Publié le 19 Jan 2017 - 20:10
GAMBIE

Entre ballet diplomatique et solution militaire

 

Hier, Yahya Jammeh avait jusqu’à minuit pour quitter le pouvoir. Faute de quoi, les forces de la Cedeao allaient donner l’assaut. Jusque tard dans la nuit, le ballet diplomatique s’est poursuivi pour décanter la situation. Aujourd’hui, Adama Barrow devant prêter serment, que va-t-il advenir du président sortant ?

 

Le président Adama Barrow, dit-on, va prêter serment, ce 19 janvier, à 16h sur le territoire gambien. Hier dans la nuit, une colonne de véhicules de l’armée sénégalaise a été aperçue, un peu après minuit, se dirigeant vers l’aéroport de Dakar. Les véhicules transportaient du matériel logistique du génie militaire et de soutien médical. Ce matériel allait-il être acheminé en Gambie ? En tout cas, ce fait a rappelé les propos tenus un peu plus tôt par le Chef d’état-major de la force d’interposition de la Cedeao, le Colonel Seydou Maïga Moro. Qui s’est montré très clair sur les intentions de l’organisation sous-régionale. ‘’Si d’ici minuit rien n’est fait, conformément à la décision des chefs d’Etat de la Cedeao, nous engageons les hostilités’’. ‘’Toutes les troupes sont sur place. Toutes les forces de la Cedeao sont concernées. Principalement le Nigeria, le Sénégal, le Ghana, le Togo et le Mali.’’

 Conscient que l’ouverture des hostilités allait causer des pertes, l’officier a confié : ‘’A partir de la planification, nous savons à quoi nous aurons affaire’’. En effet, le Nigeria, en plus du navire de guerre, a envoyé 200 soldats se joindre aux troupes sénégalaises. En somme, 4 navires ont été mobilisés, a-t-on appris, un effectif de 800 soldats dont 70 commandos. En parallèle, le représentant sénégalais aux Nations unies a déposé, dans la journée, un projet de résolution devant le Conseil de Sécurité pour permettre à la Cedeao de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour assurer la passation de pouvoir.

A côté de ces dispositions, une dernière chance a été accordée à la solution politique. Dans ce sens, le nouveau ministre de la Communication de Yahya Jammeh a longuement rencontré, hier dans l’après-midi, les hommes du président élu Adama Barrow. Selon nos sources, une fois encore, le président sortant a tenté de manœuvrer pour rester au pouvoir. Mais ses vis-à-vis lui ont tenu un langage ferme : qu’il quitte le pouvoir. Ensuite, c’est le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a atterri à Banjul, avec l’ambition de parvenir à « une solution pour la crise ». Après avoir rencontré Jammeh, il a fait cap, la nuit, vers Dakar où il s’est longuement entretenu avec les présidents Macky Sall et Adama Barrow à l’aéroport Léopold Sédar Senghor.  Le président mauritanien a repris les airs vers 1h 30 mn du matin, laissant son hôte sénégalais et le président Barrow en tête-à-tête. L’entretien a pris fin un peu avant 2h du matin.  

Au moment où nous mettions sous presse, les troupes de la Cedeao, a-t-on appris, poursuivaient leur occupation du terrain. Sachant qu’en Gambie, les militaires sont profondément divisés. Avec d’un côté un haut-commandement dont les troupes sont sous équipées et marginalisées, depuis belle lurette. ‘’Donc, elles ne vont pas donner leur vie pour Jammeh’’. Et de l’autre, une garde présidentielle bien équipée, mais sujette, depuis quelque temps, à des dissensions, avec de nombreux chefs arrêtés et beaucoup de frustrations parmi les soldats. Nos interlocuteurs de souligner que le président Jammeh ne peut compter que sur une poignée de fidèles. Wait and see.

 

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