Publié le 22 Feb 2017 - 22:22
HYDRAULIQUE RURAL ET URBAIN

Les plans d’eau d’avenir

 

Le ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, Mansour Faye, étale les réalisations et projets futurs de son département

 

La réalisation de l’accès à l’OMD sur l’eau potable en 2013, deux ans avant le terme de 2015, est l’accomplissement le plus louable du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement (MHA). Le ministère responsable de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural et urbain, et du réseau hydrographique national a redessiné la carte hydraulique par ses efforts permanents. Signe de l’attention particulière que les autorités accordent à la question de l’eau, le  gouvernement a mobilisé 495 milliards de FCFA pour les projets de l’hydraulique urbaine en quatre ans (2012-2016), près de deux fois l’investissement des trois régimes précédents en 20 ans, 276 milliards F CFA.

Ceci grâce à des projets  comme le Programme d’eau potable et d’assainissement du millénaire (Pepam). Une initiative qui a permis de résorber les disparités d’accès à l’eau potable notées entre Dakar et les autres localités du pays.  De 27% en 2006, l’écart s’est réduit de manière significative à 10%, alors que les prévisions tablaient sur 15%. La tutelle travaille autour d’axes programmatiques  comme la planification et suivi des ressources en eau, la gestion de la réserve stratégique du Lac de Guiers. Elle se base également sur certaines structures comme l’office du Lac de Guiers, l’office des forages ruraux.

L’eau, c’est rural

‘‘Avec le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), nous serons à 800  systèmes d’adduction d’eau. Le taux d’accès est de 90% en milieu rural et nous fournissons des efforts pour les taux de desserte. D’ici deux à trois ans, tous ces objectifs seront complétés’’. L’engagement du ministre Mansour Faye est total pour l’hydraulique rurale. Toujours d’actualité, malgré la communalisation intégrale,  les 271 nouveaux systèmes d’adduction d’eau potable pour cette année s’inscrivent dans cette dynamique de renforcement de la carte hydraulique.

Dans cette perspective, l’Office des forages ruraux (Ofor), qui a en charge la gestion de l’hydraulique rurale, a impacté la vie de 700 000 personnes à l’intérieur du pays avec 175 kilomètres de réseaux posés, parmi six autres réalisations majeures l’an dernier. Pour 2017, la structure s’est dessiné quatre axes pour atteindre les objectifs : efficacité opérationnelle, développement de l’accès, respect des normes de qualité de l’eau potable et autonomie financière. L’objectif étant d’atteindre 1 600 forages motorisés et unités de potabilisation d’eau de surface pour 2018.

L’hydraulique rurale s’est aussi évertuée à corriger une ‘‘injustice infrastructurelle’’. Dakar située à 250 km du Lac de Guiers bénéficiait d’eau potable courante alors que ‘‘les 113 localités abritant les 50 000 âmes vivant aux abords immédiats du Plan d’eau n’en bénéficiaient pas’’. Désormais Mbane, Nginth, Syer, Keur Momar Sarr, entre autres localités, sont desservies, se réjouit Mansour Faye. Les travaux d’urgence sur la digue de protection côtière de la Langue de Barbarie, à Saint-Louis, est également un pan important des programmes du ministère inclus dans le budget de 3 milliards 742 millions.

L’eau, c’est urbain

En milieu urbain, le programme d’urgence aura réussi à contribuer largement à atténuer les perturbations connues dans la qualité du service public de l’eau potable de la région de Dakar. Malgré des statistiques honorables, sécuriser l’approvisionnement en eau de la capitale demeure primordial. Ravitaillée à 60% par le Lac de Guiers et à 40% à partir de forages, Dakar consomme à elle seule 70% de la production du périmètre affermé. Une production à long terme est envisagée dans cette perspective pour parer à toute éventualité dans une région où rupture d’approvisionnement rime avec catastrophe.

En dehors des forages additionnels, et des branchements sociaux prévus par la Sones, le KMS3 et l’usine de dessalement d’eau des Mamelles sont, à n’en point douter, les clés de voûte d’une politique de sécurisation hydrique. Cette option consolidera la production et préservera la capitale ainsi que la Petite côte de tout stress hydrique jusqu’en 2035. Les objectifs du développement durable (ODD) ayant remplacé les OMD, ces deux grands projets du PSE s’engagent à relever le défi de l’eau, en perspective d’une croissance démographique établie à 3% annuel. La troisième usine de Keur Momar Sarr (KMS3) devrait couvrir les besoins en eau potable des populations dakaroises, du nouveau pôle urbain de Diamniadio, du Lac Rose, ainsi que toutes les localités traversées par la conduite du Lac de Guiers à partir de 2021.

Quant à l’autre projet structurant qu’est l’usine de dessalement d’eau de mer des Mamelles, le premier du genre au Sénégal, il va comporter un volet renouvellement et renforcement du réseau de distribution de Dakar 1, hérité de la colonisation, et devra coûter 135 milliards F CFA (206 millions d’Euros). La signature de la convention avec la coopération japonaise, la Jica,  le 15 novembre passé, a déjà acté le programme dont les travaux vont commencer en décembre 2017 ou en début 2018, promet le ministre Mansour Faye. Avec une capacité de 50 000 mètres cubes par jour extensibles  à 100 000 mètres cubes, les problèmes d’eau de Dakar seront conjugués au passé. Des inquiétudes essaiment toutefois autour de ce projet. Le ministre a rassuré les initiateurs d’une pétition sur les réseaux sociaux. ‘‘Nous sommes prêts à les recevoir pour leur démontrer le bien-fondé de ce projet.’’

Dans les autres centres urbains, 14 forages équipés ont été réalisés en 2015, dans le cadre du Pepam, pour une production annuelle de 32 000 mètres cubes quotidiens auxquels il faut ajouter 15 000 autres issus de quatre forages réalisés l’an dernier.

L’eau, c’est l’assainissement

L’approvisionnement en eau n’est pas la seule préoccupation du MHA. L’assainissement pour un meilleur cadre de vie des grands centres urbains est également une de ses prérogatives. Ce dernier volet n’est pas traité en parent pauvre. La preuve ? 208 milliards ont été mobilisés jusque-là pour l’assainissement depuis 2012. Pour la réalisation d’objectifs, comme le programme décennal de lutte contre les inondations, le drainage des eaux pluviales sur la Nationale 1 de Dakar, de Touba, Bambey ; la réhabilitation de stations de pompage d’eaux pluviales de Thiaroye Pikine, Fatick, Thiès, Saint-Louis, Kaolack et Louga.

Pour les projections en 2019, la variation des stations d’épuration devrait passer à 100% avec dix nouvelles unités qui viendront s’ajouter à celles déjà existantes. L’épineuse question de la station d’épuration de Cambérène ne fait pratiquement plus parler d’elle. La cause, se réjouit Mansour Faye, est que cette unité ‘‘traite 92 000 mètres cubes/jour, au lieu des 19 000 habituels, qui sont rejetés à 1,8 km en mer. L’émissaire de Mbao, avec 25 000 mètres cubes rejetés à 3 km en mer, fonctionne également’’. Ses services prévoient 37 plans d’assainissement directeurs pour tous les grands centres urbains et 10 stations de bout de vidange.

L’eau, c’est l’électricité

Autre point de satisfaction, les rendements des barrages hydroélectriques dont la contribution en fourniture en électricité renforce la coopération régionale. Le programme d’infrastructures régionales de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) comprend, entre autres, le barrage hydroélectrique de Manantali. Dans la perspective de réaliser une coopération plus aboutie, le ministre de l’Hydraulique du Sénégal se réjouit des 140 mégawatts du barrage de Gouina, et des 280 de celui de Koukoutamba. Pour l’autre organisme inter-Etats, Organisation de mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), la perspective des 128  mégas du barrage de Sambangalou, dont les négociations pour boucler le financement sont en cours, réjouit davantage les autorités de l’Hydraulique.

L’eau, c’est capital

Dakar, capitale mondiale de l’eau en 2021. Consécration d’une politique hydraulique bien élaborée et bien mise en œuvre, le Sénégal gagne des points sur le plan de l’hydro-diplomatie. Le Conseil mondial de l’Eau a élu Dakar comme ville-hôte du neuvième forum mondial en 2021. La capitale sénégalaise accueillera cette rencontre après Brasilia 2018. Les enjeux étant de plus en plus importants autour de cette ressource, le thème portera sur ‘‘la sécurité de l’eau pour la paix et le développement’’. Dans la perspective d’une diplomatie axée sur la gestion de la problématique hydrique que le Sénégal défend au Conseil de sécurité de l’Onu en tant que membre non-permanent, cette rencontre mondiale prévue dans quatre ans couronne les efforts d’une vision hydraulique qui n’a jamais cessé d’être au cœur des préoccupations du MHA.

 

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