Publié le 24 May 2018 - 02:28
INSTAURATION D’UNE ZONE DE LIBRE-ECHANGE CONTINENTALE

Le Sénégal arme son secteur privé 

 

Le gouvernement veut mettre à niveau le secteur privé national, afin qu’il puisse faire face à la concurrence, avec l’entrée en vigueur de l’accord sur la zone de libre-échange continentale prévue en 2019. C’est ce qu’a indiqué hier le ministre du Commerce Aliou Sarr, lors d’un atelier.

 

Signé en mars dernier, lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Kigali, l’accord pour la mise en place d’une zone de libre-échange continentale (Zlec) doit, dans les normes, entrer en vigueur en janvier 2019. A quelques mois de cette échéance, le gouvernement a décidé de mettre à niveau le privé national. ‘’La participation pleinement attendue du secteur privé sénégalais permettra à notre pays de prendre réellement en considération nos préoccupations, notamment au cours des prochaines étapes qui conduiront à l’identification des produits et services à libéraliser’’, a expliqué le ministre du Commerce Aliou Sarr. Il présidait, hier, un atelier du Comité national de négociations commerciales internationales relatif à l’instauration de la Zlec.

En effet, le ministre estime que la Zlec est un enjeu ‘’extrêmement important’’ pour le Sénégal. Car il y a un certain nombre de secteurs, notamment le commerce des marchandises et des services, qui seront libéralisés à 90 %. Et seulement 10 % des services et des marchandises qui vont être exclus de cette libéralisation. ‘’Il est important d’organiser cette rencontre avec les acteurs du secteur pour identifier, ensemble, quels sont les domaines que le Sénégal considère comme sensibles à protéger, à accompagner pour les exclure de la libéralisation. Ces négociations vont commencer à partir de la semaine prochaine. Donc, il était important qu’on mette à niveau nos entreprises’’, a-t-il dit.

Il faut souligner, dans un premier temps, le commerce des services et des marchandises qui sont inscrits dans l’accord. Il y a encore une deuxième phase de négociations qui concerne les investissements, la propriété intellectuelle et la concurrence. Sur ces aspects également, Aliou Sarr a soutenu que les chefs d’entreprises sénégalais devront se positionner. ‘’Ils devront se confronter demain à la concurrence qui viendra du Kenya, de l’Afrique du Sud... Ainsi, il est important également que nous soyons en position de force dans les négociations, pour défendre les intérêts de notre pays’’, a-t-il préconisé.

Toutefois, même si le ministre en charge des Pme reconnait que cette zone est une ‘’grosse opportunité’’, il signale qu’il y a, par ailleurs, des défis à relever. C’est, entre autres, celui de la production, de la compétence, de l’innovation, etc. ‘’C’est pourquoi je lance un appel à notre secteur privé de consacrer une énergie farouche à la participation aux travaux de ce Comité national de négociations internationales’’, dit-il.

Créer une plus-value pour les entreprises sénégalaises

Pour sa part, Ange Billong, membre du secteur privé, a indiqué que la Zlec devrait créer une plus-value pour les entreprises sénégalaises. ‘’L’avantage est que ça nous donne un marché plus important. Le marché de consommation est plus assujetti au nombre d’habitants de la zone dans laquelle on exerce. Il faudrait que nous soyons prêts, au niveau du Sénégal, à faire de la production qui puisse au moins être l’équivalent de ce que nous allons importer’’, a relevé M. Billong qui est, par ailleurs, président du groupe 2 du Conseil présidentiel sur l’investissement.

Selon lui, les entrepreneurs sont ‘’prêts’’. Tout ce qu’il leur faut, maintenant, c’est l’encadrement et l’accompagnement politique pour suivre. ‘’Il faudrait qu’on fasse énormément attention à tout ce qui concerne la production de nos paysans. Si nous faisons en sorte que nos paysans continuent de produire, nous allons garder nos villages et nos régions. Si nous ouvrons nos frontières pour appauvrir nos paysans, nous allons faire déserter nos villages. Il faudrait que nous prenions le maximum de dispositions’’, a-t-il renchéri. D’où la nécessité, pour lui, de continuer les concertations et d’être ‘’suffisamment protégés’’ par rapport aux autres. Ceci pour leur permettre de faire un échange équilibré et gagnant-gagnant.

Il faut noter qu’aujourd’hui, 44 pays d’Afrique ont déjà signé cet accord. Dans la sous-région, le géant économique, à savoir le Nigeria, est encore résistant. Mais pour entrer en vigueur l’année prochaine, le texte n’a besoin d’être ratifié que par un minimum de 22 pays.

MARIAMA DIEME

 

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