Publié le 26 May 2017 - 21:13
INTERDIT DE MOSQUEE A REBEUSS

Khalifa Sall serait-il en danger ?

 

Accusée de soumettre Khalifa Sall à des restrictions, l’administration pénitentiaire dégage en touche. Au cours d’un point de presse organisé mercredi à la Maison d’arrêt de Rebeuss où est incarcéré le maire de Dakar, le Colonel Daouda Diop a assuré que les droits de M. Sall sont respectés. Seule la mosquée lui est interdite pour des raisons de sécurité.

 

Le maire de Dakar serait-il en danger à la Maison d’arrêt de Rebeuss où il est incarcéré depuis le 7 mars dernier, avec cinq de ces collaborateurs pour détournement de deniers publics ? Tout porterait à le croire, si l’on se fie aux révélations faites par le Directeur de l’administration pénitentiaire. Lors d’un point de presse tenu mercredi dans les locaux de la prison de Rebeuss, le Colonel Daouda Diop a confirmé l’information faisant état de l’interdiction de la mosquée au maire de Dakar. Avant de préciser que c’est pour des raisons de sécurité que les gardes ont pris cette décision. ‘’A Rebeuss, il y a plus de 2 000 détenus et chaque vendredi, ils vont à la prière’’, renseigne-t-il. Compte tenu de cette situation, ‘’il appartient, dit-il, à l’administration pénitentiaire de s’assurer que toutes les conditions de sécurité sont réunies pour que Khalifa Sall puisse se rendre à la mosquée’’. ‘’M. Sall est une personnalité de ce pays. On nous reprochera de ne pas avoir pris des mesures de sécurité, si quelque chose lui arrive’’, justifie le Colonel Diop.

En revanche, mise à part la mosquée, aucune autre restriction n’est faite à l’actuel détenu le plus célèbre au Sénégal. Car, d’après le patron des prisons sénégalaises, le premier magistrat de la ville de Dakar dispose d’un maître coranique qui lui dispense des cours 6 heures par semaine. Il s’y ajoute que la bibliothèque ne lui est pas interdite.  ‘’M. Sall n’en a pas fait la demande’’, explique le DAP qui est revenu sur la baisse du nombre de visites de 20 à 15, ainsi que sur le refus du maire de recevoir ses visiteurs aux parloirs.

Le Colonel Diop écarte sa responsabilité. ‘’L’administration pénitentiaire ne délivre pas de permis de visite ni de communication. Il est délivré par le procureur, le juge d’instruction ou le juge d’application des peines aux  parents  proches. Mais pour des motifs exceptionnels, les autorités judiciaires délivrent des permis à d’autres personnes que les parents’’, renseigne-t-il. Concernant les heures de visites fixées, tous les lundis, pour Khalifa Sall, au moment où les autres détenus en ont trois jours par semaine, il soutient qu’il n’y a aucune violation.

206 visiteurs reçus par Khalifa Sall, durant 11 lundis

‘’L’article 235 du Code de procédure pénale dit que les visites pour tous les détenus au Sénégal doivent avoir lieu le mercredi et le dimanche et les jours fériés’’, souligne-t-il non sans préciser que ‘’l’administration peut, pour des raisons de sécurité, déroger aux règles. Donc, vu le nombre de détenu à Rebeuss, on a dû instaurer une règle en ajoutant deux jours supplémentaires’’.  Il ajoute que les lundis sont réservés aux cas exceptionnels. ‘’C’est le cas de Khalifa Sall qui a une journée à lui tout seul, car les visites ne sont pas chronométrées, contrairement aux autres détenus qui ont cinq minutes, par visite’’, argue le DAP. Qui pour étayer ses dires a distribué à la presse un tableau comparatif des visites. Celui-ci indique que le maire a reçu, durant 11 lundis, 206 visiteurs, là où certains de ses codétenus en ont eu entre 92, 53 et 7. 

Pour finir, le gendarme s’est prononcé sur le refus du responsable socialiste de recevoir dans les parloirs. Il a d’abord fait savoir que si M. Sall recevait dans un local spécialement aménagé pour lui, c’est que les anciens parloirs n’étaient plus fonctionnels et que les autres détenus le faisaient sous une bâche érigée dans la cour. ‘’Maintenant que les parloirs sont fonctionnels, depuis leur inauguration le 10 mai, il n’y a plus de raison pour qu’il n’y reçoit pas ses visites, d’autant plus que le parloir est à lui seul, les lundis’’, s’insurge Colonel Diop.

Visite guidée des parloirs de Rebeuss

A la fin du point de presse, les journalistes ont eu droit à une petite visite des parloirs. Un espace beaucoup plus spacieux, contrairement à l’ancien trop exigu et mal éclairé. Composé de 15 box, le nouveau joyau de Rebeuss, bien ventilé, avec des appareils fixés au mur, répond aux normes de sécurité avec un système de communication moderne. En fait, au lieu d’une grille où certains visiteurs faisaient glisser des objets prohibés, une baie vitrée sépare le prévenu du visiteur.

Celui-ci n’est plus obligé de crier pour se faire entendre. La communication se fait désormais avec un interphone. ‘’Au début, les gens criaient, car ils pensaient toujours à l’ancien parloir. Maintenant, ils ne le font plus car ils sont habitués. La communication n’est pas enregistrée’’, rassure le DAP. 

FATOU SY

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