Publié le 22 Aug 2014 - 05:28
GARE ROUTIERE DES BAUX MARAICHERS

Entre espoir et complaintes

 

Les chauffeurs et les ‘’coxeurs’’ (rabatteurs) critiquent la situation qu’ils vivent dans cette nouvelle gare routière, au moment où certains clients affichent leur satisfaction. Reportage !

 

Dès l’entrée de la nouvelle gare routière des Baux maraichers qui a remplacé l’ancienne gare Pompiers, l’on se croit dans un aéroport. L’éclairage est bien en place. L’ordre e y est bien établi. Les limiers rodent en permanence sur les lieux pour veiller à la sécurité des personnes et des biens. Des bancs publics sont installés un peu partout. Aucun étal de marchand sur les lieux, ni de marchands ambulants, comme c’était le cas à Pompiers.

A quelques mètres de l’entrée principale, des conducteurs de charriot prennent en charge le transport des bagages. ‘’Il y a vraiment un changement par rapport à ce qui se passait à Pompiers. Cette nouvelle  gare permettra de rendre plus professionnel le transport en commun au Sénégal’’, soutient un client en partance pour Ziguinchor.

A l’intérieur, des postes de surveillance sont installés partout pour les agents de sécurité. ‘’Ici on ne craint pas l’insécurité’’, s’exclame Thierno Malick Diop. Propos confirmés par la bastonnade administrée à un quidam par des policiers. ‘’Probablement ce monsieur voulait dérober quelque chose. Ici les policiers veillent de façon très attentive à la sécurité des voyageurs ‘’, confie un autre client qui fait la navette entre Dakar et le Sud du pays. Mais la nouvelle gare ne fait pas que des heureux. Si les clients affichent leur satisfaction, des chauffeurs ne cessent de se lamenter.

‘’ La gare est vraiment beau à voir. Mais nous y travaillons dans des conditions très difficiles. Contrairement à Pompiers, ici on paie doublement, mandat et bagages. Ce n’est pas du tout normal. Et puis on subit un harcèlement des contrôleurs ‘’, déplore Aliou Cissé, chauffeur d’un véhicule ‘’sept places’’ assurant la desserte Dakar-Ziguinchor. Appuyant la thèse d’Aliou, Bara Dia, ancien chauffeur, un bloc de billets en main, explique en détail ce double payement que subissent les conducteurs. ‘’ Les chauffeurs paient 30% des bagages de clients qu’ils transportent et en plus un mandat de 1950 F CFA ‘’, soupire-t-il.

Pour les bagages, les conducteurs estiment que les contrôleurs ne devaient pas s’en mêler, car, arguent-ils, c’est entre eux et les clients. ‘’Pour les bagages, ils doivent nous laisser tranquilles avec nos clients. Le plus désolant dans ce contrôle, c’est qu’ils viennent questionner les clients sur la somme que ces derniers ont négociée pour leurs bagages. Si jamais ils trouvent que ce qu’on a déclaré est inférieur à ce qu’on a encaissé, on est frappé par une sanction. Je pense qu’ils ne doivent même pas encaisser les 30% de nos bagages. Quand on encaisse par exemple 15 000 F en bagages, on leur en verse 4500. C’est trop’’, s’offusque Habib Ndiaye.

Situation difficile des coxeurs

Bara Dia de déplorer le fait que cette nouvelle gare ait causé le chômage de plusieurs ‘’coxeurs’’. ‘’Plus d’une trentaine de coxeurs ne font plus rien aujourd’hui. Car les places qu’ils devaient occuper sont remises à d’autres. Au lieu d’embaucher d’autres personnes pourquoi ne pas prendre les anciens coxeurs comme contrôleurs ? Maintenant, nous sommes là tous les jours à ne rien faire. A vrai dire, ils nous ont mis dans une situation difficile. Ici, ce sont les chauffeurs qui nous remettent 1000 F, à chaque départ d’un véhicule. C’est cette somme rassemblée qu’on se partage’’, se désole-t-il.

Aliou Cissé indique qu’ils (les conducteurs) sont fatigués dans cette gare, car ils partagent presque leurs bénéfices avec l’Etat et le privé à qui appartient cette gare. Alors, à l’en croire, ils ne sont pas dans des conditions idoines. ‘’On partage tout notre argent avec eux, alors que nous ne sommes pas mis dans de bonnes conditions de travail. Ici, le manger est trop cher par rapport à Pompiers. Le plat est à 800 F, contrairement à Pompiers où c’était entre 500 et 600 F’’, s’indigne-t-il.

Pour les chauffeurs, les raisons de ce changement ne sont qu’une politique qui vise à les renvoyer. ‘’ Je pense qu’ils sont en train de nous décourager pour qu’on quitte la gare routière. Aujourd’hui, je vois qu’ils veulent même faire disparaitre nos véhicules ‘sept places’ pour mettre leurs propres voitures et engager leurs chauffeurs. Ce que nous ne sommes pas prêts à accepter. Nous prions le gouvernement de venir constater de visu les conditions auxquelles nous sommes soumises’’, suggère Aliou Cissé.

Bonnes affaires des taximen

Au même moment, un client se chamaille avec un apprenti chauffeur. Cette dispute a été arrangée par le contrôleur qui ordonne à l’apprenti de baisser le prix à 2500 F à la place des 5 000 F. ‘ Comment les contrôleurs peuvent-ils venir nous  imposer des prix ? Après ils se permettent encore de nous soutirer 30%. C’est inadmissible ‘’, s’insurge Aliou Cissé. Une cliente du nom de Fatoumata Ly indique qu’on ne peut plus laisser les conducteurs faire ce qu’ils veulent, comme auparavant.

Dans cette gare routière des baux maraichers, un fait nouveau : ce sont les chauffeurs de taxis qui font les bonnes affaires. Ils font payer 500 F Cfa aux clients pour transporter leurs bagages jusqu’au point d’embarquement. Pour Mamadou Ba,  le garage n’arrange pas trop les gens qui n’habitent pas dans les alentours de Pikine. ‘’Et les taximen se font du plaisir à hausser les prix’’, se plaint-il. Malgré tout, il reconnait que de grands changements ont été notés dans le fonctionnement de la nouvelle gare. Les chauffeurs, eux, ont toujours la nostalgie de Pompiers. Et mettront certainement du temps avant de s’adapter aux conditions des Baux maraîchers.

SAMBA DIAMANKA

 
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