obligé de tout recommencer. Chacun dans sa chambre doit repenser au match d'hier (mardi) et à sa préparation. Il n'y a pas besoin d'explication.

«Dans un vestiaire, il faut de temps en temps s'envoyer quelques rafles.»En tant qu'ancien du groupe, quel est le message que vous souhaitez aujourd'hui adresser à vos équipiers ?

Le message, c'est qu'il faut un équilibre entre les objectifs individuels et la performance de l'équipe. Si on bascule dans l'excès, ça peut être contagieux et faire dérailler la machine comme mardi soir. C'est dans ces moments-là qu'il faut faire corps, avoir de vraies discussions, aborder les sujets, et régler les problèmes. Ce qu'on s'est dit ? On s'est envoyé quelques missiles, mais c'est normal. Dans un vestiaire, il faut de temps en temps s'envoyer quelques rafles. Maintenant, en parler, c'est bien, mais si on ne corrige pas les choses...  Avec l'adversaire (l'Espagne) de samedi, l'addition peut être salée.»

L'EQUIPE

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