Publié le 17 Jul 2017 - 23:02
GESTION DES MATIERES PREMIERES

 Dr Cheikh Kanté : ‘’Les consciences africaines font sortir des graines d’espérance’’

 

L’Afrique a évolué et les consciences africaines font sortir ‘’des graines d’espérance’’, c’est ce qu’a soutenu jeudi le Dr Cheikh Kanté, Directeur général du Port autonome de Dakar, par ailleurs fondateur de l'Université Excellence africaine. Il s’exprimait en effet, lors d’une conférence publique sur le thème ‘’Matières premières : perspectives africaines’’ organisée par le Groupe de réflexion et d’étude pour la démocratie et le développement durable (Gredda).

 

Les matières premières ont été pendant longtemps une malédiction pour les pays producteurs, notamment pour ceux africains. Cependant, selon le Dr Cheikh Kanté, les choses vont changer parce que les mentalités africaines ont changé. ‘’Aujourd’hui, l’Afrique a évolué, les consciences africaines font sortir des graines d’espérance. Et comme le prédisent des économistes, les taux de croissance les plus élevés, on les trouvera en Afrique, d’ici 2050. Le continent va peser 4,2% du PIB mondial. D’ici 2050, nous aurons un coefficient de 7,7%’’, a affirmé le Directeur général du Port autonome de Dakar.

Ainsi selon lui, il faudra pour le continent créer, d’ici les 20 prochaines années, 500 millions d’emplois. ‘’Et pour créer ces emplois-là, il faut la jeunesse soit formée. Une formation adaptée aux besoins de l’heure et tenant compte de l’innovation. Parce que les cinq piliers de l’émergence sont la population, la transformation structurelle de cette population, l’innovation ; il faut la maîtriser de même que les cycles de vie et l’urbanisation, les infrastructures et la sécurité, la stabilité’’, a-t-il dit.  Car pour lui, le vrai problème de l’Afrique ‘’n’est pas celui des matières premières’’. C’est plutôt celui du capital humain. ‘’C’est ce qui peut faire la différence entre deux entreprises qui sont à égalité en termes de capital financier et technique’’, a expliqué le Dg du PAD.

De son côté, l’économiste français, Philippe Chalmin, spécialiste des marchés de matières premières,  a soutenu que le vrai défi pour l’Afrique, ce n’est pas de produire les matières premières, de les exporter. ‘’C’est de savoir comment gérer la rente.’’ ‘’La malédiction des matières premières est une chose sérieuse. Et rares sont les pays qui ont su bien museler la rente, utiliser cette rente dans les dépenses des infrastructures nécessaires, constituer les fonds pour les générations futures etc.’’, a-t-il affirmé. Malheureusement, poursuit l’économiste français, les matières premières ont été ‘’beaucoup plus facteurs de corruption des âmes, des cercles politiques et économiques’’… Elles sont aussi le nœud des guerres civiles. ‘’Et c’est là, qu’elles entrent dans la géopolitique. Et ça rime rarement avec démocratie’’, a indiqué M. Chalmin. Parlant du Sénégal, le spécialiste de matières premières a fait savoir que les découvertes sénégalaises de gaz et de pétrole doivent être prises comme un ‘’message positif’’. ‘’Ce qui est important, c’est de savoir que le gaz naturel est un marché particulièrement complexe. Et lorsque le Sénégal se lance dans la production de gaz naturel, il est dans la spéculation’’, a-t-il fait savoir.

C’est ainsi que son concitoyen Ives Jegourel, économiste français et maître de conférences,  a préconisé un travail de coordination entre chercheurs, Etat et privé pour faire face à cette malédiction. ‘’Il faut absolument travailler en collaboration entre chercheurs, décideurs publics, et privés sur cette question d’instabilité. Une fois cette question réglée, il faut s’interroger sur les politiques publiques à mettre en place pour traiter cette instabilité et cela, c’est à court terme. Et à long terme, et c’est valable pour le Sénégal, il faut réfléchir sur les cycles de productions des matières premières et les politiques publiques qui les accompagnent’’, a-t-il recommandé. Selon M. Jegourel, il faut un ‘’discours pédagogique très fort’’ sur les matières premières. ‘’C’est ce qui va faire la force du capital humain de la nation pour utiliser ce que nous apporte cette matière première et créer un nouveau modèle’’, a-t-il renchéri. Pour l’économiste français, il n’est pas nécessaire, face à cette situation, de changer de système économique.

Il faut noter que cette conférence du Gredda a été aussi l’occasion du lancement du rapport Cyclope 2017. ‘’Dans Cyclope, nous essayons de couvrir les commodités de l’ensemble des marchés qui concernent non seulement les matières premières, mais les produits industriels comme l’acier, les grandes bases de l’alchimie, les services comme le fret maritime, etc. Cette année, nous avons rajouté à Cyclope quatre produits, tels que la vanille, le miel, l’art, et le marché du football. Votre miel est excellent, mais il y un marché mondial largement dominé par la Chine’’, a signalé Philippe Chalmin, par ailleurs, fondateur du Cercle Cyclope.   

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