Publié le 22 Dec 2018 - 04:32
IBRAHIMA NDIAYE CHITA, MANAGER GENERAL DE L’EQUIPE NATIONALE DE BEACH SOCCER

‘’On n’a plus le droit de s’arrêter aux quarts de finale du Mondial’’

 

Selon le manager général de l’équipe nationale de beach soccer, Ibrahima Ndiaye, le 5e sacre du Sénégal à la Coupe d’Afrique des nations (Egypte-2018) s’inscrit dans la logique d’une bonne préparation établie en amont et en aval par les responsables du football. L’ancien footballeur aborde, dans cette interview, les perspectives des Lions à la Coupe du monde 2019, le championnat local, le niveau du beach soccer en Afrique…

 

Le Sénégal a remporté sa 5e Coupe d’Afrique des nations (Can) de beach soccer, vendredi dernier. Que vous inspire de cette performance ?

C’est une victoire très méritée, si on se réfère à la préparation effectuée par l’équipe et surtout le chemin qu’on a parcouru pour arriver à ce résultat-là. Moi, étant responsable du beach soccer,  je peux même dire que ça ne doit pas surprendre les gens. Ils devraient s’y attendre, parce qu’il y a un travail qui a été fait en amont et en aval. Nous reconnaissons là une volonté politique des responsables du football, à savoir la fédération et le ministère des Sports. C’est leur soutien qui a permis d’arriver à ce stade-là. Le beach soccer sénégalais ne peut pas remporter cinq Coupes d’Afrique, sans l’appui du président de la Fédération sénégalaise de football et du ministre des Sports. Nous avons obtenu le soutien de l’Etat pour le programme de préparation qu’on a établi minutieusement. Dieu merci, parce que les résultats ont suivi.

Le Sénégal a gagné largement la finale contre Nigeria, mais le match d’ouverture contre le même adversaire a été difficile. Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est seulement lors de ce match contre le Nigeria qu’on a eu des problèmes. Et c’est nous qui les avons créés. Le Sénégal a, après avoir mené 2-0, raté l’opportunité de creuser l’écart. Nos joueurs n’ont pas eu le réflexe de marquer le 3e but. Ils ont malheureusement encaissé un but en première période et un autre après la mi-temps. Mais ils ont eu la chance de  gagner aux tirs au but. Ce qui nous intéressait, c’est de gagner ce premier match. C’est normal parce que dans une compétition pareille, la première rencontre compte beaucoup. Donc, c’était un match à ne pas perdre. Les joueurs se sont battus jusqu’au bout, car ils savaient que le Sénégal devait terminer premier ou deuxième de sa poule.   Mais l’équipe a pris confiance, après sa qualification au deuxième tour. Cela nous a permis d’avoir un autre type de match contre le Nigeria en finale. Les Nigérians n’étaient pas bien préparés par rapport à l’équipe nationale du Sénégal. Leur groupe n’était pas complet. Ils n’avaient que deux joueurs de foot de plage. Le reste est constitué d’athlètes de foot à 11. Ce qui n’était pas le cas pour nous. Le Sénégal dispose d’un championnat où les jeunes ont participé activement dans la préparation et la présélection. Le comité exécutif de la fédération a fait un travail sur le plan tactique, technique et administratif.

Comment jugez-vous le niveau de la Coupe d’Afrique 2018 ?

J’ai un peu de peur par rapport au niveau de cette Coupe d’Afrique de 2018. J’ai vu des équipes qui ont baissé de rythme.  La Côte d’Ivoire, une grande formation de foot de plage, a du mal à remporter un match en phase de poules. Le Nigeria n’a pas le niveau requis. Il a simplement des jeunes motivés et dévoués. Madagascar, vainqueur de la Can-2007, ne participe plus depuis quelques années. Le Ghana a raté cette édition de 2018. C’est ce qui m’a poussé à inviter les responsables du beach soccer de la Confédération africaine de football (Caf) à revoir la formule des éliminatoires à cause des nombreux désistements et forfaits. L’absence des grandes équipes constituent un obstacle au développement du foot de plage dans notre continent. On a formulé des recommandations aux dirigeants de la  Caf pour qu’ils accompagnent les fédérations. Ils doivent  travailler dans ce sens.

Comment se porte le beach soccer au plan local ?

La discipline se porte bien, dans la mesure où nous avons un championnat, mais il faut des capacités de renforcement dans les différentes équipes. Certes, les encadreurs ont déjà fait un stage en 2016, mais il faut qu’on les aide à s’améliorer sur le plan technique. Le Sénégal veut organiser un stage international de haut niveau. Cela nous permettra de disposer de bonnes équipes en championnat. Ce stage entre également dans le cadre de la préparation du prochain Mondial.  Mon combat, après la Coupe du monde, ce sera comment développer le beach soccer à partir de la petite catégorie. Cette formation acquise à bas âge peut aider les jeunes dans leur carrière de football à 11.

Nous avons initié également le beach soccer tour. Cette compétition a permis à l’équipe nationale de jouer avec les sélections des différentes zones comme Saint-Louis, Mbao, Yoff, etc. C’était un plus pour la préparation de cette Can-2018. Nous avons une fédération qui nous accompagne. Maintenant, là où il faut mener la réflexion, c’est de voir qu’est-ce qu’il faut faire pour garder le gap entre les autres pays  et  le Sénégal. Nous devons aussi travailler pour se rapprocher de ce qui se fait au niveau mondial.

Justement, le Sénégal est qualifié à la prochaine Coupe du monde (Paraguay-2019). Pensez-vous qu’il pourra atteindre les demi-finales pour une première fois ?

On n’a plus le droit de s’arrêter aux quarts de finale. Et pour y arriver,  nous devons faire une bonne préparation. Seule une bonne préparation peut amener le Sénégal plus loin à la Coupe du monde 2019. Au dernier Mondial, on a eu une bonne préparation qui nous a permis de se qualifier au deuxième tour. Cela montre qu’on n’est pas loin des grandes équipes du monde. Il nous manque une petite chose. On est en train de travailler sur ces manquements pour franchir les quarts de finale. Le Sénégal a le potentiel. Le beach soccer africain est différent de celui des Européens et des Américains. Ngala Sylla sait ce qu’il faut faire pour titiller les grandes puissances du monde.

Est-ce que vous avez eu les résultats escomptés, une année après la mise sur pied du championnat national de beach soccer ? 

L’entraîneur Ngala Sylla a fait sa sélection à partir de ce championnat.  Cela signifie que le championnat a un bon niveau. Nous voulons faire comme le Portugal, en ayant une équipe composée essentiellement de joueurs de beach soccer, mais cela nécessite des moyens grâce au soutien essentiel  du secteur privé.

Pensez-vous que le Sénégal peut organiser une Can de beach soccer dans un futur proche ?

Evidemment ! Le Sénégal dispose de toutes les commodités lui permettant d’abriter cette compétition.  Le président du football spécifique, membre du Comité d’organisation de la Can à la Caf, a d’ailleurs exprimé ce souhait à l’occasion de notre séjour en Egypte. C’est bien possible. Nous avons des hôtels à Dakar et à Saly Portudal (département de Mbour, Ndlr) pour loger les huit équipes. Nous avons aussi des plages à Ziguinchor et au quartier Hydrobase de Saint-Louis. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’organisation de la Can-2020 est déjà confiée à l’Ouganda. Donc, on peut se projeter sur 2022. C’est mieux parce qu’on a la possibilité de prendre le temps qu’il faut pour faire mieux que les autres pays.

OUMAR BAYO BA 

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