Publié le 23 May 2019 - 22:44
IMPLANTÉ DEPUIS 50 ANS

Le diocèse de Thiès, symbole du dialogue islamo-chrétien

 

Entouré de grands foyers religieux d’obédience musulmane, le diocèse de Thiès célèbre ses 50 ans d’existence. Un diocèse assez particulier, qui symbolise même le dialogue fécond entre musulmans et chrétiens du pays.

 

Un épiscopat, une particularité, une identité et des ambitions. Voilà autant de mots que l’on peut utiliser pour qualifier le diocèse de Thiès. Créé le 6 février 1969, celui-ci englobe plusieurs cités religieuses d’obédience musulmane, parmi lesquelles Touba, Tivaouane, Ndiassane, Thiénaba, Pire, Keur Mame El Hadj… D’où la particularité et l’identité de l’évêché de Thiès.

Parti de 6 enfants baptisés à la paroisse Sainte-Anne, en 1890, le diocèse de Thiès, qui polarise aujourd’hui 25 paroisses, avec en son sein des milliers de fidèles catholiques, est l’exemple palpable du dialogue islamo-chrétien au Sénégal. Un dialogue interreligieux qui se perpétue. Car, chaque année, les responsables de l’église rencontrent les guides religieux de ces différentes cités pour des moments de communion et de partage.

D’ailleurs, un grand rendez-vous sur le dialogue islamo-chrétien est prévu au mois de novembre prochain, dans le périmètre diocésain de la cité du Rail. Hier, le diocèse, qui fête son jubilé d’or marquant ses 50 ans d’existence, a organisé un colloque de deux jours, sur le thème ‘’Diocèse de Thiès, hier et aujourd’hui’’, pour s’interroger sur le passé, le présent et anticiper, afin de réserver aux futures générations diocésaines un avenir meilleur. ‘’Le premier objectif, c’est de regarder la passé, voir d’où nous venons et voir comment nos devanciers ont travaillé jusque-là, pour construire un diocèse bien sur ses pieds, avec plusieurs structures et qui regarde vers l’avenir avec patience. Le deuxième, c’est de fêter en famille diocésaine, parce que qui dit jubilé, dit action de grâce. Et le troisième objectif, c’est de nous rassembler en communauté pour mieux regarder l’avenir. C’est important de préparer les générations qui arrivent‘’, a expliqué le président du comité scientifique du jubilé d’or du diocèse, l’abbé Joseph Meissa Guèye.

Pour sa part, le représentant du pape François au Sénégal, Mgr Michael W. Banach, a invité toutes les communautés catholiques du diocèse de Thiès à ‘’s’unir, à travailler dans l’unité pour un diocèse plus rayonnant que jamais’’. Le nonce apostolique, qui a rappelé qu’un nouveau jour s’était levé le 6 février 1969 à Thiès, avec la création du diocèse, s’est également réjoui de la manière dont le diocèse s’agrandit. C’est pourquoi, Mgr Michael Banach a demandé aux uns et aux autres ‘’d’apprécier les chemins parcourus, les avancées significatives et les nouveaux défis’’.  

‘’Consolider les acquis’’

Prenant la parole à la suite du nonce apostolique, l’évêque de Thiès, Monseigneur André Guèye, s’est félicité de la présence de l’église dans le social, notamment l’éducation, la santé, le développement, la lutte contre la pauvreté, etc. S’adressant aux fidèles, il les a invités à ‘’revisiter leur propre histoire et consolider les acquis’’ pour un monde meilleur. ‘’Ce colloque de deux jours a été décidé, dans le cadre de la célébration du jubilé des 50 ans d’existence du diocèse de Thiès, pour qu’au cœur de l’action de grâce, nous puissions, comme Eglise famille de Dieu, réfléchir et revisiter notre propre histoire, je dirais même faire un pèlerinage dans le temps. On doit le faire en reculant, retournant aux sources. On doit parcourir, de nouveau, les époques fondamentales, essentielles, qui ont forgé notre destin. Nous voulons prendre conscience totalement de notre vécu communautaire, depuis ce 6 février 1969, pour interroger notre présent, en vue de recueillir ce que la théologie appelle les signes des temps’’, a soutenu Mgr André Guèye, demandant aux fidèles du diocèse de suivre les chemins à parcourir et de penser aux défis de l’heure.

Pendant 50 ans, a-t-il ajouté, le diocèse a connu des moments de joie, de satisfaction et d’opportunité, mais aussi des manquements et des obstacles. Cependant, le successeur de Mgr Jacques Sarr a conseillé aux fidèles catholiques du diocèse de Thiès et d’ailleurs de vivre ‘’avec passion le présent et s’ouvrir avec confiance à l’avenir’’. ‘’Par le thème du colloque, ‘Diocèse de Thiès, hier et aujourd’hui’, nous entendons, non pas rester dans la nostalgie du passé, mais bien au contraire, il s’agit pour nous de consolider les acquis et d’aller plus loin en profondeur, dans le discernement et l’innovation. Il ne peut donc pas s’agir d’une rupture, mais d’une fidélité qui impulse un nouvel élan dans la mission’’, a déclaré l’évêque de Thiès devant son homologue de Kaolack, Mgr Martin Boucar Tine, les prêtres et les fidèles massés dans la salle de conférence de la paroisse Marie Reine de l’Univers.

MGR ANDRE GUEYE, ÉVÊQUE DE THIÈS

‘’Sauvegarder l’harmonie sociale et spirituelle par le dialogue interreligieux’’

‘’Les évêques de l’Afrique de l’Ouest viennent tout juste de tenir leur troisième Assemblée plénière à Ouagadougou, au Burkina Faso. Nous y avons participé. Ils n’ont pas manqué, dans un message pastoral, d’exhorter tous les fidèles et tous les hommes et femmes de bonne volonté à l’espérance, face aux multiples défis qui se dressent devant et même en face de notre sous-région (…).

Le grand défi, pour nous, c’est la sauvegarde de l’harmonie sociale et spirituelle par le dialogue interreligieux qui, d’ailleurs, fera l’objet du colloque de novembre prochain à Thiès, avec la présence de tous les évêques du Sénégal, de la Mauritanie, de Guinée-Bissau, du Cap-Vert. Une chose que nous ne devons pas perdre de vue, c’est l’encrage au Christ et à l’Evangile, sources de toute inspiration et de toute nouvelle initiative pastorale.’’ 

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

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