Publié le 9 Nov 2018 - 16:27
GESTION DU LITTORAL OUEST-AFRICAIN

Les Etats organisent la riposte

 

Face aux multiples agressions que subissent les côtes ouest-africaines, différents pays de la sous-région, réunis au sein de la plateforme Waca, se sont donné rendez-vous, hier, à Dakar, pour réfléchir sur la stratégie à mettre en œuvre pour faire face aux défis climatiques.

 

Une peur bleue. La dégradation du littoral inquiète, le long des larges côtes ouest-africaines. Après des décennies de lutte infructueuse, des pays de la zone, accompagnés par la Banque mondiale, le Fonds nordique de développement ainsi que le Fonds mondial pour l’environnement, joignent leurs forces pour plus d’efficacité. Avec 750 km de façade maritime, le Sénégal est plus que jamais interpellé. D’où son adhésion à la plateforme Waca (West Africa Coastal Areas) dont l’objectif est, d’après le ministre de l’Environnement Mame Thierno Dieng, ‘’d’améliorer la gestion des risques naturels et anthropiques, en intégrant le changement climatique affectant les communautés et les zones côtières de la région d’Afrique de l’Ouest’’.

A en croire le ministre, la plateforme va accompagner, à l’échelle régionale, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, São Tomé et Príncipe, le Sénégal et le Togo ‘’pour la mise en œuvre d’actions concertées en matière de politique côtière, d’investissements pour des solutions vertes, grises ou hybrides, ainsi que les interventions régionales pour gérer de manière durable les zones côtières d’Afrique de l’Ouest’’.

L’évolution du littoral ouest-africain, explique M. Dieng, est, depuis quelques décennies, ‘’une véritable préoccupation pour les populations et les autorités, en raison non seulement de l’impact négatif des changements climatiques, mais aussi d’une pression de plus en plus forte due à la croissance démographique et aux activités de développement, notamment la pêche et le tourisme, pour ne citer que ces deux activités’’. De son diagnostic, il ressort plusieurs maux qui gangrènent le littoral sénégalais : érosion côtière, baisse des productions agricoles et halieutiques, perte des plages et des écosystèmes…

Aussi, se justifie le ministre, ‘’préserver ces milieux et leurs ressources tout en proposant des aménagements appropriés, constitue un enjeu de développement durable. C’est un impératif à la fois écologique, économique et social pour tendre vers une planification harmonieuse de la zone côtière, la mise en place de cadres institutionnel et réglementaire appropriés’’. Selon lui, seule une stratégie régionale permettra de préserver le littoral ouest-africain au profit des générations futures. ‘’C’est pourquoi, dit-il, le programme Waca est si important au regard des difficultés que rencontrent nos pays pour gérer de façon durable les espaces littoraux dont la contribution à l’économie sous-régionale n’est plus à démontrer’’.

La Bm met 250 millions de dollars pour janvier

Pour sa part, le ministre de l’Environnement de la Mauritanie, Amédi Camara, a indexé plusieurs facteurs dont l’activité humaine comme source des maux dont souffrent les zones côtières. Il cite l’exploitation des carrières, du gaz et du pétrole, entre autres. ‘’Vu l’ampleur du défi, souligne-t-il, il nous faut conjuguer nos efforts, mobiliser des moyens techniques et financiers importants pour faire face. Déjà, la Banque mondiale a mis 250 millions de dollars pour le démarrage du programme. Nous lançons un appel aux autres bailleurs, mais aussi aux autres pays ouest-africains de rejoindre la plateforme’’.

Quant au président de la Commission de l’Uemoa, il a mis l’accent sur la mutualisation des efforts. ‘’Les solutions aux problèmes du littoral ne peuvent pas être nationales. Il faut une stratégie régionale. L’Uemoa encourage ces types d’approches à travers la mise en place d’un financement communautaire pour aider les Etats à trouver des partenaires techniques et financiers’’, affirme-t-il.

Après son lancement hier, le programme va connaitre un début d’exécution à partir de janvier 2019.

Recommandations des experts

Avant la réunion des autorités politiques, des experts se sont penchés sur la stratégie à mettre en œuvre pour une conduite efficace de la plateforme. Ainsi, a-t-il été décidé de mettre en place un secrétariat qui se réunira chaque année et aura pour mission de mener le plan d’action élaboré pour les cinq prochaines années. Il ressort également du rapport du comité des experts que la plateforme Waca s’articule autour de 4 composantes : renforcement de l’intégration régionale, du cadre institutionnel, des investissements physiques et sociaux au plan national et une coordination nationale. L’objectif de la plateforme, expliquent les experts, c’est de réunir l’expertise technique, le financement et la volonté politique nécessaires pour renforcer la résilience.

Pour y parvenir, trois fonctions majeures lui ont été assignées. Il s’agit, d’abord, du volet connaissance qui vise à favoriser l’accès aux connaissances et à l’expertise technique, ensuite du volet financement qui renvoie à la mobilisation des ressources financières nécessaires, enfin du volet dialogue qui doit permettre de faciliter des échanges de haut niveau de tous les acteurs, y compris des privés.

MOR AMAR

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