Publié le 23 Sep 2016 - 17:48
GESTION DES FONDS TIRÉS DU PÉTROLE ET DU GAZ

Philippe Chalmin suggère au Sénégal le modèle norvégien

 

Pour bien gérer les ressources pétrolières et gazières et éviter la malédiction de l’or noir, le Sénégal peut s’inspirer de la Norvège. Selon le Professeur d’Histoire économique à l’Université Paris-Dauphine, Philippe Chalmin, qui donne ce conseil, la Norvège a créé un fonds dans lequel il met l’argent tiré des taxes, des royalties que l’Etat norvégien tire de la production du pétrole.

 

Le Sénégal a fait des découvertes de pétrole et de gaz. Alors que ces ressources naturelles sont encore loin d’être exploitées, le débat fait rage. Ainsi, beaucoup d’acteurs craignent que le syndrome de la malédiction des ressources naturelles notée dans plusieurs pays africains ne se produise au Sénégal. Il semble y avoir une solution pour éviter de tomber dans ce piège. Elle est donnée par le Professeur d’Histoire économique à l’Université Paris-Dauphine, Philippe Chalmin. Le Sénégal peut ‘’gérer à part la rente pétrolière’’, comme l’a fait la Norvège. Le Pr prenait part hier à Dakar à une conférence portant sur l’ouvrage produit par OCP Policy Center, intitulé : Cyclope Afrique 2016 ‘’l’Afrique et les marchés mondiaux de matières premières : leurres et lueurs’’. Ce pays européen, poursuit-t-il, a créé un fonds dans lequel il a mis l’argent tiré des taxes, des royalties, que l’Etat norvégien tire de la production du pétrole.

‘’Aujourd’hui, ce fonds est de 800 milliards de F Cfa et il est destiné aux générations futures’’, renseigne M. Chalmin. En effet, après la Norvège, il y a le Chili qui a fait une bonne gestion de la rente générée par sa richesse qu’est le cuivre, dit-il. Au même moment où ce pays d’Amérique Latine isolait cette rente, en Afrique, en République Démocratique du Congo ou en Zambie, le cuivre a été pillé par les gouvernants, accuse-t-il.  

Par ailleurs, le rapport CYCLOP 2016 initialement consacré à l’Afrique a été rendu public au Sénégal, lors d’une conférence organisée en collaboration avec la Cellule d’analyse économique et sociale de la Primature. L’animateur du cadre d’échange, le Professeur d’Histoire économique et président du groupe CYCLOP, affirme que ‘’le continent africain doit jouer un rôle sans cesse croissant dans la production, la transformation mais également dans la consommation de ses propres matières premières’’. Paradoxalement, le Professeur Philippe Chalmin note que ‘’les matières premières comptent énormément pour le développement du continent africain, mais l’Afrique compte assez peu sur les matières premières’’. ‘’L’Afrique a vu sa place sur les matières premières diminuer, ces dernières années, même si la plupart des économiques africaines restent extrêmement dépendantes vis-à-vis de cette production’’, constate-t-il.

‘’Transformer les leurres en lueurs’’

Au cours du débat, les experts ont expliqué les évolutions récentes des différents marchés des matières premières, des minerais aux produits agricoles, en passant par l’énergie, mais aussi la résilience des économies africaines face à la baisse du prix de ces produits de base. En outre, ils ont évoqué les stratégies d’adaptation industrielle des pays africains à ce contexte difficile. ‘’L’heure est aux actes. Les pays africains doivent aujourd’hui tirer profit de leurs matières premières, transformer les leurres en lueurs, en espoir et en décision, pour accélérer la croissance et réduire la pauvreté’’, soutient l’économiste Moubarack Lo, par ailleurs Coordonnateur de la Cellule d’analyse économique et sociale de la Primature. M. Lo remarque que, jusqu’à présent, les matières premières ne constituent que des leurres pour l’Afrique, parce que le continent n’en a pas assez tiré profit. Il conseille dès lors aux différents pays qui disposent de ces ressources d’utiliser la rente pour développer la manufacture ainsi que les infrastructures et préparer le futur.

MOUBARACK LO SUR LE TAUX DE CROISSANCE

’Une année ne suffit pas pour pouvoir dire que tout va bien’’

Le Sénégal a réalisé, en 2015, un taux de croissance de 6,5%.  Mais, selon le Conseiller du Premier ministre, Moubarack Lo, en termes de croissance, ‘’une année ne suffit pas pour pouvoir dire que tout va bien’’. Il faudra attendre les années suivantes pour pouvoir certifier la bonne santé de l’économie. Un taux de croissance de 6,5% constitue une bonne performance, reconnaît-il. Toutefois, il conseille au gouvernement d’aller de l’avant et atteindre même 7% sur la durée, afin que le pays puisse passer de la phase de pré-émergence à l’émergence et puis au développement. 

‘’Il faut que sur la décennie 2015-2025, on ait un taux de croissance moyen de 7%. Analyser la croissance seulement sur une année, ça veut dire que vous ne connaissez pas l’économie, parce que vous pouvez avoir des taux de 20%, l’année suivante 15%. Sur les deux ans, vous n’avez fait qu’en moyenne 2,5%. La croissance, c’est sur la durée que ça crée un effet sur le développement’’, explique l’ancien Directeur de cabinet adjoint du président de la République Macky Sall.

Par ailleurs, pour cette année, le Conseiller du Premier ministre dit avoir bon espoir que le Sénégal peut réaliser le même taux de croissance que 2015 ‘’et peut-être même le dépasser légèrement’’.

ALIOU NGAMBY NDIAYE ET DIENE NGOM (stagiaire)

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