Publié le 31 Jan 2014 - 04:22
INCENDIE VOLONTAIRE D’UN LIEU HABITÉ

Tourmenté pour les ‘’xamb’’*, Khadim Diop avait mis le feu dans la chambre de ses parents

 

La Cour d’assises de Thiès a vidé hier la 14e affaire inscrite à son rôle. Un incendie volontaire d’un lieu habité commis dans la mi-journée du 23 novembre 2009 à Khombole, dans le département de Thiès.

 

La Cour d'assises de Thiès a condamné hier Khadim Diop à 4 ans d’emprisonnement ferme. L’accusé, qui croupit en prison depuis 2009, souffre d’un trouble mental, selon sa mère Mbène Sène. Trouvant regrettable la procédure, l’avocat général a déploré la manière dont le dossier a été traité par le parquet, pour se retrouver devant la Cour d’assises.

Selon le ministère public, il s’agit de faits qui auraient dû être jugés par le tribunal correctionnel, même si on ne peut pas écarter le crime d’incendie volontaire d’un lieu habité. ‘’Pour quelqu’un qui souffre de trouble mental, nous demandons à la Cour de le condamner juste à la peine qu’il a déjà purgée, à savoir 4 ans ferme’’, a requis l’avocat général Mamecor Ndour. 

La Cour, après délibéré, a requalifié les faits d’incendie volontaire d’un lieu habité, en incendie volontaire d’un lieu non habité et a condamné l’accusé à 4 ans ferme. Khadim Diop, ce natif de Ndiayène Gouye, avait mis le feu dans la chambre de ses parents, le 23 novembre 2009 aux environs de 12 h.

Il est ensuite monté sur le toit de la maison muni d’une barre de fer, d’un couteau, de briques et d’un gourdin, menaçant de mort quiconque l’approcherait. ‘’J’étais seul dans la maison. J’étais perdu et j’ai mis le feu’’, a-t-il déclaré. Le jeune homme de 32 ans, aîné d’une famille, a hérité du mal qui rongeait son grand-père. ‘’Mon père avait des «xamb».

Il emmenait souvent mon fils pour consulter ces esprits maléfiques’’, a renseigné la mère de l’accusé. Selon elle, son fils ‘’est tourmenté par ces esprits. Il souffre depuis lors de troubles mentaux’’. Le jeune homme vivait à Dakar avec son père et gagnait bien sa vie. A cause de ses crises de démence, son père l’a ramené à Khombole.

La défense, après avoir expliqué que dans cette affaire aucun élément ne peut permettre d’asseoir la thèse de la volonté, a demandé l’acquittement pur et simple de l’accusé. Elle a estimé que la place de Khadim Diop est dans un hôpital psychiatrique et non dans un établissement de privation de liberté. 

L’erreur du dossier

La 14e affaire jugée devant la Cour d’Assises de Thiès a été non seulement décriée par l’avocat général Mamecor Ndour, mais également par la défense. Devant être jugé par un tribunal correctionnel, le dossier s’est retrouvé à la Cour d’Assises.

Le 06 novembre 2010, après un an d’instruction, le juge en charge du dossier avait clôturé l’information, conformément aux réquisitions du parquet d’instance. Une  ordonnance de renvoi en police correctionnelle fut décernée, aux motifs que pour une bonne administration de la justice, il y avait lieu de disqualifier les faits en incendie volontaire d’un lieu non-habité.

A l’audience du 14 décembre 2010, le tribunal régional de Thiès statuant en matière correctionnelle se déclara incompétent et renvoya le ministère public à mieux se pourvoir. Il résultait de la procédure, notamment des déclarations de ses parents, que le prévenu avait volontairement mis le feu à un lieu servant d’habitation et que ces faits étaient passibles d’une peine criminelle.

Le 09 juin 2011, le parquet général saisit la chambre des céans pour une requête. C’est ainsi que le ministère public requit la compétence de la Cour d’assises, aux motifs que les faits poursuivis et imputés à Khadim Diop revêtaient un caractère criminel. Il reprochait, d’une part, au juge d’instruction d’avoir disqualifié les faits, en se fondant sur le motif lié à la bonne administration de la justice, alors qu’il n’avait aucun rapport objectif avec lesdits faits.

D’autre part, le ministère public fit valoir que les interrogations de l’inculpé et les dépositions concordantes des parents montraient que Khadim Diop avait volontairement mis le feu à un lieu habité. Le ministère public requit alors la compétence de la Cour d’assises.

* Esprits

NDEYE FATOU NIANG (THIES)

 

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