Publié le 3 Sep 2015 - 22:36
IBRAHIMA NIANG, MEDIATEUR ENTRE LES PAP ET L’AIBD POUR LA LIBERATION DES EMPRISES

«Les populations sont lésées dans ce dossier »

 

Il y a des lenteurs dans le dossier de la libération de l’emprise de l’aéroport. Des ultimatums sont toujours fixés pour pousser les réfractaires à quitter les lieux. Qu’est-ce qui explique  cela ?

Je ne dirais pas qu’il y a eu des lenteurs, mais plutôt un blocage. Et on aurait pu l’éviter, si on avait pu respecter les accords du protocole. Si l’AIBD avait respecté ses engagements, on aurait pu dépasser ce stade. Je me suis investi pendant un an et demi sur le terrain. Je ne suis ni du côté des PAP ni du côté de l’AIBD. Je suis animé de bonne foi pour qu’une médiation soit trouvée. Heureusement, on a trouvé un accord à Saly. Les PAP ont raison, parce que non seulement les accords ne sont pas respectés, pire encore, on leur fait porter le chapeau. De l’autre côté, les femmes du site de recasement ont déjà reçu leur indemnité de perte de ressources, alors que celles de Khessoukhate et de Katialicke n’ont rien perçu. Ce qui veut dire qu’il y a deux poids deux mesures.

Par rapport à la remise des clés, une commission a été mise sur pied pour plus de transparence. Or le constat est que des PAP reçoivent des clés sans l’aval de la commission.

(Il coupe) En fait, il y a une commission de distribution de clés dans laquelle l’ONG MSA est représentée, les PAP aussi. Sur les 250 mille, c’est vrai que les 150 mille ont servi pour les frais de déplacement, comme c’est écrit dans le PAR, mais au sortir de la réunion de Saly, cette somme a été revue à la hausse, soit 100 mille francs de plus de la part de l’AIBD. Or, ce qui se passe, c’est que beaucoup de PAP sont victimes de l’autoritarisme du sous-préfet.

Le sous-préfet donne soit une clé plus les 150 mille ; soit 250 mille et la PAP se débrouille sans une villa. C’est comme si en réalité une politique est en train d’être menée contre les PAP pour les contraindre à rejoindre le site de recasement. En vérité, si ces gens veulent la paix, ils n’ont qu’à respecter le protocole de Saly, sinon il y aura un blocage. Tel est le cas. Le maire s’était engagé à faire une délibération pour donner les terres restantes. Jusque-là, rien n’est fait.

Mais, n’y a-t-il pas un problème dans la délibération, puisque le  train express régional doit passer par là ?

Non ! On avait dit, lors d’une réunion du groupe opérationnel de Thiès (GOT), que le train ne devrait pas passer par là-bas, mais plutôt par le village Lando. Et même s’il devait rester 80 ha, il faut le morceler et le donner aux PAP.

Justement, on vous reproche d’être l’avocat des PAP, même dans l’illégalité.

Non, je ne dirais pas cela. Entre le plus fort et le plus faible, si l’on veut protéger, il faut se placer au côté du plus faible. Je ne peux pas défendre l’AIBD contre ces populations qui réclament leurs droits, sinon l’AIBD va les écraser.  Je suis un médiateur. Depuis plus de 15 ans, le courant ne passait pas entre les PAP et l’AIBD. Depuis le temps de Modou HAYA. Aujourd’hui, nous avons trouvé un accord autour d’une table. Il suffit juste de l’appliquer.

 

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