Publié le 22 Sep 2012 - 08:30
GOUVERNANCE (Suite et Fin)

Le Plan pour disqualifier et neutraliser Macky

«EN POLITIQUE, CE QUI EST CRU DEVIENT PLUS IMPORTANT QUE CE QUI EXISTE», TALLEYRAND

 

Ne lésinant sur aucun des moyens qui permettent de disqualifier le nouveau Président en jetant le discrédit sur lui, ces groupes ont simplement décidé d’entreprendre des actions de guérilla politique assises sur une campagne de dénigrement facilitée par l’usage de puissants vecteurs de pénétration idéologique. Dans cette logique d’action, la méthode utilisée pour neutraliser le Président et le contraindre à l’immobilisme et à l’inertie devient simple : il faut agir sur les perceptions des Sénégalais de façon à leur faire admettre que le Président qu’ils ont démocratiquement élu est disqualifié pour conduire les ruptures qu’ils souhaitent voir s’opérer. Pour mieux éluder leurs intentions, ils évitent avec soin, de mettre ouvertement en cause les orientations progressistes de celui-ci et choisissent de concentrer leurs tirs sur sa personne avec la volonté certaine de le décrédibiliser.

 

Considérant qu’à force de durcir le discours et d’articuler leur agitation autour de quelques lignes thématiques qui marquent les esprits, mais n’ayant aucun rapport avec les questions fondamentales dont les réponses conditionnent le mieux-être des couches les plus défavorisées de notre société, on finira par le disqualifier et l’isoler complètement des masses sans le soutien desquelles aucune action réformatrice ne peut être engagée, à fortiori aboutir. Par conséquent, une fois le crédit politique du Chef de l’Etat sérieusement entamé, il devient possible de provoquer un revirement complet de l’opinion publique majoritaire, et mettre à profit les difficultés politiques et économiques qui ne peuvent manquer de surgir pour faire échouer le programme qu’il veut réaliser, le neutraliser, pour finalement le contraindre à la retenue et aux renonciations. A ce niveau précis de leur stratégie, l’objectif visé est tout simplement de résister pour gagner dès à présent la bataille culturelle, préalable à toute victoire électorale ultérieure. N’ayant pas les moyens institutionnels de soumettre ou de démettre le Président avant le terme de son mandat, ils useront de tous les moyens et procédés susceptibles d’empêcher sa réélection pour un deuxième bail.

 

L’IMPÉRATIF CATÉGORIQUE, LA DÉFENSE SANS FAIBLESSE DU PROJET PRÉSIDENTIEL DE TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

 

 

En dépit du coup reçu, le monstre est toujours vivant et va livrer combat jusqu’au bout. Dès lors, il importe à tous ceux qui sont acquis aux orientations du nouveau régime, d’insérer ces hostilités dans la problématique des tentatives de résistance des adversaires irréductibles du régime, de ne jamais perdre de vue ces considérations d’ordre tactique et d’éviter de donner prise aux critiques des partisans de l’ordre ancien qui useront de toutes les rhétoriques permettant de rendre inintelligibles les perspectives que dégage l’alternance politique intervenue dans notre pays. Ils doivent comprendre que les intérêts puissants auxquels le régime se confronte ne lâcheront pas prise et vont durcir les attaques et antagonismes. Pour cette raison, il est un impératif catégorique pour tous les partisans du changement de consolider leur rassemblement autour de celui que la majorité populaire a librement porté à la tête du pays. Suivant cette grille de lecture, une erreur naïve frisant l’infantilisme politique que ne devrait pas commettre la majorité parlementaire, serait de penser que l’avènement d’une assemblée de rupture devrait se traduire par l’adoption mécanique de postures pouvant affaiblir l’exécutif parfois confronté à la nécessité d’opérer des choix imposés par la dure réalité de l’exercice du pouvoir.

 

Loin de nous l’idée de prôner une assemblée de godillots, la profondeur et la complexité des changements à opérer imposent au Président d’avoir les moyens institutionnels et politiques suffisants pour tenir correctement son rôle dans un environnement géostratégique particulièrement complexe, incertain et dangereux. Pour ne pas donner à ces forces hostiles les moyens de lancer l’offensive qui permettra d’enrayer le mouvement enclenché par l’élection du 25 mars 2012, l’intelligence tactique impose de s’unir résolument et délibérément autour du projet initié par le Chef de l’Etat. L’heure ne doit être ni au doute, ni à la faiblesse idéologique devant les coups de boutoir et harcèlements des adversaires du régime qui mettront tout en œuvre pour provoquer des fissures au sein du bloc d’alliance constitué autour du président de la République et nouer des alliances tactiques avec les formations qui choisiront de faire le grand écart et de singulariser leur démarche; Il faut entretenir le grand élan d’enthousiasme et d’espoir suscité par l’alternance politique intervenue au sommet de l’Etat et qui ouvre une formidable ère de changement dans notre pays. L’art de la politique étant de savoir gagner sur le plan stratégique, accordons-nous avec A. Malraux pour penser :«Il n’est pas facile de disqualifier une persévérance inflexible.»

 

Samba Doune NIANG dit Mass,

Juriste spécialiste des Relations Internationales

niangmass@yahoo.fr

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