Publié le 4 Jul 2015 - 17:41
HOMICIDE VOLONTAIRE DEVANT LA CHAMBRE CRIMINELLE

Le gardien Baba Diop écope de 18 ans de travaux forcés 

 

La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance a jugé hier une quatrième affaire de meurtre. L’accusé Baba Diop a été condamné à une peine de 18 ans de travaux forcés.

 

Il assurait la sécurité de son boss avec beaucoup de rigueur. Désormais  privé de liberté les 18 prochaines années, nul doute que Baba Diop sera surveillé avec beaucoup de rigueur. Gardien de profession, il mettait un point d’honneur à bien faire son travail. Seulement, un groupe de jeunes ‘’baye fall’’ ne lui en laissait jamais le loisir. Une chose qu’il a tenté d’expliquer, dès l’entame de son audition, mais qui a fini par lui donner tort. Ce jour-là, à la Patte d’Oie, devant le domicile qui était sous sa surveillance, le jeune Mody Ndiaye s’était approché de l’accusé pour faire la paix, après plusieurs altercations. Mais leur entrevue a très vite tourné à la bagarre. Et le coup de poignard fatal a été donné, si on en croit les éléments de la procédure.

En détention préventive, depuis novembre 2009, l’accusé a donné hier une autre version des faits. Il était devant le garage de la maison dont il assurait la sécurité, lorsqu’il a vu des jeunes fumer du chanvre. Quand il les a sommés de quitter les lieux, ils auraient refusé et se seraient mis à l’injurier, selon Baba Diop. Le procureur a voulu savoir pourquoi il n’avait pas avisé la police. Il a rétorqué qu’il est allé se plaindre à la police, à maintes reprises, pour leur dire qu’à chaque fois qu’ils procédaient à une rafle, ces jeunes revenaient le menacer, en insinuant qu’il en était à l’origine. C’est pour cela, d’ailleurs, que la police des Parcelles Assainies lui avait remis un numéro sur lequel il pouvait appeler, si ce cas de figure se présentait à nouveau.

Sur le crime, Baba Diop a soutenu : ‘’Ils étaient cinq personnes contre moi. Tout ce que j’ai fait, c’est me défendre’’. Il a ajouté qu’il est allé jusqu’à leur payer le thé parfois, rien que pour avoir la paix.  Son père a témoigné qu’il est un homme pacifique et, qu’à sa connaissance, il n’utilise pas de produits stupéfiants. L’autre témoin, Alioune Badara Guèye, s’est prononcé sur la bagarre à laquelle il a assisté. A l’en croire, c’est lui qui lui a demandé d’aller se rendre à la police, avant que les jeunes ne le tuent. Il a ajouté que le gardien tremblait de tous ses membres.

Fort de ce témoignage, la défense a soutenu que son client n’avait nullement l’intention de donner la mort. Elle a plaidé une application bienveillante de la loi, citant l’article 280 qui stipule que pour retenir le meurtre, il faut que l’homicide soit volontaire. Par contre, convaincu de l’intention de donner la mort, le procureur a requis les travaux forcés à perpétuité. Baba Diop a finalement été condamné à 18 ans de travaux forcés.

AMINATA FAYE (Stagiaire)

 

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