A 26 ans, Papis Cissé a su allier son talent et sa force de travail pour exploser aujourd’hui à la face du monde. A Newcastle, c’est désormais : foot, Papiss and love. Avec EnQuête, ceux qui l’ont connu reviennent sur le parcours de cet enfant de la balle, nouvelle coqueluche de la Premier League.

 

En foot, les légendes s’édifient par le biais de coups géniaux, et/ou d’exploits retentissants. Désormais, Papis Cissé peut s’enorgueillir de répondre à ces critères qui voient un joueur laisser son nom dans les annales et vidéothèques du foot. Son deuxième but contre Chelsea mardi n’a pas encore fini de faire le tour du monde en attendant que les chercheurs en physique trouvent la solution sur sa frappe à la trajectoire incroyable. Mais l’attaquant sénégalais n’a pas fait que s’offrir un bijou dans l’éclatant Stanford Bridge, il a en profité pour écrire son nom en lettres d’or dans le livre d’histoire de la Premier League. Non content d’avoir déjà effacé un monstre, Antony Yeboah, en devenant le premier Africain à avoir marqué plus de 20 buts en Allemagne, Cissé s’est "attaqué" à la légende Allan Shearer. En marquant 12 buts en 13 matches, le buteur sénégalais a effacé "l’immortel" qui s’était arrêté à 12 buts en 12 matches. Mais qu’est-ce qui explique la formidable réussite de Papiss Cissé encore inconnu du gratin européen il y a un an ? Le secret, selon ceux qui l’ont beaucoup côtoyé, tient en ces mots : l’amour du foot et le travail.

 

 

Le petit prince de Sédhiou

 

 

Au cœur de Sedhiou se trouve le grand quartier Jules Counda, l’un des plus grands de la commune. C’est ici que Papiss Cissé a grandi. Trouvé confortablement assis sur son siège au milieu de sa cour, entouré de quelques amis qui parlent du dernier match de son fils, Papiss, Omar Cissé est fier d’évoquer la trajectoire de son petit. "Il a grandi en jouant au ballon dans cette rue qui fait face à ma porte, mais Dieu sait que je voulais qu’il étudie à l’école pour devenir un grand intellectuel dans l’administration sénégalaise. Mais l’école ne l’a jamais préoccupé, la seule chose qui l’intéressait depuis qu’il a commencé à marcher, c’est le football", raconte Omar fier aujourd’hui d’être le papa d’un enfant qui fait parler de lui dans le monde entier. Le pater, assis à côté de sa voiture 4X4, cadeau du fils, confie : "Quand je me suis aperçu qu’il ne voulait plus de l’école, je l’ai retiré des bancs pour lui donner une autre chance. Je l’ai confié à un ami menuisier, puis à un autre ami chauffeur pour qu’il apprenne à conduire, mais il persistait dans volonté de faire du foot". Pour Omar, le foot n’est pas un métier et il ne veut pas en entendre parler. Papiss, dont la mère est séparée du père quand il était enfant, est soutenu par sa tante paternelle Aramata Cissé. "C’est moi qu’il connait, témoigne la tante, et je l’ai toujours élevé comme mon propre fils. Mais à l’inverse de son père qui voulait qu’il étudie, quand il venait se confier à moi affectueusement, je l’encourageais à toujours mieux faire dans le football, car il avait la conviction qu’il allait réussir". Non loin de la demeure familiale se trouve celle du premier coach de Papis Demba Cissé. Pour Thierno Idriss Diallo, plus connu sous le pseudonyme de Tonnerre, Papis est né footballeur. "Très jeune, il a aimé le football. Il venait chercher le ballon dans ma chambre à 15h pour jouer avec ses camarades et quand il perdait un match, il pleurait. Plus le temps passait, plus son talent s’affirmait, car il en voulait toujours plus."

 

 

Yoro Diallo, son ami d‘enfance trouvé dans son magasin de commerce de noix d’anacarde, aime parler de la trajectoire de Papis. Lui a tout partagé avec Papiss Cissé : quartier, chambre, équipe de navétane, école de foot, mais celui que l’on surnomme Titi Yoro pour son amour du ballon rond n’a pas eu la même chance que Papiss. "Nous avions tous du talent, mais lui avait plus de volonté que nous, il ne voulait parler que de ballon alors que nous, quelque fois, étions préoccupés à aller nous amuser dans les boites de nuit. Lui n‘aimait pas cela".

 

 

Renard : "Mentalité allemande…"

 

 

"Je travaille très dur chaque jour pour me maintenir à ce niveau, confiait Papiss Cissé en janvier dernier. Avant chaque match, je ne cesse de penser que j'aurai une ou deux occasions. La concentration est fondamentale." L’enfant Sedhiou n’a de cesse de chercher à progresser dans ce qu’il aime le plus au monde. Hervé Renard, sélectionneur champion d’Afrique en titre avec la Zambie, est un fan de Cissé et ne le cache point. "C’est un joueur enthousiaste, fantastique. Il ne rechigne jamais à la tâche, témoigne le technicien qui l’a eu sous ses ordres à Cherbourg (2005-2006). Avec Papiss, c’est un plaisir d’entraîner". Compatriote et ancien coéquipier de Papiss Cissé à Metz, Pape Malick Diop aussi de belles à raconter sur celui a été son colocataire en Lorraine. "Dans le groupe de Metz, il n’y avait que des gosses talentueux comme Babacar Guèye, Momar Ndiaye, Chekh Guèye, Dino Djiba, et bien sûr Papiss, se souvient l’ancien capitaine des Lions. Papiss je lui disais déjà qu’il avait sa place en Espagne ou en Angleterre, tellement il était talentueux." Mais pas que… "J’ai toujours dit que pour être au top et avoir une bonne carrière, il faut avoir une bonne hygiène de vie d’abord, et travailler dur ensuite. Ça c’est Papiss, jure Pape Malick Diop". Son goût du travail, est reconnu également par Hervé Renard qui croit que la meilleure chose qui soit arrivé à l’attaquant sénégalais, c’est d’être allé en Allemagne. "Sa façon de travailler est en adéquation avec la mentalité allemande. Je ne suis pas étonné, qu’il ait explosé dès son arrivée". Papiss Cissé, qui n’arrête pas d’enfiler les buts depuis son arrivée en Angleterre montre ses talent de renard de surface à la face de l’Europe et du monde. "C'est un joueur de surface à l'état brut. C'est un tueur face au but", le décrit élogieusement son ancien entraîneur à Metz, Francis de Taddeo. En plus d’avoir "l’adresse de David Trezeguet, il est plus mobile et plus intéressant dans ses déplacement que le buteur français", analyse Hervé Renard. A-t-il atteint la plénitude comme avant-centre ? Renard a du mal à répondre à cela. "Son ration match/but est là pour le faire", lâche-t-il. De son côté Pape Malick Diop qui est resté en contact avec lui n’hésite pas à lui faire un débriefing après chaque match. "Je ne parle pas de ce qui est bien, que de ce qu’il faut améliorer. D’ailleurs Papiss me dit souvent : «grand, t’es sévère». Mais je pense qu’il faut toujours chercher l’excellence, c’est comme cela qu’on reste toujours bon". Une devise que Papiss semble faire sienne pour aller encore plus loin…

 

 

"Le plus beau but de ma carrière"

 

 

Mercredi soir à Stamford Bridge, Newcastle est venu à bout de Chelsea (2-0) lors de la 34e journée de Premier League. Grand artisan du succès des Magpies, Papiss Cissé a signé un nouveau doublé (17e et 90e+3) dont une seconde réalisation sur une magnifique demi-volée excentrée. Dans les colonnes de The Shields Gazette, l’international est revenu sur ce but, le plus beau de sa carrière de ses propres mots : "C’était un but incroyable. C’est le plus beau de ma carrière. Je suis si heureux de l’avoir inscrit. Je suis venu en Premier League pour montrer mes qualités et tout se passe bien. Nous espérons jouer la Ligue des champions et nous continuerons à travailler dur pour cela."

 

 

REPÈRES

 

PAPISS DEMBA CISSÉ

Né le 03 Juin 1985 à Dakar (Sénégal)

TAILLE : 1,83

POIDS : 73 kg

POSTE : attaquant

 

Clubs successifs

 

AS Douanes, Sénégal (2003-2004)

FC Metz, France (2004-janv 2010)

Prêt : AS Cherbourg, France (2005-2006)

Prêt : Châteauroux, France (2007-2008)

SC Fribourg, Allemagne (janv 2010-janv 2012)

Newcastle, Angleterre (janv 2010-…)

 

PALMARES

 

Champion de la Ligue 2 en 2007 (Metz)

 

 

NDIASSE SAMBE &

LAMINE BÂ (correspondant à Sédhiou)