Publié le 23 Feb 2018 - 22:51
INSUFFISANCE RENALE AU SENEGAL

6 000 nouveaux cas détectés par an 

 

Au Sénégal, chaque année, il y a 6 000 nouveaux insuffisants rénaux. Le taux de mortalité est à 100%, sans aucune prise en charge. Les néphrologues insistent sur la prévention.

 

Les maladies rénales gagnent du terrain. Elles connaissent une avancée significative qui inquiète les spécialistes. Au Sénégal, même s’il n’y a pas d’étude précise, les estimations font état de 6 000 nouveaux cas d’insuffisants rénaux par an. L’annonce a été faite hier par le président de la Société sénégalaise de néphrologie, lors du troisième congrès de ladite société.

Selon le professeur Bocar Diouf, l’insuffisance rénale évolue en plusieurs stades. C’est pourquoi il est difficile de donner des chiffres sur cette maladie.  Mais il précise que toute insuffisance rénale ne va pas en dialyse.  ‘’Il y a cinq stades et c’est au dernier stade que le malade doit faire une dialyse. La moralité de cela est qu’il faut prévenir et éviter d’entrer en dialyse. C’est à peu près 2% qui doivent aller en dialyse. Mais le nombre de dialysés dépend du nombre de centres de dialyse. Actuellement, nous avons 15 centres, 20 sont en construction.Certains vont être ouverts d’ici cinq mois au moins’’, renseigne Prof Diouf.

Le professeur ajoute que lorsqu’une insuffisance rénale aiguë n’est pas dialysée ou n’est pas transplantée, la mortalité est de 100% sans prise en charge. ‘’C’est le problème que nous avons. Le patient qui est en dialyse qui arrive en insuffisance rénale chronique terminale, vous le dialysez ou il meurt. Il n’y a pas d’alternative. C’est ce qui fait la difficulté et le stress que nous avons. C’est une pathologie qui peut être d’abord prévenue et guérie. C’est pourquoi, c’est important d’en parler’’, a-t-il fait savoir.

La journée mondiale du rein coïncide, cette année, avec la journée mondiale de la femme. D’où le sens du thème du congrès : ‘’L’insuffisance rénale aiguë’’. Le professeur d’expliquer que la première cause d’insuffisance rénale aiguë au Sénégal, c’est l’insuffisance obstétricale : c’est-à-dire une femme qui accouche et qui a des problèmes. ‘’On dit les reins sont bloqués. Elle se met à une insuffisance rénale aiguë.  C’est ce qu’on appelle insuffisance rénale aiguë du post-partum. C’est la moitié de l’insuffisance rénale aiguë que nous recevons à l’hôpital et la mortalité est extrêmement importante’’, précise Prof Diouf. Avant d’ajouter que c’est important qu’ils se focalisent sur ce thème avec divers partenaires (gynécologues, internistes, réanimateurs, gériatres) pour parler de tous les aspects de l’insuffisance rénale et de la prise en charge de manière correcte, dans son volet préventif et curatif.

L’autre point débattu par les néphrologues est ‘’la problématique de la transplantation rénale en Afrique subsaharienne’’. Cela a permis au président de la société de revenir sur la loi de la transplantation qui a été déjà votée au Sénégal. Selon lui, il faut un arrêté, c’est-à-dire le décret présidentiel qui doit créer l’organe de régulation. ‘’C’est cet organe de régulation qui va accréditer les hôpitaux, dire qui va transplanter et qui ne va pas le faire et comment transplanter et qui va surtout surveiller. Il y a eu des dérapages dans d’autres pays. Au Sénégal, nous ne voulons pas avoir ce dérapage. C’est le décret présidentiel qui va créer cet organe qui est en cours de validation. Mais techniquement, le Sénégal est prêt’’, précise-t-il. Il souligne, en outre, que plusieurs spécialistes ont été formés dans ce domaine, mais il faut un accompagnement. ‘’Nous avons plusieurs partenaires qui sont prêts à nous accompagner dès que nous démarrons la transplantation. Il n’y a vraiment pas de problème du point de vue technique, infrastructure’’, rassure le néphrologue.

Le secrétaire général du ministère de la Santé, Alassane Mbengue, soutient qu’un adulte sur 10 souffre de maladie rénale chronique et l’Organisation mondiale de la santé prévoit une augmentation de la prévalence de la maladie chronique rénale à 17%, dans les 10 ans à venir. ‘’Au Sénégal, les données de janvier 2017 montrent qu’il y a 319 personnes qui sont dialysés dans le public et 273 dans le privé, 49 en dialyse péritonéale. En raison d’un diagnostic tardif, chaque année, des millions de personnes décèdent prématurément d’insuffisance rénale chronique et des complications cardiovasculaires qui y sont associées’’, a-t-il dit.  Or, souligne M. Mbengue, depuis plusieurs années, les maladies rénales, même si elles sont le plus souvent silencieuses, peuvent être détectées et leur évolution peut être ralentie ou stoppée par des médicaments et des règles hygiéno-diététiques simples. 

VIVIANE DIATTA

 

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