Publié le 17 Apr 2019 - 18:22
ISMAÏLA MADIOR FALL A SON SUCCESSEUR ME MALICK SALL

‘’C’est un ministère difficile, délicat, sensible’’

 

Le professeur Ismaïla Madior Fall a passé, hier, le témoin à Me Malick Sall. Lors de la cérémonie de passation de service, le nouveau ministre de la Justice s’est engagé à s’inscrire dans la continuité de son successeur qui n’a pas manqué de lui donner des conseils.

 

Me Malick Sall a été installé officiellement à son poste de nouveau ministre de la Justice. Le Pr. Ismaïla Madior Fall lui a passé le témoin, hier, non sans rendre hommage à ses désormais ex-collaborateurs. Mais regretter surtout la séparation avec ces derniers. ‘’Ce n’est pas le ministère de la Justice qui va me manquer, mais l’ambiance de travail’’, confesse celui qui a retrouvé son poste de ministre conseiller. Mis à part ce brin de regret, le ministre sortant semble satisfait de son bilan. ‘’Je pars avec l’esprit tranquille et le cœur léger. Parce que j’ai conscience qu’ensemble, nous avons pu poser une pierre à l’édification d’une justice digne de ce nom’’, s’est-il réjoui. En fait, d’après lui, ‘’beaucoup de choses ont été faites‘’ dans le domaine de la justice.

Et cette réussite résulte, selon ses propos, du fait qu’il s’est inscrit dans la continuité de son prédécesseur Me Sidiki Kaba. ‘’Je m’étais inscris dans la continuité, parce que la politique en matière judiciaire est définie par le président de la République, et en tant que ministre de la Justice, nous mettons en œuvre ces politiques’’, déclare-t-il.

Cependant, même s’il a obtenu des acquis, l’ex-ministre confie que des difficultés n’ont pas manqué sous son magistère. ‘’Beaucoup de choses ont été faites, mais souvent, c’est un ministère aussi difficile. C’est un ministère délicat, sensible’’, dit-il, comme pour conscientiser son successeur sur la tâche qui l’attend. Pour étayer ses propos, M. Fall rappelle que ces deux dernières années ont été marquées par deux facteurs, notamment une année préélectorale et une année électorale. De ce fait, fulmine-t-il, ‘’la justice est toujours critiquée en période électorale, aussi loin qu’on remonte dans l’histoire de notre pays. En matière électorale, la justice est critiquée à tort ou à raison. Souvent, c’est à tort. C’est après qu’on se rend compte que les critiques n’étaient fondées sur rien’’. Poursuivant, il ajoute : ‘’Mais aussi, nous avons eu une particularité, ces deux dernières années. Il y a eu quelques justiciables qui sont des politiques. Quand ils sont des citoyens ordinaires, souvent ça ne pose pas de problème. Mais quand ils sont des politiques, il y a des critiques qui sont articulées à l’endroit de la justice. Parfois, ce sont des critiques qui ne sont fondées sur rien.’’ 

Partant de ce postulat, l’ex-garde des Sceaux lance à son successeur : ‘’Tout cela donne l’impression que la justice a des problèmes ou qu’il y a un désordre dans la justice. Monsieur le Ministre, je vous rassure qu’il n’en est absolument rien, car, comme dans tous les secteurs, il y a des problèmes.’’ Poursuivant à l’endroit de Me Malick Sall, le ministre conseiller sortant ajoute : ‘’II faut juste les identifier et c’est ce qu’on a essayé de faire et de trouver des solutions ensemble. Mais je pense que la justice est un des secteurs les plus ordonnés du Sénégal. Il y a des problèmes, mais il n’y a pas de désordre. Evidemment, il y a des insuffisances, il y a des limites, des problèmes, mais le secteur n’est pas en crise’’.

Face à ces difficultés, le Pr. Ismaïla Madior Fall conseille à son remplaçant de privilégier le dialogue. ‘’Il faut identifier les problèmes, en discuter avec les acteurs en concertation et mettre en œuvre les réformes qu’il faut’’, conclut-il.

FATOU SY

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