Publié le 31 Dec 2019 - 00:29
ITV-MAMADOU LAMINE KEITA, MAIRE DE BIGNONA

«Nous sommes la seule commune à avoir réfléchi sur la création d’une plateforme d’activités économiques

 

En marge de l’examen et du vote du budget pour l’année 2020 de la commune de Bignona, le quotidien ‘’EnQuête’’ s’est entretenu avec le maire de Bignona. Mamadou Lamine Keita se prononce sur les grandes lignes, en termes de projets à réaliser, issues de ce dernier conseil municipal. Entretien.

 

Construire la ville de Bignona relève de votre mission. Mais qu’est-ce que la mairie fait en termes d’emploi des jeunes qui, faut-il le souligner, n’est pas une compétence transférée ?

Les efforts se poursuivent. J’ai invité tous les conseillers à faire un tour au niveau de la plateforme d’activités économiques de Bignona qui n’est plus un rêve, comme certains le disaient, mais une réalité avec des infrastructures impressionnantes, des bâtiments impressionnants. Nous n’avons pas encore fini. D’autres bâtiments vont bientôt sortir de terre. A terme, ce sont au moins 1 500 emplois qui seront créés. Souvent, vous entendez des jeunes dire : oui, c’est bien ce que nous faisons, mais eux ne trouvent pas d’emplois. Oui, les jeunes ne travaillent pas, parce qu’il n’y a pas quelque part où ils peuvent travailler. Nous sommes une des rares communes, pour ne pas dire la seule commune, à avoir réfléchi à une plateforme de cette nature, dans ce pays. Il n’existe pas deux.

Rien que pour l’emploi des jeunes, des femmes, il y a déjà des sociétés qui frappent à nos portes pour s’installer sur la plateforme. Elles annoncent des centaines d’emplois. Nous sommes un conseil municipal qui est en train de faire énormément de choses. Tout n’est pas fait, mais encore une fois, je suis fier du conseil que je dirige, qui est composé de gens responsables. Par la grâce de Dieu, depuis que je suis maire, on a toujours voté nos budgets à l’unanimité. Jamais un conseiller ne s’est opposé à nos propositions ; parce que les gens savent que ce que nous faisons c’est dans l’intérêt des Bignonois. Ils savent que nous sommes engagés pour le développement de Bignona. Pour moi, c’est cela qui est important.

Justement, le budget de la commune de Bignona, voté à l’unanimité, a connu une hausse. Qu’est-ce qui explique cette augmentation ?

Oui, outre les examens et les votes du plan d’investissement triennal, du plan annuel de renforcement de capacités (Parca 2020), le conseil municipal a examiné puis voté le budget de la commune pour l’exercice 2020 qui s’équilibre en recettes et en dépenses à la somme de 583 000 000 F Cfa. Je voudrais profiter pour féliciter et remercier tous les conseillers municipaux. Mais aussi les populations qui, dans le cadre du budget participatif, ont contribué aux débats dans les quartiers. Débats qui ont nourri la mise en place du budget pour l’exercice 2020. Le présent budget connaît une hausse de dix-huit millions par rapport au budget primitif, c'est-à-dire celui de l’exercice de 2019.

Il faut préciser que ce budget ne prend pas en compte les éventuels reports de l’année en cours. Comme pour les deux années précédentes, nous avons fait des efforts pour respecter une recommandation forte du Code des collectivités locales ; c'est-à-dire le vote du budget, avant le 31 décembre.

Seulement, cela implique la non disponibilité des éléments à reporter. Le conseil sera donc convoqué, ultérieurement, pour délibérer sur les reports, lorsque ceux-ci seront disponibles et fournis par le comptable public, le receveur municipal, notamment. Si donc l’on tient des reports de l’exercice 2019, et lorsque ceux-ci seront intégrés, le budget de la commune de Bignona connaitra une hausse substantielle qui tournera autour de 10 %. Ce qui est normal, quand l’on tient compte du rythme d’évolution de notre commune, aussi bien dans ses ambitions comme dans ses moyens. Il y a un certain nombre d’investissements qui ont été mis en avant. Parmi eux, le bloc opératoire du centre de santé de Bignona. En 2019, nous avons fait énormément de choses pour que le bloc soit fonctionnel.

Nous allons poursuivre les efforts et, ce que je peux dire, c’est que dans sous peu de temps, nous allons assister - en attendant que le centre soit érigé en hôpital de niveau 1 - aux premières interventions chirurgicales au niveau de Bignona. On n’aura plus besoin de transférer à Ziguinchor certains cas pas du tout compliqués, comme une femme qui accouche et pour laquelle on a besoin d’une césarienne. La commune a pris des dispositions pour que tout cela soit un vieux souvenir. Tout comme la réhabilitation des cimetières de Bassène et Badiancoto. Il y a des travaux lourds d’assainissement à réaliser, parce que comme vous le savez, il y a des ravins d’une grande puissance qui déversent beaucoup d’eaux dans cette zone. Les techniciens que nous avons mobilisés nous ont fait des études assez coûteuses, mais le conseil municipal a pris l’engagement de s’attaquer à la question. Sous peu, nous allons commencer les travaux de réhabilitation du cimetière de Bassène.

L’autre problème qui est ressorti dans les débats, concerne la réhabilitation du stade municipal de Bignona qui est presque abandonné par les jeunes…

Oui, cette question a fortement été agitée dans les débats autour du budget participatif avec les différentes composantes de la communauté communale.  Le stade départemental est un projet de l’Etat. Il n’est pas encore terminé. Quand le président de la République est venu tout dernièrement à Bignona, nous avons sollicité le parachèvement des travaux. Mais nous comprenons, pour avoir occupé des positions au sommet de l’Etat, a beau avoir des ambitions, l’Etat ne dispose pas toujours des moyens, surtout dans le secteur du sport, pour réaliser ses ambitions. Et puisque nous, nous ne pouvons pas, en tant que commune, poursuivre et terminer un projet de l’Etat du Sénégal qui est le stade départemental, alors que nous sommes, à chaque instant, interpellés par les jeunes de la commune par rapport au stade municipal, nous avons décidé de le réhabiliter entièrement. Nous allons reprendre la clôture, l’élargir, démolir les anciennes tribunes   pour y réaliser des tribunes modernes qui disposeront de vestiaires, de bureaux et une salle de réunion. Nous allons installer des projecteurs, reprendre l’aire de jeu, faire des grilles de protection. En un mot, nous allons rendre moderne le stade municipal de Bignona, pour que les matchs puissent s’y jouer de jour comme de nuit, dans des conditions de pratique du sport et de sécurité les meilleures.

Nous avons l’adhésion du conseil municipal qui a accepté de voter des montants substantiels pour la réalisation de cet ambitieux projet. Nous allons le faire avec l’accompagnement technique de l’Agetip. Nous allons, par ailleurs, continuer la réhabilitation du site de l’ancienne gare routière. Une partie est faite. Une autre partie est à faire avec plus de commodités. Nous voulons, à terme, que ce site soit un très beau site. Nous allons y mettre le wifi gratuit de haut débit. C’est la même chose que nous voulons faire au niveau des trois ronds-points : Emile Badiane, Cheikhna Cheikh Mahfouz, près de l’école Mancadiang, et le monument des morts sur la route de Sindian. Nous allons y mettre, pour chaque place, une grille de protection, des fleurs, du gazon et beaucoup de lumière, du wifi haut débit pour que les gens qui s’y promèneront puissent accéder à l’Internet.

La question de l’éclairage public et de la propreté de la ville est aussi une préoccupation des populations qui l’ont fortement exprimée au sein du cadre de concertation communal.

Nous avons deux ambitions. Il faut que Bignona soit parmi les villes les plus propres et les plus éclairées. Pour les questions liées à la propreté, nous sommes allés chercher des partenaires. Ce projet n’est pas tombé du ciel. J’ai écrit moi-même ce projet de gestion des ordures ménagères dans la commune de Bignona de mon ordinateur. Je l’ai imprimé, j’en ai parlé au conseil municipal qui m’a donné l’aval. Je suis, ensuite, allé chercher des partenaires. Quand j’ai rencontré les responsables de la coopération espagnole, ils étaient enchantés. La coopération a mobilisé 150 millions qui nous ont permis d’acquérir tout le matériel que vous trouvez dans l’enceinte de la mairie. Il y a une deuxième phase que nous sommes en train de négocier avec cette même coopération espagnole et d’autres pour que la question de la gestion des déchets dans la commune de Bignona soit sérieusement prise en charge.  Nous allons lancer bientôt la 1re phase de ce projet avec les populations. Il faut que celles-ci s’approprient ce projet. Il faut que dans tous les quartiers, les gens s’organisent pour dire que notre quartier doit être le plus propre de la commune.

Nous allons impliquer les leaders, chez les jeunes comme chez les femmes, les leaders d’opinion, notamment les imams, les curés. Tout le monde sera mobilisé pour que nous puissions parler aux jeunes, aux femmes, aux populations de façon générale, pour que chacun soit un défenseur de la propreté dans la commune de Bignona. Cela nous permettra de nous classer parmi les villes les plus propres du pays.

Relativement à l’éclairage, en plus des efforts que nous sommes en train de faire, nous allons recevoir, à partir des semaines à venir, 500 lampadaires solaires de grande qualité, mais vraiment puissantes qui vont nous permettre, dans une première phase, d’élargir le champ de l’éclairage public dans la commune. J’ai demandé au conseil municipal l’autorisation d’affecter certains lampadaires au quartier Tenghory-Transgambienne qui se trouve près de Bignona, mais dans la commune de Tenghory. J’ai dit au conseil que je ne serai pas fier, si la commune de Bignona est éclairée, alors que Tenghory-Transgambienne ne l’est pas suffisamment. Si nous faisons tout cela, nous pouvons également élever Bignona au rang des communes les plus éclairées.

PROPOS RECUEILLIS PAR HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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