Publié le 16 Nov 2013 - 17:28
GOUVERNANCE

Au-delà de la Déclaration de Politique Générale

 

Au-delà de la déclaration de politique générale présentée de fort belle manière par Madame le Premier Ministre, il faut un exercice d’information, d’éducation et de pédagogie pour les citoyens, notamment les plus jeunes. Ceci passe également par un rappel permanent des symboles nationaux fédérateurs dont tout peuple a besoin en alliant tradition et modernité.

La meilleure déclaration de politique générale est celle qui sera appliquée et dont les résultats concrets se feront sentir, mais pour cela il faut qu’elle soit comprise et surtout partagée par les populations qui au final en sont les destinataires.

Madame le Premier Ministre, vous avez demandé aux cadres du parti de l'expliquer et de la défendre. Les députés vont certainement s’y atteler mais je pense tout simplement qu’il est impératif que les Sénégalais épousent votre plan d'action. L’Assemblée Nationale étant l'obligation constitutionnelle significative, car incarnant la représentation nationale, mais insuffisante, car limitative pour tous ceux qui ne la suivent pas ou ne la connaissent pas.

L’ acceptation du programme du Yonou Yokoute, marquée par le vote plébiscitaire du 25 mars 2012, n’est que l'étape préliminaire du nouveau choix d’une nation qui a toujours aspiré à son mieux-être. Les vertus de la teranga sénégalaise ne sont-ils pas une illustration d'une société qui a toujours mis l’individu et son épanouissement au cœur de ses préoccupations.

La Dernière DPG a certes innové du point de vue des idées du style de la présentation et de la clarté. Cependant, il faut faire en sorte que la dure réalité économique et sociale ne triomphe sur les meilleures intentions des politiques et finisse par faire oublier dans les tiroirs des experts les projections pour une société meilleure et moderne.

Pour notre cher Sénégal, l'espoir suscité par ce nouvel élan doit être transformé et utilisé comme une énergie neutralisant les germes de notre sous-développement. Cela n’est possible que si les sénégalais se sentent Individuellement responsables et solidaires de l’action gouvernementale, par une attitude participative et une critique objective des objectifs à atteindre, qui passe par une activité économique accrue réduisant le taux de chômage.

Que l’occasion de ce nouveau plan d'action permette d'imprimer cette marque sur l’Homo Senegalensis, qui est demandeur, quand on voit la floraison de regroupements à vocation citoyenne.

Certes, il vous revient la lourde tâche et l’honneur ''d’accélérer la cadence'', mais, la meilleure volonté du monde adossée au meilleur cadrage n'y feront rien s’il n'y a pas adhésion et appropriation. Les programmes imposés par les bailleurs de fond se sont souvent heurtés à cet écueil invisible (ex. politiques d’ajustement puis consensus de Washington ).

C’est pourquoi les citoyens doivent se sentir concernés et impliqués sans attendre qu’il y ait une situation critique comme celle du 23 juin ou le politique et le citoyen se sont confondus dans la défense des principes qui relevaient d’abord du politique.

Pour cela, il faudra dorénavant les habituer au langage de vérité dont le socle est le TRAVAIL, dire aux jeunes Sénégalais que l’ÉTAT aide et aidera toujours les plus démunis (bravo pour l'initiative des bourses familiales), mais que la seule alternative demeure le travail.

Le manque de ressources et une redistribution difficilement équitable, oblige la gouvernance à être vertueuse et exemplaire pour être crédible, afin de susciter une adhésion franche et massive. L’exemple doit venir du haut à travers des comportements d’intégrité et une attitude honorable sinon, l’impression de justice à deux vitesses et d'impunité pour ceux proches du sommet persistera et annihilera tous les efforts de consensus.

La proposition du Yonou Yokoute n'est pas le yokoute providentiel qui tombe du ciel, c'est un des chemins à emprunter pour arriver au yokoute et le Président de la République et toute son équipe ont pour viatique de conduire le Sénégal sur ce chemin.

Conduire ne veut pas dire attendre que la Prospérité surgisse ex nihilo. Notre terre est fertile, cultivons-la. De nombreux pays exportent des fruits et légumes cultivés sur des surfaces désertiques à la base. Nous ne manquons ni de terre ni de bras ni d’eau. Initions des fermes pilotes sur le court terme sur la base de la coopération avec certains d’entre eux qui sont déjà nos partenaires par exemple.

Nos jeunes sont à former, encadrons-les à devenir des citoyens responsables, comme aux USA, que l’hymne national redevienne obligatoire tous les matins à l'école. Il faut créer une diversion positive, en occupant les jeunes sur des chantiers civiques et sociétaux sur des thèmes de réflexion nationalistes (dans le bon sens du terme) et forts, à la fois historiques et prospectifs, en leur demandant de s’engager à jouer pleinement le jeu de l’effort, de la rigueur, de la vertu et donc à être meilleur à tout point de vue.

Que la Télévision et le théâtre prennent un peu plus sur le temps d'antenne consacré à la danse pour éduquer à la responsabilité. Je demeure convaincu que nos comédiens mis a contribution, on peut arriver à travers des sketches à parfaire une éducation sans laquelle aucun développement ne sera possible ! Il est urgent de sortir de la mentalité d’assistanat et d’irresponsabilité collective (illustration dans nos marchés ou sur nos routes).

L'administration a besoin de ressources qualifiées et d’adaptation aux nouvelles technologies pour offrir un service public de qualité. Et rien ne pourra se faire si les individus qui la composent oublient qu’ils sont au service de l'intérêt général.

Le Pouvoir religieux subsiste et reste très influent, qu'il oriente ses disciples dans la voie du développement durable, une concertation autour du chef de l’Exécutif pourrait donner ce nouvel élan. Ainsi, les rassemblements religieux seraient des occasions pour rappeler à une prise de conscience citoyenne, surtout que beaucoup de leaders spirituels historiques avaient engagé un combat politique au nom de la religion.

Enfin, il est possible de traduire la DPG en langues nationales, de la décliner en plans d'actions thématiques. Il nous faut la compléter par une APPROPRIATION dans laquelle Madame le Premier Ministre vous restez sans aucun doute maître d'œuvre, mais dans laquelle chaque Sénégalais doit avoir sa partition à jouer en harmonie, suivant votre tempo, à travers une responsabilité consciente et active (dans certains pays le citoyen participe presque tous les dimanches aux consultations sur les questions de société).

Que chacun se dise tous les jours quelle est ma part de contribution dans ce nouvel élan décliné pour notre cher pays. Il est révolu le temps où le citoyen attend tout de l’ÉTAT providence, qui n'existe plus.

Par contre, que ceux qui incarnent l’État sachent aussi que nous sommes entrés dans l'ère d'un nouveau type de leadership qui doit être exemplaire et qui est surveillé. Si on veut avoir des citoyens responsables, l’exigence d'un leadership fort est encore plus urgente. Le tandem Président de la République et son Premier Ministre s’inscrivent avec succès dans ce nouvel élan mais le principe doit s’étendre à tous ceux qui aspirent à des responsabilités.

Il n’y a jamais eu dans notre pays autant de médias, de supports de communication, de groupes, de lobbies, de mouvements de toute sorte, etc. Invitons-les tous à partager cette responsabilité pour atteindre enfin l'objectif du développement et la consolidation de notre nation, surtout à l’heure où nul n’est à l'abri de menaces terroristes invisibles.

Ce n’est pas l’État d’un côté, les citoyens de l’autre, engagés dans un duel d’appréciation et d’observation autour de la DPG, mais ce sera l’État engagé pour le citoyen, avec le citoyen. Pour un résultat optimal de la Politique, on met l'individu au centre, il n'est plus que le bénéficiaire passif, mais actif et responsable.

''La réaffirmation de la responsabilité humaine constitue le moyen le plus naturel de faire obstacle à toute irresponsabilité'' (Vaclav Havel, ''L’amour et la vérité'').

                                                                                              Mody G. Ndiaye

Juriste, mogndiaye@gmail.com

 

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