Publié le 2 Aug 2018 - 18:10
AN I DE LA 13EME LEGISLATURE

L’Assemblée nationale toujours en attente de rupture

 

30 juillet 2017-30 juillet 2018, voilà plus d’un an que les députés de la 13ème Législature ont été élus. Cependant, la rupture tant attendue pour cette nouvelle équipe parlementaire tarde encore à se matérialiser. Absences, retards, querelles… rythment encore les plénières à l’hémicycle. EnQuête revisite également les différents faits marquants de cette nouvelle législature.

 

La 13ème législature fait  partie des plus convoitées de l’histoire politique sénégalaise.  Pour ces joutes du 30 juillet 2017, 47 listes ont été en compétition. Ce qui n’a pas manqué de susciter des interrogations sur le déroulement des élections et les difficultés auxquelles ont été exposés les électeurs le jour du scrutin. Finalement, une solution a été trouvée et les électeurs pouvaient ainsi voter en ne prenant que cinq bulletins au  minimum. A la suite des échéances, la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar  (Bby) passe en tête suivie de la Coalition gagnante Wattu Senegaal  avec le Pds et ses alliés, de Manko Taxawu Senegaal de Khalifa Sall et du Parti  de l’Unité et du rassemblement (Pur). La nouvelle législature est ainsi installée le 14 septembre 2017 sous la présidence de séance du doyen d’âge Abdoulaye Makhtar Diop.

A cette date, le maire de Dakar a été l’absent le plus présent à l’hémicycle. En effet, Khalifa Sall avait adressé la veille une correspondance à Moustapha Niasse  pour dire qu’il voulait être présent à l’installation de cette législature. Une volonté qui sera soutenue avec véhémence par ses partisans dont Cheikh Bamba Dièye. ‘’C’est un jour solennel pour tout député qui peut élire ou être élu, et Khalifa Sall n’a aucune possibilité d’exercer ces deux droits. Partant de là, peut-on parler d’une Assemblée de rupture dans cette législature ?’’ s’interrogeait le parlementaire.

Ces remarques n’ont pas empêché l’installation des députés, l’élection du bureau, suivie plus tard de la levée de l’immunité parlementaire de l’édile de la capitale sénégalaise emprisonné depuis le 07 mars 2017 pour détournement de deniers publics, faux et usage de faux entre autres délits. En effet, les députés de la 13ème législature ont ainsi livré Khalifa Sall à la justice dans la soirée du 26 novembre 2017 durant le marathon budgétaire, avec 125 voix pour. Un évènement marquant dans l’histoire de cette législature et qui a nécessité un déploiement important des forces de sécurité aux alentours de l’hémicycle pour éviter d’éventuels troubles.

Après l’épisode de la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall, les députés de la 13ème législature ont connu un autre épisode délicat. Il s’agit de l’adoption du projet de loi N°13/ 2018 portant révision de la Constitution  qui a pour but de ‘’rationaliser’’ les partis politiques qui s’élève à 320 aujourd’hui. Cependant, la loi sur le parrainage est passée sans débat après 8 tours d’horloge durant lesquels les députés de l’opposition ont tenté par tous les moyens d’ajourner la séance en soulevant des questions préalables  sans succès. Un fait qui remet sur la table la question de la majorité mécanique.

Les mêmes causes, les mêmes effets

La 13ème législature a été dès le début placé  sous le sceau de la rupture. Un souhait qui peine à se matérialiser, en tous cas pas dans la première session de ce quinquennat. En effet, les retards et absences  ont refait surface dès la première plénière qui portait sur la ratification des listes des membres des Commissions permanentes. Pour une séance prévue à 11h, ce n’est finalement qu’à 12h38mn que les travaux vont démarrer avec  auparavant une pause de 15mn et un retard d’une heure de temps. C’est dire que l’hémicycle a sa propre horloge. Les parlementaires de l’opposition ont cependant très tôt appelé leurs collègues du pouvoir à plus de ponctualité et d’assiduité. Ils dénonçaient à ce propos les manquements qui entourent la mise en place de la nouvelle équipe parlementaire.

‘’Il est regrettable de voir que nous avons des dirigeants qui n’ont pas la notion du temps. On te convoque à 11h et les débats ne commencent pas avant 12h 30. Il y a un sérieux travail à faire sur la ponctualité, le respect de l’horaire qui est fixé d’avance mais également sur la rigueur dans le travail qui doit se faire dans cette hémicycle. Il faudrait que les députés de la majorité travaillent avec plus de conscience de leur rôle et de leur responsabilité. Et pour le moment, ce n’est pas le cas’’, se désolait Déthié Fall, député non inscrit et membre du parti Rewmi. Seulement le président de l’institution parlementaire est déterminé  à rectifier la donne. Pour cela, Moustapha Niasse a, au cours de la clôture de la session extraordinaire de la 13e législature, décidé de prendre de nouvelles mesures élémentaires.  "Désormais, nous allons appliquer la méthode qui se pratique à l'école. Lorsque, par exemple, la séance plénière est convoquée à 11h, nous allons attendre jusqu'à 11h15 pour démarrer les travaux afin que les retardataires ne ratent pas le début de la séance. Mais à partir de 11h 15mn, quelle que soit la situation, nous allons commencer les travaux. Dans ce cas, les députés retardataires prendront le train en marche à la gare suivante. Ce qui signifie qu'au-delà de 15 minutes, le train n'attendra plus", précise la deuxième personnalité de l’Etat.

Chamailleries à l’Hémicycle

Les parlementaires de la nouvelle législature ne semblent pas vouloir prendre de la hauteur et dépasser les chamailleries. C’est même désormais devenu normal de voir des députés se donner en spectacle à l’Assemblée nationale devant l’œil médusé d’un Moustapha Niasse qui tente en vain de ramener sa ‘’troupe’’  à la raison. L’on se souvient encore de l’accrochage entre Woré Sarr et Abdoulahat Seck Sadaga lors du vote du budget du Ministère des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires. Tout a commencé lorsque le député de la majorité a tenu des propos jugés ‘’irrespectueux’’  sur  l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade. Ce qui a mis  Woré Sarr  dans tous ses états : ‘’Abdoulahat Seck, vous êtes indiscipliné, Me Wade appartient au passé et le respect que vous devez à votre père, c’est celui-là que vous lui devez’’.

 Le vote de la loi sur le parrainage n’a pas non plus été de tout repos pour la présente législature. Lors de cette séance, Toussaint Manga s’est illustré en déchirant le projet de loi relatif à la modification de la Constitution et portant sur le parrainage. ‘’Si Macky Sall a peur des élections, qu’il le dise aux Sénégalais, s’il sait qu’il n’a rien fait pendant ces sept ans, qu’il ait le courage de démissionner et de céder la place à un autre’’, a martelé le coordonnateur des jeunes de l’opposition. Avant cela, Niasse a tenté de ramener son collègue à la raison alors qu’il tenait à prendre la parole sans autorisation.  ‘’Vous n’avez pas le droit ; Manga excusez-moi’’, mais il s’est heurté à l’entêtement du membre du Pds qui voulait coûte que coûte faire une intervention. Le perchoir sera ainsi envahi par les députés de l’opposition que sont entre autres Mame Diarra Fam, Ousmane Sonko,  Abdou Bara Doly pour venir prêter main forte à leur collègue avant qu’une bagarre n’éclate entre parlementaires et qu’un brouhaha  indescriptible n’envahisse l’hémicycle.

Autre activité vécue par la 13e législature, la Déclaration de politique générale du Premier ministre après avoir été reconduit à son poste  en septembre dernier. Mahammed Boun Abdallah Dionne a fait face aux parlementaires le 05 décembre 2017 pour revenir sur l’exécution des grands projets de l’Etat. Le chef du gouvernement est encore repassé avec son équipe en mars 2018 dans le cadre des questions d’actualités.  Un exercice qui a été boycotté par l’opposition qui dénonce un manque de respect du gouvernement à son égard.

HABIBATOU TRAORE

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