Publié le 17 Jul 2018 - 17:47
FOOT - SALIOU BEAU TOURE SUR LA COUPE DU MONDE 2018

‘’Le tiki-taka, on peut dire que c’est fini’’

 

La 21e édition de la Coupe du monde a pris fin ce dimanche, avec la victoire de la France qui a battu en finale la Croatie (4-2). Selon le coach du Dakar Université Club (Duc), Saliou Beau Touré, la tactique de la France axée sur le regroupement défensif et des contre-attaques rapides a fait la différence.

 

La France vient de remporter la 21e édition de la Coupe du monde en Russie. Peut-on dire finalement que c’est le meilleur qui a gagné ?

C’est le meilleur qui a gagné. La France a dominé cette Coupe du monde tactiquement. On disait le beau football, c’est vrai, mais il ne faut pas oublier que la finalité, c’est d’inscrire des buts et de ne pas en prendre. Les Français l’ont compris. En plus, ils ont marqué dans tous leurs matches (sauf contre le Danemark (0-0, ndlr). C’est vrai qu’ils n’ont pas produit du beau jeu mais l’essentiel a été fait. L’équipe la mieux structurée a gagné la coupe. Quand on réussit une compétition, c’est qu’on a gagné.

Les équipes qui ont opté pour une solidité défensive ont souvent pris le dessus dans ce Mondial…

Le football actuel, c’est la vitesse. Quand la France rencontre des équipes joueuses, elle ne se presse pas. Elle laisse l’adversaire jouer pour placer des contres parce qu’elle a des joueurs très rapides sur les côtés, comme Mbappé, Griezmann... ils ont vraiment réussi leur coup.

Cela voudrait-il dire la fin du règne de la possession de balle ?

On peut le dire. C’est un football que les gens commencent à maîtriser. Dans le football, défendre est plus facile qu’attaquer. Quand on a la possession en jouant sur la largeur, on est plus facile à gérer. Quand on regarde, dimanche, la Croatie a joué sur la largeur. C’est le jeu espagnol, à toi à moi. Actuellement, si on veut gagner, il faut jouer dans la profondeur. Le tiki-taka, on peut dire que c’est fini. Quand tu tiens le ballon, tu es obligé de donner à gauche, à droite. Ce n’est pas rapide.

Dans ce Mondial, il y a eu beaucoup de surprises avec l’élimination de grands ténors du football, comme l’Allemagne, l’Espagne, entre autres. Qu’est-ce qui explique leur déroute ?

Quand on prend le football espagnol qui consiste à garder le ballon, elle permet à l’équipe adverse de revenir en défense. C’est ce jeu que Guardiola a amené en Allemagne lors de son passage au Bayern Munich. Les Allemands, auparavant, gagnaient sur des tirs à distance, un football à trois passes qui va devant. Actuellement, l’Allemagne a changé son jeu. Les autres l’ont compris. Ils se disent qu’il faut avoir une bonne défense et un grand gardien de buts. Dans ce cas, on ne prend pas beaucoup de buts. Actuellement, c’est un autre football et non le tiki-taka.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette Coupe du monde ?

Les jeunes comme Mbappé se sont illustrés. Même notre arrière droit Moussa Wagué, le capitaine anglais Harry Kane, ont tiré leur épingle du jeu. Ce sont des joueurs qui se vendent. C’est important dans une compétition. Aujourd’hui, on peut dire que c’est la jeunesse qui a gagné avec la France qui a un groupe très jeune. Il y a également l’Angleterre, la Belgique. 

Les 5 représentants de l’Afrique n’ont pas pu dépasser le premier tour. Qu’est-ce qui leur a fait défaut ?

C’est un problème de niveau. On a des joueurs qui évoluent dans des clubs en Europe mais c’est rare de voir, dans le 11 aligné, 5 éléments qui sont dans de grands clubs. Par contre, dans les équipes européennes, c’est des joueurs qui jouent les grands rôles dans les championnats. Les nôtres sont dans des clubs moyens. Mais ce qui m’a surpris, c’est que tous ces pays soient éliminés au premier tour. Le Sénégal surtout avait une place en huitième de finale. On ne pouvait peut-être pas aller jusqu’en finale, néanmoins on avait la possibilité d’aller au second tour.

Il y a les équipes sud-américaines qui ont été balayées par celles de l’Europe. Qu’est-ce qui explique cela ?

La plupart du temps, quand les équipes sud-américaines gagnent la Coupe du monde, c’est dans leur zone ou en Asie. C’est très rare de voir les Sud-Américains venir remporter la Coupe du monde en Europe. C’est parce que le football européen a un niveau supérieur.

Cette 21e édition a battu le record de buts contre son camp (11 en 64 matches). Comment analysez-vous ce fait ?

C’est normal parce qu’on a vu dans cette Coupe du monde de nombreuses équipes se regrouper derrière. Lorsqu’il y a beaucoup de joueurs dans les 18 mètres, quand on touche le ballon, il peut se retrouver au fond des filets. Le football actuellement est très tactique. Défensivement, les équipes se sont renforcées.

LOUIS GEORGES DAITTA

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