Publié le 9 Jan 2012 - 20:18
JOHNNIE CARSON, SOUS SECRÉTAIRE D'ÉTAT AMÉRICAIN AUX AFFAIRES AFRICAINES

Les États-Unis contre la candidature de Wade

Abdoulaye wade

 

Les États-unis sont contre la candidature de Wade en février 2012. C'est du moins la lecture à faire avec la correspondance d'un de ses officiels à Wade pour lui demander de ne pas briguer un troisième mandat. De sources proches des renseignements, c'est le Sous Secrétaire d'État aux affaires africaines, Johnnie Carson, qui a écrit au président de la République pour lui suggérer de ne pas participer aux prochaines joutes électorales ''pour la stabilité du pays''.

 

 

Une lettre qui pourrait se résumer en une phrase : ''Renoncez à vous présenter''. La motivation de cette correspondance est que la candidature de Wade serait une source de déstabilisation du pays.

 

 

La lettre de Johnnie Carson, c'est-à-dire l'homme qui s'occupe des dossiers africains au Département d'État, sonne comme la position officielle de la première puissance du monde. En effet, il va sans dire que cette lettre presque confidentielle n'a pu être écrite sans l'aval de Hilary Clinton, la Secrétaire d'État, la patronne de la diplomatie américaine. Cette lettre engage le président des États-unis, Barack Obama qui, il faut le rappeler, était très remonté contre Wade après la fameuse poignée de mains entre lui et Karim Wade (présenté par le président français Nicolas Sarkozy) à Deauville, lors du sommet du G8.

 

 

Avant de produire cette lettre -qui vient après celle de l'ex-président et prix Nobel de la paix Jimmy Carter-, Johnnie Carson avait fait un voyage au Sénégal en août dernier. Voyage au cours duquel il avait rencontré le président Wade, la société civile, les leaders de l'opposition.

 

 

Le sous-secrétaire d’État américain, chargé des affaires africaines, avait entendu de vive voix, les craintes de l’opposition à propos des échéances électorales de février 2012, et constaté à quel point la tension était vive entre le pouvoir et l’opposition (l'on venait juste de sortir des événements des 23 et 27 juin). Craintes qui avaient été exprimées par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, le M23 conduit Alioune Tine, Bara Tall et Amath Dansokho, et Benno Siggil Senegal amenée par Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse.

 

La France et la ''sous-traitance diplomatique''

À l'issue de ces consultations, il avait rencontré la presse pour dire : ''Nous espérons que le gouvernement va prendre toutes ses responsabilités pour organiser des élections libres, justes et transparentes, conformément aux lois et à la Constitution''. Il avait aussi exhorté l’opposition à ''jouer pleinement son rôle en participant paisiblement à ces élections, en s’organisant'' à cet effet. ''Le Sénégal a toujours constitué un modèle par le passé et il est important pour le Sénégal de rester un modèle pour l’avenir.

 

 

Nous espérons que les valeurs démocratiques et les principes qui existent depuis plusieurs décennies continueront à se renforcer. Les élections sont un moment important dans toute démocratie, parce que cela donne une occasion aux populations de pouvoir choisir leurs dirigeants en toute démocratie'', avait-il rappelé.

 

 

Cette position américaine arrange pour le moins les Français qui, sur cette question, font de la ''sous-traitance diplomatique''. En effet, si les Français étaient en première ligne dans le combat contre un troisième mandat, ils seraient dans une mauvaise posture. On les aurait accusés de racistes et de colonialistes ; ce qu'on ne pourrait reprocher aux Américains (l'auteur de la lettre est noir et ce pays a été victime de la colonisation). En plus de cela, cela aurait été mal vu après que Wade eut activement aidé la France à enlever Mouammar Kadhafi de la Libye.

 

 

Bachir FOFANA

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