Publié le 13 May 2019 - 20:13
FOOT - PREMIER LEAGUE

Manchester City à la folie

 

Brillants vainqueurs à Brighton (1-4) dimanche, les Citizens ont validé leur quatrième titre des années 2010 et conservé leur couronne de champion d'Angleterre. Pour autant, ce succès est à regarder avec l'ampleur qu'il mérite : rarement la Premier League n'avait connu bataille aussi étouffante.

 

Vincent Kompany n’avait pas attendu le printemps 2019 pour dévoiler ses intentions. Non, la promesse avait été lâchée il y a un peu plus d’un an, quelques heures à peine après le troisième titre de champion d’Angleterre de la carrière de l’icône du coin. Son rêve était alors le suivant : voir Manchester City réussir le premier back-to-back depuis 2009, année où le voisin de United s’était envoyé une troisième couronne nationale de suite.

Pep Guardiola, lui, avait préféré masquer ses souhaits et se contentait même jusqu’à vendredi de savourer ce qui n’était alors qu’une hypothèse : « Honnêtement, je ne m’attendais pas à en être là alors que cet hiver, nous avions sept points de retard sur Liverpool. C’est un rêve d’être dans cette position, à une victoire du titre... Maintenant, on le sait, tout peut arriver : une erreur, un exploit, une faute d’arbitrage. Mais si on gagne, on sera champions. Alors, pourquoi s’occuperait-on de ce qui se passe ailleurs ? » Dimanche, à Brighton, le Catalan n’a d’ailleurs pas emmené de radio sur son banc et cela avait un sens : ses joueurs n’avaient qu’à faire le boulot, point. Résultat ? Les voilà ce soir avec un nouveau titre de champion dans les poches et une opportunité encore plus belle : en cas de victoire samedi prochain en finale de la FA Cup face à Watford, Guardiola deviendra le premier entraîneur de l’histoire du foot anglais à remporter un triplé national (Premier League, FA Cup, League Cup). Mais qui peut arrêter ce City ?

Label exception

Ce soir, c’est justement la question, au terme d’une saison qui aura vu le club de Manchester se dépouiller pour avaler son retard sur les Reds au cours de l’hiver, boucler la saison sur une série de quatorze succès consécutifs et surtout écarter un dauphin majestueux : le Liverpool de Klopp, à qui City aura infligé sa seule défaite de l’année en championnat début janvier lors d’une rencontre qui aurait pu basculer pour dix millimètres, et qui termine cet exercice dans le jamais-vu. Simple : cette équipe est la première de l’histoire à ne pas choper de médaille d’or avec autant de victoires (30), de points (97) et une seule petite défaite. Dimanche, les Reds avaient encore l’opportunité de dépasser les Citizens sur le fil et ils l’auront fait durant 21 minutes, soit entre l’ouverture du score de Sadio Mané (17e) et le but d’Aymeric Laporte à Brighton (38e), venu remettre à l’endroit un Manchester City pourtant mené au score. Ce scénario donne une ampleur quasi inédite au titre décroché par la bande de Guardiola et on se demande désormais comment cette équipe pourrait s’arrêter de gagner.

Quelles limites ?

Le prochain défi est là : maintenir cette domination totale, ce sur quoi Guardiola travaille déjà, lui qui a annoncé cette semaine que son équipe serait encore « plus forte » la saison prochaine. On a envie de le croire, évidemment, mais le Catalan, qui vient de décrocher son huitième titre de champion en dix ans, sait aussi que ses propriétaires l’attendent désormais sur la Ligue des champions, d’où il a été mis à la porte par Tottenham au bout de la folie lors des quarts de finale cette saison. Invité avant le déplacement à Brighton, d’où ses hommes sont finalement repartis avec une nouvelle démonstration de force (1-4), à s’exprimer sur le sujet, Pep Guardiola n’a pas caché connaître la réalité du foot moderne : « Je sais sur quels critères on est jugés. Pour gagner le respect, il faut gagner. On l’a vu en Ligue des champions : lorsque vous êtes éliminés, tout le monde détruit votre équipe, tout le monde détruit son entraîneur, tout le monde détruit le club... »

Il ne faut pourtant pas oublier de quel City on parle : d’une équipe qui a quasiment tout gagné cette saison, qui vient de rentrer une saison à 95 buts et qui a peut-être encore grimpé d’un cran dans sa maîtrise des événements sur la scène nationale. Demain, elle devra probablement s’armer un peu plus encore défensivement - notamment pour ses quêtes européennes - mais pourrait aussi encore un peu plus creuser un fossé avec ses concurrents, notamment son ennemi Manchester United. Un chiffre pour préparer l’avenir : Manchester City a marqué plus de buts sur les deux dernières saisons (201) que Manchester United sur les trois précédentes (187). Une autre question pour le futur : et si City devenait pour de bon le Liverpool des années 1980, celui qui avait remporté sept titres entre 1980 et 1990 ? Il n’y a aucune limite pour l’exception.

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