Publié le 7 May 2014 - 10:03
INCIDENT AUX CHAMBRES AFRICAINES EXTRAORDINAIRES HIER

Hissein Habré arrive en turban, Mbacké Fall l'éconduit 

 

Le bras de fer entre le Procureur général des Chambres africaines extraordinaires (CAE) et la défense de Hissein Habré s'est poursuivi hier. Pour l'audience relative aux scellés tirés des perquisitions effectuées en mars à ses  domiciles, l'ex-chef d'Etat tchadien s'est présenté avec son turban, mais Mbacké Fall a été intransigeant. Résultat : l'audience a été reportée au 15 mai. 
 
 
Hissein Habré, ancien président du Tchad, poursuivi pour «crimes contre l’humanité», «crimes de torture» et «crimes de guerre» par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) ne semble pas prêt à comparaître ‘’à visage découvert et décoiffé’’ comme l'y a enjoint l’arrêt de la Chambre d'accusation en date du 29 avril dernier. 
 
Extrait de sa «cellule» hier matin pour une audience consacrée à l'ouverture des scellés constitués suite aux perquisitions effectuées à ses domiciles de Ouakam et des Almadies, Habré s'est présenté au siège des CAE avec son turban. 
 
Selon nos informations, le Procureur général (PG) des Chambres africaines extraordinaires, le magistrat Mbacké Fall, s'est montré «intransigeant» par rapport à la soumission de l’inculpé à l'arrêt de la Chambre d'accusation. Ce, ajoutent nos sources, d'autant plus que la mesure ‘’a été dûment notifiée à ses avocats comme à l'administration pénitentiaire’’.
 
‘’Il devait venir ici non enturbanné conformément à la loi’’, indique-t-on. Mais décidé à ‘’défendre ses droits’’, Hissein Habré a poursuivi sa logique de ‘’résistance’’ en reconduisant un attribut vestimentaire que lui et ses défenseurs considèrent comme un ‘’symbole d’une identité culturelle et religieuse’’.
 
Ce à quoi l'arrêt du 29 avril avait opposé, entre autres raisons, ‘’des impératifs de sécurité et de respect à l’ordre public.’’ Compte tenu donc de ce comportement, le Procureur général a donné instruction aux forces de sécurité de refuser à l’ex-président l’accès aux juges d’instruction. Devant l’intransigeance du parquetier, Habré, dit-on, s’est limité à la salle réservée à ses avocats, avant de retourner en prison sans être auditionné. 
 
La défense dénonce une ‘’forfaiture’’
 
Cet incident entre le parquet général et leur client a fait sortir de ses gonds la défense. Me Cheikh Ahmed Ndiaye contacté par ‘’EnQuête’’ dénonce ‘’un excès de zèle’’ et une ‘’forfaiture’’ du parquet général. Selon la robe noire, ‘’ ce que Mbacké Fall a fait est excessif, illégal et inédit’’. Car, avance notre interlocuteur, ‘’le parquetier n’avait pas à bloquer la tenue de l’audience’’.
 
‘’C’est un incident qui devait se régler à l’audience. Puisqu’il y a une décision de justice, c’était au juge d’instruction de lui demander d’enlever son turban. S’il refuse, il l’expulse ou le juge pour trouble d’audience’’, a expliqué Me Ndiaye. Sur sa lancée, il a plaidé pour le port du turban, en arguant que ‘’le visage de leur client était à découvert et identifiable’’, tout en rappelant que Hissein Habré a comparu plus d’une fois, dans cet accoutrement, avant que la CAE d’accusation ne lui interdise de porter son turban. 
 
Selon une autre source judiciaire, il n’y a rien d’illégal dans l’acte posé par le parquet général. ‘’Il appartient au parquet général de faire exécuter une décision de justice et lorsqu’il y a un obstacle, il en tire toutes les conséquences’’, a soutenu notre interlocuteur.
 
MATEL BOCOUM
 

 

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