Publié le 28 Mar 2015 - 16:27
HARCELEMENT SOUTENU PAR TELEPHONE ET INJURES

Comment l’assistante à la DAF a terrorisé ses collègues

 

Seynabou Fall, assistante à la Division des études de l'automatisation du fichier (DAF), est une dame énigmatique qui a terrorisé ses collègues dames, pendant des semaines. Elle a été condamnée à 6 mois assortie du sursis.

 

C'est un fait divers dont les services du Commissaire Ibrahima Diallo se seraient bien épargnés. Il met en scène la dame Seynabou Fall, une assistante à la Division des études de l'automatisation du fichier (DAF) qui, piquée par une mouche dont elle seule détient le secret, a terrorisé plusieurs de ses collègues de service, avant que son sordide manège ne l'envoie jeudi au commissariat du quatrième arrondissement de la Médina, puis à la brigade de recherches de la gendarmerie, Rue Faidherbe à Dakar. Déférée, elle a été jugée hier.

Sans aucun motif apparent, Seynabou Fall a acheté une puce téléphonique à partir de laquelle elle balançait toutes sortes d'insanités à ses collègues dames. Une source policière révèle que c’est un harcèlement soutenu par téléphone avec des injures que la décence empêche de reproduire dans ce texte. A cela s'ajoute des menaces, par SMS, de briser les ménages de ses collègues qu’elle dépeint comme "vieilles", ou au pire, de casser les foyers de celles dont les maris sont les plus "performants au lit". Et comme les pauvres dames craignaient d'offrir une image identique aux insanités qu'elles recevaient des messages inconnus, aucune d'elles n’a daigné dire à haute voix le calvaire qui lui était tombé de nulle part.

Un malheureux agent de l’ASP en faction à la DAF a connu pire avec Seynabou Fall. Elle lui a subtilisé son téléphone portable qu’elle a gardé pendant 24 heures. Pendant tout ce temps, elle appelait l’épouse de l’agent pour lui décrire des scènes intimes sorties des recoins les plus lugubres de son imagination. Après avoir fait voir des vertes et des pas mûres à l’agent, Seynabou a jeté le téléphone du quatrième étage de son bureau. Le malheureux ASP n’avait plus qu’à ramasser son portable en pièces détachées.

Maladresse

Très à l'aise dans son rôle de terreur silencieuse, Seynabou Fall a pourtant fini par commettre une maladresse qui a précipité sa perte. Sur internet, elle a pêché et capté une autre nouvelle prise. Un homme marié qui ne se doutait pas du calvaire qui l'attendait. A son tour, les injures et les menaces devinrent son lot quotidien. Mais notre homme, très méthodique, s’est débrouillé pour avoir l'adresse précise de la résidence à la Médina et le lieu de travail de la dame qu'il croyait être son flirt, avant le début de son calvaire. Le gus a porté plainte et Seynabou Fall a été cueillie à son domicile.

Ses collègues de travail, averties des raisons pour lesquelles elle a été arrêtée, ont rapidement fait le lien. Ayant vérifié le numéro inconnu devenu source de leurs misères, elles ont été stupéfaites de se rendre compte que Seynabou Fall est bien l'émettrice des SMS. Les langues ont commencé à se délier et, tour à tour, chacune d'elles a expliqué comment elle a souffert des agissements de leur collègue. S’étant constituées en groupe, les dames ont, à leur tour, porté plainte contre Seynabou Fall qui a été déférée au Parquet. Mais, elle était ensuite rentrée chez elle. Toutefois, à son lieu de travail, ses supérieurs ne veulent plus la voir, si bien que depuis son arrestation, Seynabou n’a plus pointé son nez à la DAF.

D’ailleurs, une source au ministère de l’Intérieur a révélé à EnQuête que la situation de Seynabou Fall est très compliquée, puisque ses faits d’armes antérieurs comme assistante belliqueuse à la division des télécoms, au ministère de l'Intérieur, sont tous frais dans les mémoires. Une autre source a ajouté qu'après son arrestation, certains membres de la famille de Seynabou Fall se sont empressés de souffler aux policiers qu'ils venaient de leur ôter une grosse épine du pied.

Démence

Hier, devant la barre, la dame a soutenu qu’elle n’arrive pas à justifier son acte, d’autant qu’elle n’a aucun problème avec ses collègues. Elle s’est confondue en excuses. N’empêche que le parquet a requis 6 mois dont 3 mois ferme. L’avocat de la défense, Me Ousseynou Gaye, a lui plaidé la démence. Il a estimé que ce serait une grave erreur de condamner sa cliente qui a plutôt besoin de protocole de soins traditionnels, car elle a un désordre psychiatrique du fait des zikrs. La partie civile Nafissatou Ndao a réclamé le franc symbolique. Après délibéré, Seynabou Fall a été condamnée à 6 mois assortie du sursis.

Mame Talla Diaw

 

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