Publié le 15 May 2015 - 13:16
INDEMNISATION DES SOLDATS DE LA PREMIERE GUERRE DU GOLFE

Où sont passés les 450 milliards des Jambars ?

 

Le dédommagement des soldats sénégalais de la première Guerre du Golfe offre un rebondissement surprenant. Près d’un quart de siècle après, survivants, et familles de victimes ayant pris part à cette campagne se  demandent où sont passées les sommes mirobolantes décaissées par l’Onu et l’Etat saoudien ?

 

L’affaire a les relents d’un énorme scandale. 500 millions de F Cfa perçus sur 500 milliards. Le  dixième d’une somme reçu par le contingent  de 496 soldats sénégalais de la première Guerre du Golfe, dont les familles des 96  victimes du vol C130-496,  en 1991 dans le cadre de l’opération ‘’Tempête du désert’’. Une révélation malvenue, dont se seraient passées les autorités qui veulent envoyer 2 100 soldats en Arabie Saoudite. L’association regroupant les victimes et familles des Jambars (Refaja) a jeté un pavé dans la mare lors de sa conférence de presse d’hier au siège de la Radho.

D’où proviennent ces montants mirifiques ? ‘’L’Onu, à travers sa Commission d’indemnisation, la Cinu, a débloqué 500 milliards pour l’ensemble des 23 pays qui ont pris part à cette opération, à titre d’indemnisation. Une somme qui provenait de la vente du pétrole irakien dans le cadre de l’embargo ‘Pétrole contre nourriture’‘’, explique Me Mame Makhtar Guèye, sollicité par l’association, en tant que porte-parole de l’ancienne majorité présidentielle pour mener une investigation.

Ce premier jet onusien de la compensation n’est rien par rapport à l’argent que verseront les autorités saoudiennes, surtout avec le crash de l’avion.  Un document provenant  des autorités de ce pays, dénommé Info News Saudia Arabian, révèle que ‘’l’Arabie Saoudite, en plus du budget d’indemnisation de l’Onu, attribue à chaque élément du contingent sénégalais la somme de 101 millions de F Cfa.

Parallèlement à cette somme, il a été mis à la disposition du contingent sénégalais, dès son arrivée à Dakar, la somme de 85 milliards’’, révèle Makhtar Guèye qui brandit le document dont nous détenons copie. Des dédommagements financiers desquels chaque famille des 93 soldats décédés n’ont perçu que…1 million 42 000 F Cfa. Les 403 soldats restants, de cette force d’interposition,  se sont contentés de 1 million de F Cfa. Un manque de transparence que dénonce le sous-officier Abdou Niang qui a pris part à la guerre. ‘’Ce qui s’est passé est malheureux. L’Arabie Saoudite ne dispose pas de Cfa, donc c’est aberrant qu’on nous parle de 500 millions. C’est ignoble. Nous avons combattu vaillamment mais actuellement, nous sommes dans la galère. Les veuves et les orphelins nés avant ou après le départ de leurs pères demandent que cette injustice soit réparée ’’, dénonce-t-il, précisant qu’ils ont les mêmes droits que les soldats saoudiens puisqu’ayant combattu avec des pièces d’identité militaires saoudiennes.

‘‘ Que ce contentieux soit réglé ’’

L’histoire semble bégayer dans le contexte d’un nouvel envoi de 2 100 soldats en Arabie Saoudite. Même si les organisateurs précisent que leur plate-forme ne s’y oppose pas ; l’avocat Me Assane Dioma Ndiaye, commis par pour défendre leurs intérêts, estime que la lumière doit être faite pour rassurer les partants. ‘’Il faut que ce contentieux soit définitivement réglé, il est important que ce syndrome, cette hantise de voir leurs droits non garantis,  que cette hypothèque soit levée. Qu’ils soient assurés qu’à leur retour, quelles que soient les circonstances, leurs familles et héritiers auront les droits qui leur reviennent.’’

Le Refaja et leurs avocats qui disent n’accuser ni incriminer personne appellent  le président de la République à un règlement diligent de la question, suivant le principe de la continuité de l’Etat. Ce dossier a traversé trois régimes. Ceux d’Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. Nous demandons un règlement à l’amiable de ce contentieux. Sinon nous nous verrons obligé d’ester en justice’’, prévient Mame Makhtar Guèye. Ce dernier promet toutefois de bousculer le protocole en introduisant cette question à l’audience que le chef de l’Etat va lui accorder prochainement.

 Le jeudi 21 mars 1991, 4h 40 du matin, un avion Lockheed C-130 469 Hercules de la Saoudian Army, revenant de la Oumra (petit pèlerinage), explosait en ratant la piste d’atterrissage de la base aéronavale de Raas Meshab. 91 jambars sont morts sur le coup ainsi que 6 membres de l’équipage saoudien. Le Capitaine Moussé Dia et le soldat Lamine Cissé succomberont quelques heures plus tard, portant le total à 93 victimes sénégalaises.

 

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