Publié le 15 Dec 2016 - 14:01
GALLO TALL SUR ISSA MBAYE SAMB

‘‘S’il est vrai qu’il est victime de maraboutage...’’

 

Il y a sept ans, jour pour jour, le 15 décembre 2009, disparaissait Issa Mbaye Samb. Ancien ministre de la Santé, et des Sports sous le régime d’Abdoulaye Wade, son décès est toujours regretté dans les rangs du Pds. Son compagnon politique, conseiller municipal à Kébémer et membre du comité directeur du Pds, Gallo Tall, revient brièvement sur les derniers instants du ‘‘sympathique’’ ministre.

 

Il y a beaucoup de commentaires sur le décès d’Issa Mbaye Samb. En tant que proche collaborateur politique vous en dites quoi ?

Issa avait l’habitude de dire ceci : ‘‘Si je n’arrive pas à entrer au Paradis grâce à mon poste politique, que le Bon Dieu me retire tout pouvoir.’’ C’était philosophique, tellement profond, plein d’enseignements. Il aidait beaucoup de personnes dans sa politique sociale. Il n’était dans aucune tendance au sein du PDS. Il a non seulement été victime de sa générosité mais aussi de sa  simplicité. Il est recommandé qu’on reste soi-même quand on a des fonctions, mais il était trop simple (il se répète plusieurs fois).

Il pouvait boire du thé, n’importe où avec n’importe qui. Il suffit de le croiser de l’inviter et il vient aussitôt. La thèse du maraboutage, on en parle, mais je ne peux m’avancer plus sur le sujet. Ce que je sais est que son comportement est celui d’un élu au Paradis. La portée de ses actions m’est réellement parvenue dans les témoignages après son décès, lors de la cérémonie du troisième jour. Il lui aurait été difficile de vivre longtemps. Dieu Seul sait, mais s’il était là, la défaite de 2012 n’aurait pas eu lieu.

J’étais tellement proche de lui que quand mon ami, Chérif Moulaye Aidara, m’a appelé pour me dire : ‘‘Gallo, le grand est parti’’, je lui ai répondu : ‘‘Quel grand ?’’ Il m’a rétorqué : ‘‘Issa Mbaye Samb’’. J’ai tellement été abasourdi que je lui ai demandé de quel Issa Mbaye Samb il parlait. Sa mort m’a tellement secoué. Médicalement, il allait mieux mais bon, nous sommes en Afrique. S’il est vrai qu’il est victime de maraboutage, je plains l’auteur.

En quoi était-il si apprécié ?

Issa était quelqu’un de vraiment exceptionnel. Il n’était pas parfait c’est vrai, mais il était presque unique en son genre. Il était tellement altruiste que quand il offrait de l’argent, il fallait s’en aller tout de suite. Parce qu’il risquait de reprendre la même somme et l’offrir à quelqu’un d’autre qui le lui demandait. Son altruisme est légendaire. C’était quelqu’un de très engagé politiquement. Il lui arrivait de venir me prendre pour me demander d’aller convaincre les plus farouches opposants à Abdoulaye Wade à Kébémer. Son humilité fait que quand on mangeait de la bouillie quelque part, il en faisait de même. Il était très simple. (Il se répète). Beaucoup de ministres ont voulu copier son comportement, sa démarche, mais ils n’y arrivaient pas car Issa ne se forçait pas à être naturel.

Il était naturellement simple. Il allait au chevet des malades restait dans les couloirs comme visiteur et beaucoup de gens ignorait que c’était le ministre qui était là. Un jour il m’a demandé ce que je voulais faire. A Kébémer, je faisais partie des jeunes en qui il avait confiance. C’était lui qui m’a inspiré dans l’amour que je ressens pour Abdoulaye Wade. Je pense être l’un des rares jeunes libéraux qui sont régulièrement en contact avec sa maman. Je la considère comme mienne, c’est aussi une des identités remarquables de ma relation avec Issa.

Sa base politique est restée telle quelle. Que Dieu nous donne la force, moi ou un autre, de reconquérir cette base au profit de Karim Wade. Issa a fait la traversée du désert avec le président Wade. Il était son docteur, il est pharmacien de formation certes, mais en ces temps-là, il assurait ce rôle pour Me Wade et les calots bleus qu’il suivait dans les campagnes. C’était aussi quelqu’un d’extrêmement célèbre dans le mouvement sportif. C’était le seul responsable politique qui pouvait faire le tour du département sans être inquiété. Sa force politique, c’était cette sympathie naturelle qu’il dégageait. Une fois, son chauffeur a oublié de venir le reprendre à une réunion pour rentrer. Une fois sorti, il est allé prendre un taxi et n’a même pas songé à le réprimander. Il détestait mettre les gens mal à l’aise.

On reproche au Pds de l’avoir oublié...

Si nous étions au pouvoir jusqu’à présent, les choses allaient peut-être être plus visibles. Mais Dieu sait que sa base à Kébémer commémore l’anniversaire de son décès. A chaque approche de l’événement, on fait circuler l’information et on organise des séances de prières. Pour ma part, depuis qu’il est décédé, le nombre de jours que je suis resté sans prier pour lui est minime par rapport au nombre de jours que j’ai prié pour lui.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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