Publié le 15 Jan 2013 - 10:25
GRANDES SURFACES

Pertes et profits sur pièces

 

 

En récupérant leur ticket de caisse, beaucoup de clients se trouvent confrontés à un problème de monnaie. En effet, l’approvisionnement en ''petites pièces'' de 5 et 10 francs, tout particulièrement, n’est pas toujours optimal dans les grandes surfaces dakaroises. Ce qui est souvent source de malentendus entre clients et caissiers, voire de soupçon d'arnaque.

 

Qui ne s’est jamais vu léser d’un ''dërëm*'' (cinq francs) en passant à la caisse d’un supermarché local ? Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit des grandes chaînes de supermarchés qui doivent, du fait de la taxation à laquelle elles sont soumises, afficher des prix ''non arrondis'' : ''2140 F Cfa'' pour un paquet de Chips et une bonbonne de déodorant, ''680 F Cfa'' pour deux canettes de soda, ''390 F Cfa'' pour une petite bouteille de Coca-Cola… Les caissières ont souvent à rendre des sommes incongrues et particulièrement lorsque le client paie avec de grosses coupures.

 

Inévitablement, lesdites employées se retrouvent à cours de monnaie. Cette situation entraîne de nombreuses incompréhensions entre les caissières et les clients. A. W. narre, choqué, sa mésaventure : ''La caissière me devait 10 francs de monnaie. Quand j'ai attendu qu'elle me la rende, j'ai senti un regard du genre 'pauvre type qui attend juste une pièce'. Mais c'est mon argent ; cela ne me coûte rien de les lui laisser, mais c'est cette sorte d'arnaque psychologique qui m'a scandalisé. Et d'ailleurs, je préfère donner la pièce à un nécessiteux. Imaginez qu'on prenne 10 francs à 1000 clients, ça fait beaucoup à la fin de la journée et dans l'année''.

 

Croisée à la sortie d’une célèbre enseigne récemment implantée toujours en centre-ville de la capitale sénégalaise, Aïcha Fall, une cliente, témoigne : ''Il faut faire attention à la somme qui est rendue parce qu’il arrive qu’elle soit différente de celle qui est marquée sur le ticket.'' Elle brandit une facture et des pièces dans sa main. Après observation, on voit qu’il y a effectivement une différence de 10 francs Cfa entre les deux, à l’avantage du magasin. Chose que l’employée, N.F.A.D, ne lui aurait pas dite. ''Ce n’est pas une grosse somme mais, c’est une question de principe'', avise Mme Fall.

 

Pertes et profits

 

Mais les accusées se défendent et renvoient la faute aux clients. ''A plusieurs reprises, des clients m’ont demandé, sur un ton railleur, si je faisais ‘’collection’’ des pièces que je ne pouvais, sur le moment, leur rendre. C’est assez vexant parce qu’en disant cela, un client implique d’une façon ou d’une autre que la caissière le vole, alors qu’elle ne fait que son travail. Il est d’ailleurs impossible pour l’employée de savoir si elle est déficitaire ou bénéficiaire avant la fin de sa journée, quand elle fait sa caisse'', témoigne Maguette (nom d'emprunt), une employée au supermarché Sahm forte d’une expérience de plusieurs années à la caisse.

 

F. M, la supérieure de Maguette, se mêle très vite à la conversation pour abonder dans le sens de sa collègue. ''Chaque semaine, le supermarché emmène pour 9 à 10 millions de francs de billets à la Banque Centrale afin qu’elle nous les change en pièces de 5, 10 et 25 francs que l’on partage entre nos caissières. Par jour, chacune d’entre elles se voit mettre à sa disposition entre 3000 et 2000 francs Cfa de monnaie, en fonction de la disponibilité des pièces, mais cela n’empêche pas que l’on se retrouve à cours de change. Quand c’est le cas, la politique du magasin nous oblige à rendre un plus au client, ce qui, à notre niveau, signifie une perte'', explique la dame. Elle se dit frustrée du comportement de certains clients qui s’obstinent à penser que le manque monnaies fait l'affaire des caissières.

 

Certaines enseignes ont cependant contourné le casse-tête en ''homogénéisant'' leurs prix. C’est le cas à la supérette Hoballah de la rue Maunoury en centre-ville de Dakar : ''Nos prix sont tels qu’on ne se trouve pas dans la situation d’avoir à rendre des pièces de 10 ou 5 francs, à part les yaourts dont les prix sont contrôlés par le fournisseur. En général, si l’on manque de monnaie, il s’agit de pièces de 50 ou de 100 francs et cela peut facilement se régler'', confie une caissière de ladite supérette, qui a souhaité garder l’anonymat.

 

Sophiane BENGELOUN

 

 

 

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