Publié le 18 Apr 2019 - 20:32
FUSION ENTRE LA POLICE ET LA GENDARMERIE

Une décision sans intérêt, selon l’ancien militaire Mao Fall

 

Le commissaire Tabara Ndiaye, porte-parole de la police nationale, a révélé, dans la première quinzaine du mois de mars, qu’une réflexion sur une éventuelle fusion entre la gendarmerie et la police est en cours. Cependant, le militaire démissionnaire, Abdoulaye Fall Mao, n’y voit aucun intérêt, affirmant que depuis 1963, la gendarmerie travaille sans la police.

 

La gendarmerie et la police nationale pourraient-elles constituer un seul corps, dans les années à venir, comme c’est le cas dans les pays anglophones ? L’idée suit son chemin, depuis que le commissaire Tabara Ndiaye, porte-parole de la police nationale, en a parlé lors d’une émission radiophonique, il y a quelques semaines. ‘’Des réflexions sur le projet de fusion sont en train d’être menées par les autorités en charge de la question. On espère bien qu’il y aura fusion d’ici peu’’, disait-elle.

Mais cette idée n’agrée pas Abdoulaye Fall Mao qui est d’avis que cette décision est ‘’très loin’’ d’être pertinente. Selon l’ancien militaire qui a passé 12 ans sous les couleurs de l’armée sénégalaise, les deux corps peuvent continuer à travailler séparément. Même s’ils ont des missions similaires, mais non identiques. Pour étayer son propos, il convoque les décrets et lois qui régissent le fonctionnement des deux corps.

‘’En 1963, il y a eu le décret n°63-294 du 11 mai organisant la gendarmerie nationale. Elle est devenue, en même temps, une partie intégrante des forces armées. En 1968, le décret n°68-929 du 28 août réorganisant la gendarmerie réaffirme son appartenance aux forces armées sénégalaises. Pour la police, c’est le décret n°63-293 du 11 mai 1963 qui a fixé le régime commun des concours prévus pour l’admission des fonctionnaires, avec la loi n°66-07 du 18 janvier 1966 relative au statut du personnel des forces de police (…)’’.

‘’La police et la gendarmerie, poursuit-il, ont des compétences géographiques différentes. La fusion peut passer, si l’autorité le décide vraiment. Mais je n’y vois aucun intérêt’’, confie-t-il à ‘’EnQuête’’. Poursuivant son argumentaire, Abdoulaye Fall Mao affirme que les deux corps jouent pleinement leurs rôles et que la gendarmerie reste toujours cette ‘’force de police à statut militaire non subordonnée au commandement’’.

Aussi, l’ancien pensionnaire du bataillon des commandos rappelle-t-il qu’avant l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, c’était le détachement de ‘’Petits groupes’’ de la Garde républicaine française qui, vers les années 1843-1915, assurait les missions d’honneur et de sécurité.

‘’Les devises ont réglé la question de la fusion’’

Egalement, Abdoulaye Fall Mao fait remarquer que le projet de fusion entre la gendarmerie et la police a déjà été résolu par leurs devises. ‘’Honneur et patrie’’ pour la gendarmerie et ‘’Dans l’honneur au service de la loi’’ pour la police. Deux devises différentes au sens étymologique et qui définissent les principes de légalité dans lesquels doivent évoluer les ‘’hommes de tenue’’. C’est pourquoi, l’ex-élément du bataillon des blindés demande que chacune des forces puisse évoluer dans son domaine et sa zone de compétence respectifs.

 ‘’Les deux corps ont des similitudes. Outre de fortes ressemblances concernant les unités spécialisées, la police et la gendarmerie doivent continuer à travailler séparément’’, préconise Abdoulaye Fall Mao. Qui campe toujours sur sa position. Celle de voir policiers et gendarmes sénégalais assurer leurs missions régaliennes (la sécurité des personnes et des biens), en sortant tôt le matin et toutes les nuits dans les compagnies, brigades territoriales, mais aussi dans les commissariats ou encore les postes de police.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

 

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