Publié le 5 Nov 2017 - 06:32
HAWBI

La première opération de la force conjointe du G5 Sahel

 

Paris s'est félicité ce jeudi du lancement, en début de semaine, de la première opération conduite par la Force antiterroriste G5 Sahel. Cette force constituée par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad pourrait compter jusqu'à 5 000 hommes répartis en sept bataillons. Il faudra encore des mois pour mettre à niveau les bataillons, les entraîner et les équiper correctement. La pleine capacité ne sera prononcée que début 2018. Cette opération nommée Hawbi « vient concrétiser la montée en puissance de cette Force, et la prise en main par les Etats sahéliens de la lutte contre le terrorisme », assure la ministre française des Armées, Florence Parly, dans un communiqué.

 

Après le lancement officiel début juillet, il reste encore à boucler le financement de la Force conjointe. Une conférence de soutien à la planification de la Force conjointe du G5-Sahel aura lieu en décembre à Bruxelles. Les Etats-Unis viennent de promettre 51 millions d'euros, et l'UE a déjà annoncé une aide équivalente. La France versera cette année 8 millions d'euros et les pays partenaires ont promis 10 millions chacun. Une fois que la Force aura démarré, il faudra encore que l'action militaire des pays du G5 s’inscrive dans le temps et de manière autonome. Un sérieux défi.

Ratissages dans le Gourma

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Pour la France, cette opération va constituer un peu « le galop d'essai » de la future Force conjointe opérationnalisée. « Il faut montrer que ça marche », dit-on à Paris. Objectifs : engager sur le terrain trois bataillons dans la zone frontalière, entre le Mali, le Niger, et le Burkina Faso. Une zone gagnée par l'instabilité depuis au moins deux ans. C'est notamment la zone d'action des hommes d'Amadou Koufa, le fondateur du Front de libération du Macina, qui depuis a rejoint le groupe de soutien pour les musulmans (JNIN-Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin) qui est donc cette alliance jihadiste, fondée en début d'année.

Une planification à 650 hommes par bataillons africains

Le bataillon malien a été le premier à être déployé vers la fin septembre - début octobre. Ensuite sont arrivés les soldats burkinabè et nigériens. Une montée en puissance qui se fait avec l'aide de la coopération militaire française (DCSD) notamment. Deux exemples concrets : la livraison toute récente de 13 pick-up tout neufs pour les forces armées nigériennes, des véhicules et des formations également pour les Burkinabè que l'on pourrait retrouver dans cette opération ou celles à venir.

La présence française doit progressivement s'effacer

La France va déployer de l'ordre d’une centaine de soldats pour accompagner l'opération indiquait, ce matin, un militaire français à l'AFP. Rien de réellement nouveau, ces petits groupes (désignés officiellement Détachement interarmées de partenariat militaire opérationnel), est constitué de spécialistes du guidage des frappes aériennes (TACP), du génie dans le cadre de la lutte contre les bombes artisanales, de la logistique et de la santé particulièrement pour coordonner les évacuations sanitaires, ainsi que des fantassins combattants. Cela se faisait déjà pour les Opérations militaires conjointes transfrontalières du G5 (OMCT). Une vingtaine d'opérations de ce genre ont déjà été conduites depuis 2015.

Le problème c'est que ces opérations ne durent souvent que quelques jours et, ensuite, les jihadistes ont le terrain libre et reviennent d’ailleurs précisément dans les villages où la Force est passée précédemment. La population ne se sent pas en sécurité et met beaucoup de temps à collaborer. Or « rien n’est possible sans l'appui des populations », rappellent les militaires français. Pour que ça marche, il faut que les armées de ces pays se réimplantent de manière autonome dans ces zones transfrontalières, zone de passages et de trafics, et surtout qu'elles puissent s’y faire accepter et réinvestir l'espace.

Laboratoire de futurs engagements ?

Au-delà des résultats sur le terrain, ce qui est important, c'est l'effet qu'aura cette opération : effet d'entraînement en vue de la conférence des donateurs prévue en décembre à Bruxelles ; effet aussi sur des réflexions beaucoup plus larges de ce que pourraient être à l'avenir les Opérations de maintien de la paix (OMP). La France voit cette Force conjointe du G5 comme une sorte de laboratoire sur la question

 

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