Publié le 10 Apr 2013 - 01:22
FOOT - SALAM LAM, SUR L'ÉLIMINATION PRÉCOCE DES SÉNÉGALAIS EN COUPES AFRICAINES

''Nos équipes s'appauvrissent en joueurs d'expérience et de qualité''

 

 

Après l'ASC HLM, éliminée en 32e de finale de la Coupe de la CAF, le Casa Sport a été sorti par le Stade Malien au second tour des préliminaires de la Ligue des champions. Un énième triste bilan pour le football sénégalais qui ne parvient plus à hisser un club en phase de poules des Coupes africaines depuis bientôt dix ans. Selon le technicien et ancien entraîneur de l'Us Ouakam, Abou Salam Lam, ces échecs sont dus au manque d'infrastructures, de bonnes préparations et de moyens qui ne permet plus de garder les meilleurs joueurs.

 

 

Pourquoi les clubs sénégalais ne parviennent plus à atteindre les phases de poules des Coupes africaines ?

 

C'est dû à plusieurs paramètres. D'un côté, c'est lié à la qualité de l'équipe qui y participe. Souvent, nous sous-estimons les équipes contre lesquelles nous jouons, parce que c'est la Gambie, le Mali... Donc, les gens ne se rendent pas compte que ces équipes nous ont dépassés depuis fort longtemps, notamment du point de vue des infrastructures, des moyens, même de la compétitivité, c'est-à-dire sur la régularité de leurs championnat. Si je prends l'exemple de la Gambie, ses équipes se qualifient souvent parce que leurs infrastructures et la qualité de leurs joueurs sont différentes de celles des équipes sénégalaises. Les clubs sénégalais sont dépourvus de moyens et nous n'avons pas les infrastructures qu'il faut. Le défaut de moyens fait que les équipes n'arrivent pas à maintenir leurs meilleurs joueurs pendant un certain nombre d'années comme le font les Maliens. Chez nous, les bons joueurs s'exilent très vite.

 

Cette année, le Casa Sport, récemment éliminé en 16e de finale de la Ligue des champions, a perdu trois joueurs majeurs. Est-ce que cela a beaucoup pesé ?

 

Oui ! L'année dernière, l'Us Oukam (champion du Sénégal 2011) avait perdu Baye Oumar Niass (attaquant considéré comme son meilleur joueur). Donc, chaque année, le champion du Sénégal perd ses joueurs cadres, ce qui affaiblit l'équipe, surtout pour les compétitions africaines. Ça, c'est un aspect dont je vous parlais, c'est-à-dire la qualité des joueurs. D'autre part, ce sont les moyens financiers du club. Les infrastructures, le cadre de travail font que si vous comparez les équipes sénégalaises aux équipes maliennes, et même guinéennes... celles-ci sont capables de prendre des entraîneurs étrangers comme Amara Traoré (ancien sélectionneur des Lions et actuel coach de l'As Kaloum). Au Sénégal, aucun club n'est capable de prendre un entraîneur ou un joueur étranger pour renforcer son effectif. Donc, si vous n'avez de terrain, ni de moyens ou si vous ne jouez pas dans des compétitions régulières... C'est vrai que depuis la saison dernière, on revient dans la régularité de la compétition... Parfois, les coupes d'Afrique commencent au moment où les clubs sénégalais n'entament pas leurs compétitions. Donc, si vous engagez avec moins de compétitions dans les jambes, on vous élimine logiquement. Mais ça commence à venir, c'est-à-dire qu'on parvient à cadrer notre calendrier à celui africain.

 

Donc, le manque de moyens qui ne permet de recruter des joueurs dans la sous-région expliquerait ces échecs répétitifs ?

 

Il faudra arriver à maintenir les joueurs cadres sénégalais pendant un certain nombre d'années pour qu'ils puissent acquérir un peu d'expérience : des joueurs comme Stéphane Badji (ancien capitaine du Casa Sport), le Goréen, meilleur buteur de la saison dernière (Alassane Diallo), l'ancien défenseur de Niary Tally, Ass Mandaw Sy. Malheureusement, les garçons qui sortent du lot dans notre championnat partent aussitôt après l'exercice en cours. Donc, nos équipes s'appauvrissent en joueurs d'expérience et de qualité. En plus, on ne parvient pas à renforcer certains secteurs avec des joueurs qu'on ne trouve pas au Sénégal, c'est-à-dire deux bons attaquants, autant de milieux et de défenseurs... On perd nos joueurs sans pouvoir les remplacer par d'autres. Aucune équipe sénégalaise n'a la dimension de la compétition africaine sur le plan des infrastructures. En dehors de Diambars et de Dakar Sacré-cœur, les autres équipes se débattent sur le néant. Les années passées, il faut relever la manque de compétitions, mais depuis deux saisons, ça se devient régulier. Il y a aussi l'expérience des dirigeants par rapport à la compétition africaine et le problème de la préparation. Aucune équipe n'est dans les conditions de préparation adéquate. Vous vous rappelez, la Jeanne d'Arc était allée se préparer en France pour l'Afrique, du temps du président feu Oumar Seck. Cette JA a disputé une demi-finale de Ligue des champions (2004). Ce sont des trucs qu'on ne voit plus maintenant.

 

ADAMA COLY

 

 

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