Publié le 5 Apr 2024 - 20:29
FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT

Veillée d’armes au cœur de la République

 

Alors que le Sénégal se prépare à l’annonce du premier gouvernement de l’ère Bassirou Diomaye Faye, les supputations vont bon train. Les citoyens sont impatients d’être édifiés sur l’identité de ceux et celles qui vont travailler avec Ousmane Sonko dans le nouveau gouvernement. La liste est attendue pour aujourd’hui.

 

Depuis la nomination du Premier ministre Ousmane Sonko, des listes des membres du nouveau gouvernement composé de 23 ou 25 ministres inondent les réseaux sociaux.

Une information rapidement démentie par une partie de la presse relevant que ‘’la liste du nouveau gouvernement sénégalais est fausse ! Seul le Premier ministre a été nommé, en l’occurrence Ousmane Sonko qui rendra public son gouvernement au cours des prochains heures ou jours’’.

Les Sénégalais, quant à eux, souhaitent voir des hommes et des femmes intègres, compétents et conscients des attentes des populations intégrer ce nouveau gouvernement. La réduction du coût de la vie, la création d’emplois, l’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité... résument à peu de choses près les principales revendications actuelles des Sénégalais.

Le président nouvellement élu avait annoncé les couleurs de son gouvernement. ‘’Il sera composé d’hommes et de femmes de valeur et de vertu, a esquissé Bassirou Diomaye Faye. De Sénégalaises et de Sénégalais, de l’intérieur et de la diaspora, connus pour leur compétence, leur intégrité et leur patriotisme’’, disait-il.  

Ainsi, pour ce premier gouvernement, le président Diomaye Faye a instruit son Premier ministre de retourner aux fondamentaux, avec des enquêtes de moralité. À l’heure actuelle, aucun nom n’a fuité. Ousmane Sonko et son équipe travaillent discrètement pour proposer la nouvelle équipe, ce vendredi 5 avril 2024.

Moustapha Guirassy : ‘’Ce qui doit être le défi du prochain gouvernement…’’

Toutefois, ce qui ressort de cette ossature, c’est le projet qu’il a vendu aux Sénégalais. Il repose sur une rupture totale.  Un pouvoir Exécutif resserré avec un nombre de ministres raisonnable, c’est-à-dire à l’opposé de Wade et de Sall qui ont eu des gouvernements pléthoriques de 40 à 50 ministres. ‘’C’était la débandade. On avait des ministres conseillers, des ministres farfelus sous le magistère de ces deux présidents. Je ne pense pas que le duo Faye-Sonko va commettre les mêmes erreurs’’, confie le journaliste Mamadou Mbakhé Ndiaye.

Pour autant, Moustapha Guirassy, qui était le directeur de campagne de Bassirou Diomaye Faye, pense que le nombre importe peu. ‘’Ce qui doit être le défi du prochain gouvernement, c’est l’efficacité et la capacité à mettre en œuvre les projets’’, a déclaré le collaborateur du chef de l’État. ‘’La rationalisation ne veut pas dire la diminution de l’effectif. Nous devons aussi nous battre sur l’appellation des ministères’’, a-t-il ajouté lors d’une émission sur une télé de la place, le mercredi 3 avril 2024. 

Cette réponse a poussé le journaliste Babacar Fall à ironiser, en déclarant que ‘’le Pastef devra faire face à la dure réalité du pouvoir’’.

‘’La quête de la magistrature suprême se fait en vers, mais on gouverne en prose’’

Pour sa part, Mamadou Mbakhé Ndiaye cite Hilary Clinton, ancienne candidate malheureuse à l’élection présidentielle aux Etats-Unis en 2016 qui disait : ‘’La quête de la magistrature suprême (campagne électorale) se fait en vers, mais on gouverne en prose.’’

En effet, dit-il, ‘’l’étape des promesses est passée. Quelles que soient les modalités, Bassirou Diomaye est arrivé au pouvoir. Cette formation politique a suscité beaucoup d’espoir, à travers leur discours de rupture, d’éthique et d’intégrité. La formation du nouveau gouvernement sera à leur image et à l’attente des Sénégalais. Il y aura probablement des alliés dans l’attelage de ce gouvernement, comme Aminata Touré, Dr Abdourahmane Diouf ou Cheikh Tidiane Dièye. Ce dernier est un allié de taille et très lié à Ousmane Sonko. Sonko l’a déjà éprouvé, il est réputé intègre et très loyal à Ousmane Sonko. Je pense qu’il sera ministre. La nomination de Mary Teuw Niane montre déjà qu’ils (Pastef) ne vont pas gouverner seuls’’. 

C’est pourquoi, dans la logique de beaucoup de citoyens, il est clair qu'il va y avoir une équipe de technocrates sur mesure. ‘’Ils sont appelés à faire mieux que leurs prédécesseurs. Les jeunes n’accepteront pas un gouvernement pléthorique avec des charges onéreuses’’, lâche Moussa Fall, un habitant de Keur Massar qui a voté pour la coalition Diomaye-Président.  

Dans son programme, le candidat victorieux déclinait une gestion optimale de la chose publique. C’est dans cette logique qu’il a annoncé, lors de sa première sortie, la suppression de plusieurs institutions jugées budgétivores. "Nous nous engageons à supprimer les fonds politiques du président, le HCCT (Haut conseil des collectivités territoriales), le Cese (Conseil économique, social et environnemental), le HCDS (Haut conseil du dialogue social)", a-t-il annoncé. Cette mesure devrait permettre d’économiser des fonds considérables qui peuvent être réaffectés à des programmes et des services qui répondent directement aux besoins de la population.

Quelle place pour les alliés ?

L’autre énigme dans la formation de cette équipe gouvernementale, c’est la place des alliés qui ne sera pas négligeable. Le maintien d’Omar Samba Ba au poste de secrétaire général de la présidence et la nomination de Mary Teuw Niane comme directeur de cabinet ont eu un écho défavorable chez certains militants de la première heure, alors que d’autres restent plus modérés, estimant que le critère absolu doit être la compétence.

À ce propos, un diplomate, sous le coup de l’anonymat, confie : ‘’Le secrétaire général de la présidence a un rôle primordial. Il assiste le chef de l’État dans sa fonction de détermination et de conduite de la Nation. Il dispose, à cet effet, de services et commissions rattachés à la présidence. C’est lui qui en assure la coordination et le suivi, et assiste le Conseil des ministres. Alors que le rôle du directeur de cabinet est plutôt politique. Le SG est le bras armé de l’Administration. La preuve, actuellement, il n’y a pas de ministres, alors que les ministères continuent de fonctionner. C’est grâce aux SG qui sont les numéros deux. Ils sont la mémoire de l’Administration.’’  

Ainsi, à quelques heures de la formation du premier gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, les discussions sur sa composition se poursuivent, les attentes des Sénégalais restent élevées. Ils espèrent que le prochain gouvernement répondra à leurs besoins et aspirations, et qu'il travaillera en partenariat avec la population pour construire un avenir meilleur pour tous.

AMADOU CAMARA GUEYE

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