Publié le 13 Dec 2017 - 16:54
GUY RYDER, DIRECTEUR GENERAL DU BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

‘’Le manque d'opportunités d'emploi décent est à la base de ces fléaux migratoires’’

 

Le directeur général du Bureau international du travail (Bit) Guy Ryder a fait, hier, le diagnostic du secteur de l’emploi. Le nombre élevé de chômeurs et l’absence de travail décent en Afrique, à son avis, sont les causes de la migration.

 

En visite au ‘’Pays de la Teranga’’, le directeur général du Bureau international du travail (Bit) a fait face, hier, à la presse. Accompagné du ministre du Travail, Guy Ryder a soutenu que la formalisation du secteur informel est une priorité internationale. En Amérique latine, dit-il, il y a des progrès considérables. Pour lui, la question n'est pas seulement de savoir où et pourquoi, c'est comment on peut formaliser ce secteur.

‘’Il est nécessaire de reconnaitre que le phénomène de l'informalité est complexe. Dans le secteur rural, ce n'est pas la même chose que dans le secteur urbain. Pour aborder cette question, il est important de combiner un certain nombre de facteurs. Il faut agir sur la protection sociale, sur l'inspection du travail, sur les systèmes fiscaux, sur les systèmes administratifs. La complexité constitue parfois un obstacle à la formalisation du secteur informel’’, a-t-il expliqué.

La problématique du chômage intéresse aussi au plus haut niveau M. Ryder. Selon lui, il y a plus de 200 millions de chômeurs dans le monde et 71 millions chez les jeunes. ‘’C'est dramatique, parce que si vous avez moins de 25 ans, vous avez trois fois plus de probabilité d'être au chômage. En Afrique, il y a le chômage, mais aussi le sous-emploi, le manque de travail décent. Donc, la création d'emplois doit être au centre de nos priorités. Parce que c'est ce manque d'opportunités d'emploi décent qui est à la base de ces fléaux migratoires, partout dans le monde’’, a déclaré M. Ryder.

Face à ce sombre tableau, le Dg du Bit a décidé de mettre également l'accent sur le fait d'assurer des possibilités de travail décent dans le secteur rural. Car, pour lui, il faut faire en sorte que l'emploi soit présent partout dans le pays. Il a aussi évoqué la question du financement, même si, à son avis, c'est l'activisme qui compte.

‘’Il faut que le Sénégal se sente partout’’

Pour sa part, le ministre du Travail, Samba Sy, a estimé qu’il faut donner le maximum d'opportunités aux populations du pays pour qu'elles trouvent des raisons de rester chez elles. Et que si elles doivent se déplacer, que ça soit fait simplement sur ce mode d'envie qui saisit tout être humain d'aller voir ailleurs. Mais que ça ne soit pas en raison d’un désespoir. D'où les politiques du Pudc et du Puma. ‘’Il faut faire en sorte que, quand un Sénégalais quitte les profondeurs du pays à Matam, à Tamba, à Kolda, qu'il n'ait pas le sentiment de se diriger vers le Sénégal. Il faut que le Sénégal se sente partout. Il faut que le minimum existe et cela est à portée de main. L'auto-emploi, la création de Pme est un élément de la réponse. Je n'arrive pas à croire que c'est une réponse. Je ne vois pas l'avenir du travail où tout le monde est entrepreneur. Ça ne correspond pas aux réalités de l'avenir du travail’’, a-t-il dit.  

VIVIANE DIATTA

 

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