Publié le 22 Oct 2018 - 17:23
HUMAN RIGHTS WATCH SUR LE HARCELEMENT SEXUEL A L’ECOLE

Kalidou Diallo invite l’Etat à se saisir de la question

 

Kalidou Diallo, non plus, n’est pas convaincu par le rapport de Human Rights Watch. L’ancien ministre, qui prenait part à un panel samedi, n’écarte pas la possibilité d’une instrumentalisation des filles. Il invite tout de même l’Etat à se saisir de la question. 

 

La publication du rapport de l’Ong Human Rights Watch accusant certains enseignants de harcèlement sexuel sur les élèves continue de faire réagir les acteurs. Samedi, c’était au tour de l’ancien ministre de l’Education nationale Kalidou Diallo. Il a animé un panel sur le thème ‘’Droit syndical, droit à l’éducation : Quelles réponses pour le système éducatif sénégalais ?’’. ‘’L’intention de l’Ong Human Rights Watch, c’est de stigmatiser les enseignants ; chaque enseignant sénégalais se sent stigmatisé. Il ne faut pas généraliser dans ces choses, il faut cibler et pointer les responsables, mais ne jamais stigmatiser l’enseignant. Je ne suis pas d’accord et c’est très grave. Partout, on en parle dans toutes les chaines internationales. Cette organisation que je respecte aurait pu avoir une démarche inclusive, mais ne pas se précipiter’’, regrette M. Diallo.

L’ancien ministre n’écarte pas la possibilité d’une ‘’instrumentalisation des filles’’. ‘’Il arrive que l’on corrompe des gens, ça existe. Je suis prêt à aider pour qu’il y ait un rapport plus indépendant, plus large, par un organisme indépendant. Si on trouve des responsables, l’Etat va prendre les dispositions. L’enseignant est un modèle, un exemple’’, a-t-il rappelé.

Malgré tout, il demande aux autorités de prendre des dispositions, si des enseignants ont eu à abuser de leurs élèves. ‘’Je considère que même si c’est une seule fille, tout le Sénégal devrait s’indigner’’. Certes, l’ancien ministre pense qu’un échantillon de 140 élèves sur 500 000 est ‘’insuffisant’’, puisque ça ne représente que 0,029 %. Mais il est convaincu que ce n’est pas le nombre qui compte. ‘’Je ne considère pas le nombre. Si ça existe, les autorités devraient prendre des dispositions pour mettre fin à cela’’.

Mais au lieu de réprimer, l’ancien ministre semble opter pour la prévention, au vu du contexte. ‘’Je comprends parfaitement, il y a des  gens qui entrent dans l’enseignement à l’âge de 18, 22 ans, surtout sans formation, sans maitriser la question sur le droit à l’éducation. On les mets en face des filles en crise d’adolescence’’, soutient M. Diallo. Autrement dit, le cocktail est assez explosif. Il faut donc, préconise-t-il, créer des conditions permettant de lutter contre le phénomène.

A propos du débat sur l’introduction ou non de l’éducation sexuelle, Kalidou Diallo suggère aux autorités d’expliquer à l’opinion internationale qu’il existe au Sénégal un système qui évoque la sexualité, mais que l’on ne peut appeler éducation sexuelle. ‘’Nous avons une forme d’éducation sur la science de la vie, économie familiale, santé de la reproduction’’, souligne-t-il. Pour lui, il faut expliquer aux gens ce à quoi l’expression ‘’éducation sexuelle’’ renvoie en langue wolof. ‘’Chez nous, ça n’entre pas dans la tête des gens’’, argumente l’ancien ministre de l’Education nationale.

Le coordonnateur du Mouvement national pour la revalorisation de la fonction enseignante, Diamé Diouf, par ailleurs conseiller technique en éducation et formation à la présidence, s’est lui aussi indigné de ce rapport.

AIDA DIENE

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