Publié le 10 Feb 2018 - 02:34
GROUPE PLUME REBELLE DE THIES

Mots contre maux

 

Mis sur pied en 2009 au lycée Malick Sy de Thiès par une bande d’amis composée de quatre personnes (B-Black, Y’a Rafal, Dimelo et Jo-Ndk), le groupe Plume rebelle se veut une tribune d’échanges autour des difficultés de la société tel qu’expliqué par l’un d'eux. Babacar Mbodj alias ‘’B-Black’’ s’est confié à ‘’EnQuête’’.

 

Plume rebelle ! Un nom révélateur et plein de sens. ‘’Libère tes mots’’ ! Un slogan et à la fois un symbole d’une révolution pacifique. Dans un pays en perte de valeurs, comme disent certains, où le chômage prend des proportions inquiétantes et où le laxisme gagne du terrain, le groupe Plume rebelle tente d’apporter sa contribution au développement. Babacar Mbodj alias ‘’B-Black’’ et Cie mettent en avant, dans leurs textes, les difficultés que rencontrent les populations. Leurs mots claquent comme du slam pour panser les maux de leurs concitoyens.

‘’C’est une façon pour nous de participer à la bonne marche de la région de Thiès et du pays par les actions de sensibilisation que nous menons. Aujourd’hui, nous faisons comprendre aux Thiessois et aux Sénégalais que le développement doit être l’affaire de tous. Il y a des citoyens qui vivent toujours dans la précarité. C’est pourquoi les textes que nous interprétons, pour la plupart, traitent également de ces questions de société. A travers le slam, on a pu s’exprimer et dire tout ce qui nous fait mal’’, explique Babacar Mbodj, membre fondateur du groupe. Même si, considère-t-il, le développement n’est pas une course olympique, comme disait le célèbre écrivain burkinabé Joseph Ki-Zerbo (dans ‘’A quand l’Afrique ?’’).

Cependant, B-Black est convaincu qu’au Sénégal, le développement et le chômage des jeunes sont relégués au second plan, pour laisser prospérer le laxisme. ‘’Nous voulons stopper le laxisme qui existe au Sénégal. Nous avons constaté que le développement n’est pas placé au cœur des politiques et des priorités. Il y a des gens qui ne veulent pas que le Sénégal se développe. C’est tout. Ce sont tous ces aspects que nous faisons ressortir dans nos différents écrits. Tout ce que nous voulons, c’est un Sénégal meilleur, un Sénégal où tous les citoyens trouvent leur compte et la joie de vivre’’, espère le jeune slameur, révélant que dans ce cas précis, chaque citoyen se doit de se poser cette seule question : ‘’Que dois-je faire pour la bonne marche de mon pays ?’’ Aussi, demande-t-il aux autorités de travailler davantage au développement de l’industrie culturelle du Sénégal.

L’appel à la jeunesse

S’il y a une autre philosophie développée par Plume rebelle, c’est l’auto-entrepreneuriat. D’après B-Black, nombre de jeunes Sénégalais ne veulent pas s’investir et attendent tout de l’État. L’heure est venue, selon lui, pour tous ceux qui pratiquent la musique, de penser à la création de leur propre entreprise. ‘’Il est vrai qu’il y a des gouvernants dans ce pays, mais on ne doit pas tout attendre de l’État. Il est là pour nous accompagner. Les initiatives de création d’entreprises doivent venir de nous-mêmes, parce que nous disposons de capacités physiques et intellectuelles pour le faire. Nous, par exemple, nous avons pu mettre en place, par le biais du slam, une association culturelle dénommée Xatimxol. C’est notre propre entreprise’’, poursuit-il.

Citant le ‘’pays de l’Oncle Sam’’ comme exemple, le diplômé (licence) en management du tourisme et de l’hôtellerie de l’université de Thiès soutient que ce sont des hommes et des jeunes ‘’dynamiques’’ qui ont bâti le pays de Donald Trump. ‘’Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se lancent dans la musique. Mais, le seul hic, c’est qu’ils ne savent pas comment s’y prendre pour vivre de leur art. Nous les aidons dans la création d’entreprises à travers la culture. La musique, ce n’est pas tout simplement le fait de sortir des sons et faire danser les gens. Non ! Il faut que les jeunes essaient de créer leurs propres entreprises en vue de valoriser la culture sénégalaise, à travers le slam, la musique… C’est à, nous jeunes, de développer notre pays. Et on ne doit pas aussi tout attendre des Occidentaux’’, souligne l’ancien élève de l’école élémentaire Iba Cathy Bâ. D’ailleurs, fait-il savoir, des textes ont été composés dans ce sens par son groupe pour demander aux jeunes de porter le combat du développement de leur pays.

Au début, on les prenait pour des ‘’fous’’, parce qu’ils faisaient des prestations de slam et des mises en scène un peu partout. Et même pendant les récréations. Aujourd’hui, B-Black, Y’a Rafal, Dimelo et Jo-Ndk ont su s’affirmer à Thiès de par leurs nombreuses scènes. Le tout pour un seul but : booter les maux hors de la société sénégalaise. 

GAUSTIN DIATTA (THIES)

Section: