Publié le 23 Sep 2014 - 14:03
INTERROGATOIRE D’ALIOUNE SAMBA DIASSE

Le DG d’ABS juge fantaisiste le rapport de l’expert Bécaye Sène

 

Lors de la quatrième journée d’interrogatoire de Alioune Samba Diassé, le prévenu et ses avocats ont mis à nu le rapport de l’’administrateur provisoire de ABS SA, Bécaye Sène, avant de faire une incursion dans le passé de celui-ci.

 

Poursuivi pour complicité d’enrichissement illicite, le directeur général de Aéroport bus services (ABS) SA, Alioune Samba Diassé, a défilé hier, pour la quatrième fois devant la barre de la CREI dans le cadre de son interrogatoire. Une fois encore, les questions ont porté sur ABS SA et ABS corporate. Mais il a été aussi question du rapport accablant fait par l’expert Bécaye Sène, désigné comme administrateur provisoire d’ABS SA. Les conseils ont réservé au rapport de Bécaye Sène le même sort que celui d’Abdoulaye Sylla, administrateur provisoire de Aviation handling service (AHS), la société d’assistance au sol de Mamadou Pouye). En d’autres termes, Alioune Samba Diassé et les avocats ont «déchiré» un document «truffé de contrevérités», selon eux.

D’abord, c’est Me Moïse Ndior qui s’est attaqué à la probité de l’expert. Ce dernier, a-t-il révélé, a été condamné en 1982 pour enrichissement illicite dans le cadre de l’affaire dénommée «Affaire Ministère public et Etat du Sénégal contre Mamady Gassama, électricien à Sorano, et Bécaye Sène, PDG de la Banque de l’habitat du Sénégal» (BHS). A en croire Me Ndior, Bécaye Sène qui avait été condamné à trois ans ferme et à une amende ferme de 26 millions de francs Cfa a été débouté par la Cour suprême lorsqu’il s’est pourvu en cassation.

Ensuite, l’avocat a interpellé le prévenu sur les actes posés par l’administrateur provisoire. A ce propos, Me Ndior a demandé à Diassé s’il savait que M. Sène gagnait plus de 5 millions de francs Cfa en tant qu’administrateur provisoire. M. Diassé n’a pas manqué de marquer son étonnement face à cette révélation avant de se ressaisir. «Je gagnais 2,7 millions de francs CFA. Moi qui ai créé la société, je ne pouvais me permettre d’avoir ce salaire’’. Sur sa lancée, le prévenu a indiqué que l’administrateur ne l’a jamais informé de la gestion de la société comme le prévoit la loi.

Outre le salaire de l’administrateur, le DG de ABS SA a jugé ‘’faramineuse’’ l’évaluation qui a été faite de sa société. Dans son rapport, M. Sène a évalué la société à hauteur de 3,9 milliards de francs Cfa. «Si on l’évalue réellement, ce serait la moitié de cette somme. Ce n’est pas possible’’, a contesté M. Diassé. Et d’ajouter : ‘’On ne peut pas prendre la valeur des bus qui ont 12 années pour les évaluer à 1 milliard l’unité. Sur le rendement, personne n’achètera une société qui est à un an de la fin de son contrat’’.

Compte tenu de ces éléments, le présumé complice de Karim Wade juge le rapport de Bécaye Sène ‘’fantaisiste’’. ‘’Je conteste vivement ce que l’administrateur provisoire a fait. Si c’est pour me coller des motifs, moi je n’ai rien fait. Les comptes sont là’’, a-t-il clamé. Convaincu que le rapport a été ‘’surévalué’’, il a demandé une contre-expertise.

Au-delà du rapport qu’il juge surévalué, le prévenu a continué à réfuter avec véhémence être le prête-nom de Karim Wade. Il a affirmé tout au long de l’interrogation être le seul et unique propriétaire de ABS SA et que ni Karim Wade ni Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi ne l’ont aidé à gagner le contrat d’exclusivité du marché du transport des passagers. ‘’ABS, c’est mon bébé. Donc je ne peux pas ne pas maîtriser l’actionnariat d’une société que j’ai créée. Ni Karim ni Bibo ne sont intervenus dans sa constitution. Je défie quiconque de prouver que ABS appartient à Karim Wade’’, a lancé Diassé.

FATOU SY

 

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