Publié le 14 Feb 2012 - 11:31
GUIGNOLESQUE

Présidence, Parlement et Gouvernement au pied de l'ambassadeur Lukens

Jamais une audience n'aura réuni autant de personnalités de l'Etat à ce niveau de responsabilités. Autour du président de la République qui recevait un simple ambassadeur, celui des Etats-Unis d'Amérique, il y avait dans l'ordre cité par le Communiqué sanctionnant l'audience, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Me Ousmane Ngom, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, M. Abdoulaye Diop, Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances, M. Mamour Cissé, Ministre d’Etat à la Présidence de la République, M. Oumar Demba Bâ, Ministre, Conseiller Diplomatique. ''MM. Pape Diop, Président du Sénat et Mamadou Seck, Président de l’Assemblée Nationale et le Professeur Iba Der Thiam, Vice-Président de l’Assemblée Nationale, qui ont également participé à l’audience en qualité d’observateurs'', lit-on dans le document.

''L’Ambassadeur Lewis Lukens était quant à lui accompagné de MM. David Whiting, Conseiller aux Affaires Politiques, M. Henderson Patrick Directeur de l’USAID, Mme Kristin Kane, Conseillère aux Affaires Publiques'', selon les termes du même document. Qui, il faut le préciser, a été rédigé de façon unilatérale par la partie sénégalaise. Mais l'on retiendra les parties les plus importantes, qui font état de ''la situation politique sénégalaise qui, aujourd’hui, est notamment marquée par le fait que les partis de l’Opposition, eux-mêmes, sont en train de participer à la campagne électorale''. Le Président Wade de ''demander à l'Ambassadeur de préciser la position des Etats-Unis'', dans cette nouvelle situation. Suite du communiqué, selon le compte rendu de la Présidence, ''l’ambassadeur, tenant compte de ce nouveau contexte de participation de tous les candidats à la campagne électorale, a déclaré que les Etats-Unis n’ont jamais demandé au Président Wade de partir et ne soutiennent aucun candidat''. Lukens aurait aussi exprimé le souhait de son pays ''de voir le processus électoral se dérouler de manière pacifique, transparente et démocratique'' et que ''les Etats-Unis travailleront avec le Président élu dans ces conditions par le peuple sénégalais''. Cette dernière phrase valant tout son pesant d'or.

 

 

Les dessous d'une audience

 

Dans le contexte actuel marqué par la montée de la tension au Sénégal et du fait que les Etats-Unis, par l'intermédiaire du Congrès et du Département d'Etat ont émis des réserves sur la candidature du Président Wade susceptible de créer des troubles postélectoraux, cette rencontre était plutôt souhaitée par la partie sénégalaise. Elle intervient une semaine, jour pour jour, après la convocation sur instruction du Palais, de l'ambassadeur Lukens par le ministre des Affaires étrangères Me Madické Niang. On remarquera que ce dernier n'était pas présent à l'audience. Et la raison est bien simple, les Etats-Unis n'avaient pas du tout apprécié la tournure de l'audience, qui s'était mal passée. Ce qui avait poussé d'ailleurs Washington, précisément le Département d'Etat à adopter une position radicale sur le Sénégal. L'objectif de cette rencontre serait d'adoucir les positions américaines, selon des sources bien informées.

 

 

La République se déculotte...

 

Ainsi, le principe reconnu en droit international que les Etats ne sont égaux que sur le papier est plus que jamais valable. Comment comprendre que toute la République vienne s'agenouiller au pied d'un simple ambassadeur ? L'Exécutif et le Parlement étaient représentés au plus haut sommet sans compter la bonne kyrielle de ministres d'Etat. EnQuête qu'on accuse à tort d'être à la remorque des Etats-Unis, ne mobiliserait jamais toute sa direction pour accueillir Lukens, serait-il alors l'ambassadeur des Etats-Unis ou de la planète Mars sur terre. Mais notre Gorgui si prompt à clignoter à droite pour tourner à gauche veut bien donner le sentiment qu'il est libre comme le vent, alors qu'il ne respire que pour la France et les Etats-Unis. C'est en tout cas un sacré coup qu'il vient de donner aux institutions, en humiliant en passant son ministre des Affaires étrangères. Tout cela est malheureusement la preuve qu'on n'est pas du tout dans un Etat normal. Et qu'on se moque totalement des symboles ô combien importants de l'Etat. Imaginez un seul instant que Barack Obama se fasse convoquer par...

 

 

Effet Wade, l'Onu met le Sénégal à l'index

 

Les cris d'orfraie du gouvernement sénégalais n'y font rien. Le Secrétaire général des Nations-unies et le Haut commissaire de l'Onu chargé des droits de l'Homme, la Sud-Africaine Navy Pillay, n'ont pas perdu de temps pour traduire Abdoulaye Wade devant le Conseil des droits de l'Homme des nations qui siège à Genève, en Suisse. EnQuête a appris de source digne de foi que ledit Conseil se penche actuellement sur le dossier du Sénégal, après les violences et la féroce répression par les forces de sécurité des manifestations organisées par le M23 soldées par au moins 5 morts ces derniers jours. Principaux mis en cause, le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom agissant sur ordre de Gorgui himself qui a qualifié par la suite les malheureux événements de simple ''brise de mer''.

 

Effet Wade, l'Onu met le Sénégal à l'index (suite)

 

D'ailleurs, selon nos sources à Genève, le Conseil des droits de l'Homme, dont les membres sont tous élus par l'Assemblée générale de l'Onu, c'est-à-dire 193 États membres à travers le monde, vient de saisir officiellement le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye. Les remontrances de cet organe de l'Onu portent sur ''l'usage excessif et disproportionné de la force publique contre des manifestants, la répression barbare, l'emprisonnement d'opposants et l'arrestation de défenseurs des droits de l'Homme comme Alioune Tine''. Et Wade devrait davantage s'inquiéter de ce que le Conseil ait désigné trois rapporteurs spéciaux des Nations-unies pour se pencher sur la situation du Sénégal. ''C'est une grande première depuis les indépendances'', soulignent nos sources.

 

 

Ottawa dans la danse

 

Après les États-Unis, et dans une moindre mesure la France, c'est au tour du Canada de demander à Wade de partir. EnQuête est en mesure d'informer que Ottawa s'est insurgée contre les violations graves des droits des Sénégalais et évoquent les positionnements relatifs à une inconstitutionnalité de la candidature de Gorgui et le rejet de certaines candidatures par le Conseil constitutionnel. Même s'ils ne disent pas ouvertement douter de l'indépendance des 5 ''sages'' et de la légalité de la candidature du Vieux, cette fédération nord américaine ''condamne fermement la détention illégale de Alioune Tine et des autres membres du M23''.

 

 

Ottawa dans la danse (suite)

 

Les Canadiens ne ratent pas Ousmane Ngom dont ils fustigent la décision d'interdiction de toutes manifestations du 26 au 30 janvier 2012. Et, l'Agence canadienne de développement international (ACDI), qui aide beaucoup le Sénégal et accueille des centaines d'étudiants sénégalais, avance l'hypothèse d'un second tour pour lequel elle envisage de dépêcher des observateurs. Eh oui ! Quand le très discret Canada s'en mêle de cette façon aussi directe et critique, c'est que les choses se compliquent pour le papa de Karim Wade et son clan. Soit dit en passant, EnQuête fait remarquer que les gouvernements les plus virulents contre Gorgui sont ceux des pays où ce dernier a pistonné des ambassadeurs hors carrière diplomatique comme Maïmouna Sourang Ndir chez Nicolas Sarkozy et Alain Juppé (France), Fatou Danielle Diagne chez Barack Obama et Hillary Clinton (États-Unis) et Baba Wane de l'ex-Anoci et de la Génération du concret à Ottawa (Canada).

 

 

La visite ''symbolique'' à Barthélémy Dias

 

La visite de proximité de la coalition Benoo ak Tanor à Dakar-Plateau a été mouvementée, hier. Manifestant leur ''soutien'' à leur camarade Barthélémy Dias, Ousmane Tanor Dieng et ses militants ont, pour la ''symbolique'', fait un tour devant la Maison d’arrêt de Reubeuss où séjourne le jeune Dias. Sur place, les militants ont donné de la voix aux cris de ''Libérez Barth !'', ''Abdoulaye Wade, assassin !''. Tout s'est passé sous le regard passif mais vigilant des forces de l’ordre postés devant le Palais de Justice.

 

 

Parcelles Assainies, rififi entre le PDS et Demba Dia

 

Rien ne va plus entre le Parti démocratie sénégalais (PDS) aux Parcelles Assainies et le Mouvement pour l’action et la citoyenneté (MAC) de Demba Dia. Les partisans de ce dernier accusent Pape Diop, président du Sénat, d’avoir désigné ''en catimini'' le maire de la localité Moussa Sy comme président du Comité électoral de la zone. Un ''fait accompli'' que Demba Dia n'entend pas cautionner, d’autant que, soufflent des sources ayant pris part à la réunion préparatoire d’hier, la décision finale devrait être arrêtée lors de l’installation du Comité électoral prévue cette semaine. ''Moussa Sy est minoritaire dans cette localité, donc Demba Dia ne va jamais se ranger derrière lui'', jure un proche de l’artiste politicien. Son camarade de faire dans la surenchère : ''Si cette décision est entérinée, nous n’excluons pas de quitter les FAL 2012 et rallier l’opposition''. Et de renoncer aux lourdes espèces sonnantes et trébuchantes ? Ben voyons !...

 

 

Diourbel, les menaces du député libéral Serigne Mactar Mbacké

 

Le Parti démocratique sénégalais (PDS) risque de voler en éclats, si ce n’est déjà fait à Diourbel. Hier, alors que les commissaires politiques étaient venus remettre les fonds de campagne aux responsables libéraux du département, les dissensions se sont faits jour chez les partisans d'Abdoulaye Wade. Le député Serigne Sidy Mactar Mbacké a fustigé l’attitude des commissaires qui sembleraient, à ses yeux, prendre fait et cause pour certains responsables au détriment d’autres. Pour lui, il n’est pas concevable qu’il se retrouve à la 15e place dans ce comité électoral qui a trois coordonnateurs. ‘’C’est une situation que je ne peux m’expliquer. Je donne 48h au parti pour me remettre dans mes droits, aux cas contraire, je quitte le parti et je vais battre campagne contre Wade’’, menace-t-il.

 

 

Diourbel, les menaces du député libéral Serigne Mactar Mbacké (suite)

 

Le député libéral a ajouté qu’il mènerait une campagne de dénigrement, dans toute la famille de Serigne Touba, contre celui qui veut aujourd’hui briguer un troisième mandat à la tête du pays. En tout cas, le député a claqué la porte de la salle de la permanence du PDS à Diourbel, laissant ses frères libéraux qui ont peiné à terminer cette rencontre. Les commissaires étaient porteurs de 45 millions F Cfa de fonds campagne pour la Fédération départementale de Diourbel, à raison de 10 briques pour la Coordination départementale, 5 pour la commune et 3 pour chacune des 10 communautés rurales de la région. A noter que le management du comité électoral a été confié au ministre Khadim Guèye et aux députés Abdourahmane Bocoum et Idy Badiane.

 

 

Trafic de drogue, déjà 2 tonnes de cannabis saisies en 2012

 

2012 va-t-elle battre le record de saisine en matière de drogue ? En tout cas, il est fort à craindre avec les deux tonnes de cannabis saisies en moins de deux mois, selon le directeur général des Douanes du Sénégal. Le Colonel Mouhamadou Makhtar Cissé se dit fortement préoccupé par cette situation, d’autant que, a-t-il renseigné hier en conférence de presse, les trafiquants empruntent maintenant la voie maritime pour leur transit. Explication : une forte surveillance des aéroports renforcée avec le projet COCAIR dont la troisième opération a été lancée entre les 28 novembre et 4 décembre derniers dans 30 aéroports en Afrique de l’Ouest, Centrale et au Brésil. Selon le document présenté par le secrétaire général de l’Organisation mondiale des Douanes (OMD) Kunio Mikuriya, l’opération mise en œuvre d’abord en décembre 2008 puis juin 2010 sous les appellations de COCAIR1 et COCAIR2, est destinée à ''renforcer les contrôles en matière de lutte contre le trafic des stupéfiants dans ces zones précitées''.

 

 

Trafic de drogue, déjà 2 tonnes de cannabis saisies en 2012 (suite)

 

Il faut dire qu'à l’origine de cette initiative de l’OMD, lancée en partenariat avec Interpol, la Commission européenne et l’Office des Nations-unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC), il a été constaté qu’entre 2005 et 2008, la cocaïne venant d’Amérique du Sud en destination de l’Europe transitait par l’Afrique de l’Ouest et du Centre. A ce propos, le représentant de Interpol a expliqué qu’en 2009, sur les 35 tonnes de drogue qui ont transité par l'Afrique, les 13 tonnes ont été consommées sur le continent même, soit pour une valeur estimée à 100 millions de dollars (environ 50 milliards F Cfa).

 

 

Trafic de drogue, déjà 2 tonnes de cannabis saisies en 2012 (fin)

 

Le pire, fait remarquer Ruger Klausmann, il n’y a pas de traçabilité de cet argent provenant de la drogue. Ce qui pose la problématique du blanchiment d’argent qui, selon le Dg des Douanes sénégalaises, Mouhamadou Makhtar Cissé, cause des pertes énormes pour l’économie du fait que l’argent ne passe pas par les circuits officiels. Aussi le chef de la délégation de l’Union européenne au Sénégal prône le renforcement des capacités de lutte contre le trafic de drogue au niveau aérien. Selon Mme Dominique Dellicour, ''la drogue a un impact négatif sur le développement économique mais également sur la stabilité et la sécurité des pays’’. Selon le Dg de l’OMD, l’opération ‘’Cocair 4’’ sera lancée dans le deuxième semestre de 2012.

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