Publié le 18 Oct 2016 - 15:42
INJURE CONTRE LA COMMUNAUTE MOURIDE

Le procès de Cheikh Mbacké Sakho renvoyé à demain pour raison de sécurité 

 

Prévu hier, le procès de Cheikh Mbacké Sakho accusé d’injures envers la communauté mouride a été renvoyé à demain pour des raisons de sécurité.

 

Hier, l’affaire Cheikh Mbacké Sakho a été renvoyée pour la seconde fois par le tribunal de grande instance de Dakar statuant en matière de flagrants délits. Poursuivi pour injures commises par le billet d’un système informatique envers un groupe de personnes qui se caractérise ou se distingue par la religion, le prévenu est accusé d’avoir tenu des propos injurieux à l’endroit de la communauté mouride. Il devait être jugé mardi passé mais le dossier avait été renvoyé pour production du récépissé de l’association Diama atou khoudamoul qui regroupe les petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba  et de Mame Cheikh Ibrahima Fall et qui s’est constituée partie civile. Hier, Me Serigne Diongue a produit le document lorsque le dossier a été évoqué aux environs de 13h30mn. 

Auparavant, la présidente avait appelé les différentes parties. D’abord Cheikh Mbacké Sakho s’est présenté habillé d’un boubou traditionnel  de couleur blanche. La peur se lisait sur son visage au vu des regards furtifs qu’il a jetés dans la salle d’audience, prise d’assaut dès les premières heures de la matinée par des disciples mourides reconnaissables facilement à leur accoutrement et effigies avec des photos de marabouts. Il est rejoint à la barre par deux hommes d’âge avancé. Il s’agit de Serigne Fallou Fall et de Mor Niang représentant la partie civile. Des murmures ont commencé à se faire entendre dans la salle. La présidente de l’audience a tapé sur la table pour faire régner l’ordre. Le calme revenu, la juge a procédé à l’identification des parties et aussitôt, elle a ordonné une suspension d’une heure de temps. Mais dès que les magistrats ont quitté la salle d’audience, la tension déjà tendue a commencé à monter d’un cran.

Cheikh Mbacké Sakho sauvé d’un second lynchage

Des disciples mourides ont commencé à proférer des menaces contre le prévenu. Pour éviter que son client ne soit malmené, Me Ousmane Thiam a demandé au gendarme de veiller sur sa sécurité. Conscient du danger qui planait sur Sakho, le gendarme décide de l’extraire de la salle. Mais c’était sans compter avec la détermination de certains jeunes décidés à lui faire sa peau. Ainsi, d’un pas pressé, Sakho a pu rejoindre le bureau du chef de poste du Tribunal en faisant fi des menaces et injures des disciples.

Informé de la situation, l’adjoint du procureur de la République, Amadou Seydi, à la pause, est descendu pour constater de visu l’ambiance qui régnait au tribunal surtout au niveau du hall rempli de disciples visiblement en colère. Après un tour dans la salle, il s’est entretenu avec Me Thiam avant d’aller voir le prévenu dans ‘’sa cachette’’. Par la suite, il est retourné dans son bureau laissant derrière lui une foule colérique qui rivalisait de commentaires et d’injures contre Cheikh Mbacké Sakho. Leur show a duré jusqu’à la fin de la pause qui a duré plus que prévu. A la reprise, l’affaire est encore appelée à la barre mais sans le prévenu.

Car le tribunal avait déjà décidé d’un renvoi qu’il a notifié aux avocats. La présidente a motivé son renvoi pour des raisons de sécurité. Elle veut que celle-ci soit renforcée puisque dans la salle, il n’y avait qu’un seul APS et un gendarme or la tension était vraiment tendue au regard de l’attitude de l’assistance qui ne cessait de maugréer. D’ailleurs, d’aucuns pensent qu’il est préférable que les juges renvoient le dossier en Chambre de conseil pour éviter un débordement.

Cheikh Mbacké Sakho qui bénéficie d’une liberté provisoire avait, il y a deux semaines, diffusé sur la toile une vidéo dans laquelle il critiquait ouvertement la descendance de Serigne Touba, fondateur du mouridisme. Un acte qui lui avait valu une descente de talibés mourides, à son domicile, le contraignant ainsi à des excuses forcées. Après l’expédition punitive, il a été arrêté et déféré au parquet. Le procureur n’a pas jugé nécessaire de le placer sous mandat de dépôt. Outre Diama atou khoudamoul, une autre association de disciples mourides s’est constituée partie civile.

FATOU SY

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