Publié le 21 Jan 2016 - 09:18
GUINEE CONAKRY

Comment le jihadiste mauritanien Saleck Ould Cheikh a été arrêté 

 

Condamné à mort en 2011 et en cavale depuis trois semaines, Saleck Ould Cheikh, membre d'Aqmi, a été arrêté ce mercredi par la gendarmerie guinéenne, avec un autre ressortissant mauritanien et deux Bissau-Guinéens.

 

Selon des sources de sécurité guinéennes et bissau-guinéennes, le fugitif a été capturé mardi 19 janvier au soir au barrage de Kalounka-magasin, à 35 km de Boké (300 km au nord-ouest de Conakry), près de la frontière avec la Guinée-Bissau. L’arrestation a pu avoir lieu grâce au syndicat guinéen des transporteurs routiers, dont un responsable à Boké, Issiagha Kéita, a indiqué avoir été alerté par un appel téléphonique d’un ami syndicaliste basé à Kountabaly, en Guinée-Bissau, au sujet de deux Mauritaniens en route vers la Guinée à bord de motos-taxis et armés de pistolets mitrailleurs.

« J’ai pu joindre l’un des pilotes de ces motos, auquel j’ai conseillé d’aller directement au poste de contrôle et de livrer les passagers aux gendarmes », a ajouté M. Kéita. « Les syndicalistes bissau-guinéens avaient eux-mêmes été informés par le consul de la Mauritanie à Bissau que plusieurs Mauritaniens étaient en fuite vers la Guinée via la Guinée-Bissau », a expliqué à Jeune Afrique le gouverneur de la région administrative de Boké, le général de brigade Siba Lolamou. « Les services de défense et de sécurité ont été alertés, poursuit-il. Et le barrage routier Guinée-Bissau – Boké a été renforcé ».

Tirs lors de l’arrestation

Au moment de la fouille « l’un des Mauritaniens a tiré à bout portant sur le commandant de la gendarmerie de Daby sans l’atteindre », précise le gouverneur de Boké. Accourue à cause des coups de feu, la population a réussi à rattraper le fugitif, a ajouté un gendarme qui se trouvait sur les lieux.

L’extradition des ressortissants mauritaniens devait intervenir sous peu, a-t-on assuré de source policière mauritanienne. En 2006, trois jihadistes mauritaniens qui avaient assassiné quatre touristes français avaient été arrêtés à Bissau un mois après leur fuite de Mauritanie.

Pourquoi Cheikh Ould Saleck a-t-il été condamné ?

Le Mauritanien Cheikh Ould Saleck, 31 ans, est un jihadiste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Originaire d’Atar, il se serait radicalisé au milieu des années 2000 avant de rejoindre le nord du Mali. En février 2011, il faisait partie d’un commando chargé de convoyer trois voitures bourrées d’explosifs du nord malien vers Nouakchott. Leur objectif ? La présidence mauritanienne, pour « assassiner le président Mohamed Ould Abdelaziz », comme l’avait ensuite indiqué l’organisation terroriste dans un communiqué.

Leur plan avait finalement échoué : le premier véhicule avait été détruit par l’armée mauritanienne, le second avait disparu, et le troisième avait été repéré puis ses occupants arrêtés, parmi lesquels Cheikh Ould Saleck. Condamné à mort pour « action terroriste », il était depuis détenu à la prison centrale de Nouakchott.

Comment s’est-il évadé ?

Le mystère plane toujours sur son évasion. Cheikh Ould Saleck s’est volatilisé de la prison centrale de Nouakchott le jeudi 31 décembre. Quelques jours avant, il avait rasé sa barbe et remboursé ses codétenus auxquels il devait de l’argent – des indices qui n’ont visiblement pas attiré l’attention de ses geôliers. Il « a été vu la dernière fois par ses amis de prison jeudi dans la mi-journée ».

Que sait-on de sa cavale ?

La cavale de Saleck Ould Cheikh, qui s’est échappé de la prison de Nouakchott le 31 janvier dernier, aura duré trois semaines. « De Mauritanie, il est entré au Sénégal puis en Guinée-Bissau », a indiqué une source. 

(Jeuneafrique.com)

 

Section: