Publié le 11 Jun 2019 - 14:47
JEUNESSE ANGOISSEE, MALADES SANS MOYENS, FEMMES SANS MOYENS…

Mgr Ernest Sambou offre nos souffrances à Marie

 

Dans son homélie de la célébration de la 131e édition du pèlerinage marial de Popenguine, l’évêque de Saint-Louis, Ernest Sambou, qui a célébré la messe, s’est appesanti sur les nombreuses souffrances qui assaillent les Sénégalais dans leurs quotidiens. Il les a offertes à la Vierge Marie, mère de Jésus.

 

‘’Mes chers frères et sœurs, y a-t-il une souffrance plus grande que celle d’une mère qui se tient près de son fils cloué sur le bois d’une croix, après une flagellation violente, avec une couronne d’épines, avec des injures, des moqueries et des crachats sur le visage ?‘’

Par cette question rhétorique, Mgr Ernest Sambou, Evêque de Saint-Louis, qui a présidé la messe solennelle du pèlerinage marial de Popenguine, a introduit les milliers de pèlerins réunis dans le sanctuaire, dans le thème de cette 131e édition : ‘’Marie notre mère, offre nos souffrances à Jésus.‘’ A sa propre question, il a répondu : ‘’Je ne le pense pas.‘’

‘’Marie et son fils ayant vécu la souffrance sur terre, ils sont donc à même de comprendre nos souffrances et de les prendre en charge, comme il faut, en notre faveur. Donc, Marie sait la valeur de ce qu’elle offre à son fils. Jésus aussi sait le prix de ce que sa mère lui offre, c’est-à-dire nos souffrances. Il est absolument nécessaire que ce soit Marie, en tant que notre mère, qui offre nos souffrances à Jésus’’, souligne l’évêque.

Dans son homélie, il est revenu largement sur la souffrance vécue par Marie et son fils. ‘’D’ailleurs, Siméon (Lc2, 35a) avait prévenu Marie en ces termes : ‘’Quant à toi, femme, une épée te transpercera l’âme.’’ 

Malgré sa préservation du péché originel, ajoute-t-il, Marie a souffert en lien étroit avec son fils Jésus qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort sur la croix. ‘’La participation de Marie à la souffrance du Christ est désignée sous le vocable de Compassion, qui signifie qu’elle a eu sa part de souffrance dans la passion du Christ. Elle a souffert avec lui à sa manière. Le texte de l’Evangile de ce jour nous montre Marie, la mère de Jésus, debout près de la croix où son fils était cloué‘’. 

Selon Mgr Ernest Sambou, si ‘’Jésus a subi des souffrances atroces de la part de ses impitoyables bourreaux’’, c’est parce qu’il portait ‘’nos souffrances, nos douleurs‘’.  ‘’On pensait que ce serviteur était châtié, frappé et humilié par Dieu. Mais, en fait, c’étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé‘’, prêche l’évêque.

Une longue liste de souffrances

De ce fait, le pèlerinage marial de Popenguine est l’occasion, pour les fidèles chrétiens, de soumettre leurs souffrances à la Vierge. ‘’Faut-il énumérer toutes nos souffrances ?‘’, questionne à nouveau l’évêque. Qui estime que ce n’est pas possible de lister toutes les souffrances dont chaque être fait face, tous les jours. ‘’Nous le savons, elles sont nombreuses les souffrances de l’homme, en général. Elles sont nombreuses aussi les souffrances des Sénégalais, en particulier‘’, déclare l’évêque de Saint-Louis qui a eu néanmoins une pensée pour certains d’entre eux.

Au pied de Marie de la Délivrande, Mgr Sambou a confié la souffrance des personnes malades sans moyens suffisants pour se soigner. Celle des personnes âgées sans assistance effective et sans entourage affectif. La souffrance des personnes ayant perdu rapidement ou brutalement un être cher, celles qui ne mangent qu’une fois par jour ou qui ne mangent pas à leur faim ou encore qui n’ont presque rien à manger. Une pensée à ces épouses qui peinent toutes seules à nourrir leurs familles, comme si leurs maris n’étaient, aux démunis qui n’ont rien pour vivre.

La jeunesse n’est pas en reste. Car la souffrance des jeunes qui émigrent de manière clandestine dans l’espoir de trouver un eldorado en Europe, a été confiée à Marie. Puisque dans cette recherche, ils vivent une grande déception. L’évêque a aussi livré à Marie la souffrance des étudiants qui travaillent dans un climat trouble et dont les cours continuent parfois durant la période des vacances. Celle née de la situation ambiguë des élèves qui, innocemment, ne parlent que le wolof, même dans la cour de l’école. Ernest Sambou s’est aussi désolé que certains professeurs se permettent d’expliquer souvent leurs cours en wolof plutôt qu’en français.

‘’Le problème, c’est qu’au moment des examens, ces élèves souffrent, parce qu’ils se trouvent devant des sujets d’examens libellés en bon français qu’ils ne comprennent même pas‘’, fustige-t-il.

Résultats désastreux aux examens

Et, à l’en croire, cela a un résultat désastreux sur le taux de réussite à l’examen. ‘’Le pourcentage des résultats des examens est inversé. Au lieu de 70 % d’admis au Bac et 30 % d’échec, c’est plutôt 30 % d’admis et 70 % d’échec’’, déplore monseigneur Sambou. Une situation qu’il juge insupportable et inquiétante pour l’avenir de notre pays.

Ainsi, il invite chacun à un sursaut national, afin de venir au secours à l’école. ‘’Tous les protagonistes travailleraient ensemble en vue d’une solution viable et durable qui mettrait fin à cette situation de troubles récurrents‘’.

 Mgr Sambou a rendu un vibrant hommage à toutes les personnes qui travaillent dans les structures sanitaires, qui sont en contact permanent avec des gens qui subissent des souffrances physiques, morales, spirituelles.

Les fantaisies culinaires inquiètent Mgr Sambou

Au cours de son homélie, Mgr Sambou a demandé aux fidèles si tant de maladies relèvent uniquement de la volonté divine. ‘’Mes chers frères et sœurs, est-ce que vraiment nos responsabilités ne sont pas en quelque sorte impliquées ?‘’, questionne-t-il. Il a réponse à sa propre question. Car, pour lui, ‘’certaines cuisines sénégalaises ont pris l’allure et la forme d’une fantaisie artistique, voire esthétique. Toggu bu neex ci sunu gemmin, waye bu bonn ci sunu yaram, ndakh daffay yakh sunu wergou yaram (une bonne cuisine pour nos dégustations, mais qui est mauvaise pour notre santé, puisqu’elle détériore notre organisme, Ndlr)’’.

KHADY NDOYE (POPONGUINE)

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