Publié le 23 Apr 2012 - 09:25
FRANCE - PRESIDENTIELLE

François Hollande devance Nicolas Sarkozy au premier tour

 

Le candidat socialiste arrive en tête avec 28,63 %, devant le président sortant Nicolas Sarkozy qui réunit 27,08 % des suffrages, à l’issue du premier tour de l'élection présidentielle. Marine Le Pen réalise un très bon score avec 18,01 %.

 

Le duel entre Nicolas Sarkozy et François Hollande aura bien lieu. Selon les résultats d’Ipsos, partenaire de FRANCE 24, le candidat socialiste arrive en tête à l’issue du premier tour qui s'est déroulé dimanche 22 avril, recueillant 28,63 % des suffrages. Il devance le président sortant, crédité de 27,08 % des voix. Les deux hommes s’affronteront donc pour le second tour, prévu dimanche 6 mai.

 

La candidate du Front national Marine Le Pen, qui récolte 18,01 % des suffrages, arrive en troisième position, loin devant le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon (11,13 %). Troisième homme en 2007, François Bayrou (MoDem) occupe la cinquième place avec 9,11 % des suffrages.

 

En queue de peloton, les candidats qui n'ont pas réussi à percer durant la campagne. La candidate écologiste Eva Joly (EELV) récolte 2,28 % des voix, suivie du candidat de Debout la République Nicolas Dupont-Aignan (1,8 %), du trostkiste Philippe Poutou (1,2 %), de la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (0,6 %) et enfin du candidat de Solidarité et progrès, Jacques Cheminade (0,2 %).

 

Au final, les Français se sont fortement mobilisés avec une participation atteignant 80,3 %. Un chiffre en baisse par rapport au taux de 83,77 % enregistré au premier tour de 2007 à la même heure. Parmi les quelque 19 % d’abstentionnistes, 32 % justifient leur choix en expliquant qu’"aucun candidat ne paraissait convaincant", 25 % "que le résultat ne change rien", et une même proportion pour "manifester son mécontentement" (chiffres Ipsos).

 

 

Un président sortant n’arrive pas en tête au 1er tour, une première

 

Ces résultats du premier tour confirment les tendances annoncées depuis plusieurs semaines par les différents instituts de sondage. La gauche se délecte de ce "scénario rose" qui place François Hollande devant Nicolas Sarkozy. D’autant que, pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, un président sortant n'arrive pas en tête à l'issue du premier tour.

 

"À partir de ce soir, je deviens le candidat du rassemblement pour le changement, le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre", a déclaré dimanche soir François Hollande à Tulle. À travers ce discours, le candidat socialiste montre que "la campagne pour le deuxième tour est déjà parti", estime sur FRANCE 24 Michèle Cotta, éditorialiste politique.

 

Dans le camp de l’UMP, il ne s’agit pas de s’avouer vaincu. Nicolas Sarkozy évoque un "vote de crise témoignant les angoisses" des Français. Le président sortant a proposé trois débats avant le second tour sur les sujets économiques et sociaux, sur les dossiers de société et sur les questions internationales. Mais son rival a immédiatement refusé, préférant se contenter d'un seul débat.

 

Le faible écart entre les deux candidats repose "les bases d’une nouvelle élection", estime Michèle Cotta. "La question est maintenant de savoir quelle sera la répartition des voix des électeurs de Marine Le Pen", poursuit-elle.

 

 

"La vague bleu marine qui fait trembler le système"

 

C’est bien la candidate FN qui a crée la surprise en rassemblant 18,5 % des suffrages et en devenant la troisième femme de cette élection. L’ambiance était à la fête du côté du Front national ce dimanche soir : La candidate s’est exprimée en se réjouissant de cette "vague bleu marine qui fait trembler le système". "Rien ne sera plus comme avant", a-t-elle ajouté avant de préciser qu’elle se prononcerait sur le report de voix le 1er mai.

 

Marine Le Pen réalise ainsi un meilleur score que son père Jean-Marie en 2002. Si la candidate du Front national "se voyait à 20 %" durant la campagne, elle ne se qualifie pas pour autant pour le second tour comme ce fut le cas de son père le 21 avril 2002. Mais elle peut se targuer de faire mieux en terme de voix (17 % en 2002). Elle efface ainsi l’échec de la présidentielle de 2007 (10,4 %) et obtient un résultat qui lui permettra surtout d'avoir droit au chapitre.

 

Les électeurs du FN, majoritairement des personnes actives âgées entre 25 et 44 ans (48 %), ont été séduits par les thèmes de l’immigration (61 %) et de l’insécurité (44 %). Selon un sondage Ipsos, 60 % des électeurs qui ont voté pour la candidate FN sont susceptibles de voter pour Sarkozy, contre 18 % pour Hollande.

 

De son côté, Jean Luc Mélenchon, véritable révélation de cette campagne, n’a pas atteint l'objectif qu'il s'était fixé de battre Marine Le Pen, mais a réussi à faire revivre la gauche radicale dans cette présidentielle. Dans un discours devant ses partisans à Paris, il a affirmé détenir "la clé du résultat final dans ses mains". S’il a appelé à se mobiliser contre "Sarkozy" le 6 mai, il s’est toutefois abstenu de prononcer le nom de François Hollande, contrairement à ses camarades communistes du Front de Gauche qui, telle Marie-George Buffet, ex-candidate à l’Élysée, s’est immédiatement ralliée au socialiste. Comme elle, une grande majorité de ses électeurs devraient naturellement reporter leurs voix sur le candidat Hollande (86 % selon un sondage Ipsos).

 

Autre candidate à gauche de l’échiquier, Eva Joly, qui a réalisé une mauvaise campagne et un très faible score, a donné la même consigne de vote, à l'instar de Philippe Poutou qui appelle à "dégager Sarkozy le 6 mai".

 

Pour sa part, le centriste François Bayrou a subi un troisième échec dans son combat contre la bipolarisation. "S’il a axé sa campagne sur les critiques envers les deux principaux candidats, on peut vraiment dire qu’il est resté au milieu de la rivière", commente Michèle Cotta. "Mais c’est bien la première fois qu’avec si peu de voix, il puisse encore jouer le rôle d’arbitre au second tour". François Bayrou prendra ses responsabilités pour le second tour dans les prochains jours, après s’être adressé à Hollande et Sarkozy. Le report des voix devrait se répartir équitablement entre les deux finalistes (32 % pour Hollande contre 32% pour Sarkozy, selon Ipsos). Restera 30 % d’indécis.

 

 

Le second tour, un référendum sur le président Sarkozy

 

Ce dimanche, beaucoup d’électeurs interrogés par FRANCE24.com craignaient de retrouver Hollande et Sarkozy pour le second tour : "Les deux favoris, c’est blanc bonnet et bonnet blanc", commente Denis, 42 ans, qui prévoit déjà de voter "à contrecœur" dans quinze jours. Pour sa part, Étienne, 19 ans, fera tout pour éviter la gauche. Cet étudiant en droit profite de sa toute récente citoyenneté pour sanctionner la gauche et donner sa voix au candidat "de la rigueur et de la sécurité", même si "jusqu’au dernier moment, il a hésité dans l’isoloir".

 

"Je trouve les gauchistes trop laxistes ; ils se présentent comme les défenseurs des opprimés mais s’ils passent, la classe moyenne sera matraquée ; on aura moins de liberté, moins de pouvoir d’achat. La gauche cherche toujours des raisons pour expliquer la violence des pauvres mecs des cités, toujours des excuses mais pas de solutions. J’ai eu plusieurs altercations ces dernières années et le hasard a voulu que c’étaient toujours des racailles, des mecs des cités issus de l’immigration."

 

Pour d’autres, le second tour fera office de référendum sur le président sortant Nicolas Sarkozy, plus qu’un vote sur les programmes des dix candidats. C’est le cas de Kamel Kermani, qui critique allègrement le bilan du président sortant.”Je n’aime pas sa personnalité, il est anti-musulman. Il est malhonnête et ne propose que des mesures vides de sens. Nous ne savions pas quel président il serait, maintenant qu’on sait, je veux absolument voter contre lui”.

 

Selon un sondage Ipsos, François Hollande l’emporterait avec 54 % des voix contre 46 % pour le président sortant.

 

france24

 

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