Publié le 18 Dec 2014 - 20:07
JOURNÉE BANQUE MORTE

Le mot d’ordre n’a pas été entendu 

 

L’association des Sociétaires et Clients des Institutions Financières (ASCIF) qui avait appelé, hier, à une ’’journée banque morte’’ a vu son mot d’ordre très peu suivi par les usagers des banques et institutions financières.

 

L’Ascif avait promis l’enfer hier aux banques et aux institutions financières, en cette journée de boycott, dans sa volonté de  contraindre ces derniers à appliquer les mesures édictées par la Banque centrale (BCEAO). Les amis de Famara Ibrahima Cissé avaient décrété une ‘’journée banque morte’’ ou ‘’journée sans banque’’. Mais le mot d’ordre est loin d’avoir été suivi par les usagers des banques qui se sont rués vers les banques et autres instituts financiers.

Dans la plupart des établissements bancaires, l’affluence était au rendez-vous. ‘’Je ne connais pas l’Ascif et je ne suis pas au courant de leur initiative.  De toute manière, je suis bien obligé de travailler avec eux, dans le cadre de mes activités’’, explique Abdoulaye Mbodj, agent immobilier, venu retirer un chèque dans sa banque.  

11 heures, aux Parcelles Assainies, le soleil tente de se frayer un chemin entre les nuages. Ses quelques rayons jettent leur dévolu sur une façade jaune où trône fièrement l’acronyme CBAO. A l’intérieur, derrière les bureaux, les employés s’affairent aux tâches quotidiennes. Un tableau électronique régule le défilé des clients qui se succèdent aux comptoirs.

Les nombreux clients assis au fond de la salle attendent d’effectuer leur transaction commerciale. Parmi eux, Serigne Abdoul Bousso, en boubou traditionnel et commerçant de son état, attend son tour. ‘’ Je suis venu faire un dépôt au niveau de la banque, car je ne peux pas le garder à la maison. L’argent est plus en sécurité dans les murs de la banque’’, argue-t-il. 

Quand on lui parle des revendications de l’Ascif, comme la gratuité des ouvertures et fermetures des comptes bancaires, il botte en touche. ‘’Pour les acteurs économiques, il est capital de collaborer avec les banques, parce que toute l’activité  économique  tourne autour d’eux. Et que tout boycott aura une incidence sur son activité’’, fulmine-t-il. D’après lui, le problème majeur avec les banques est la cession de taux d’intérêts exorbitants. ‘’Les taux d’intérêts prohibitifs nuisent à la bonne marche de nos affaires. Elles freinent l’investissement et l’épargne des clients les plus modestes’’, ajoute-t-il.

Pour Amadou Gaye, un autre usager qui vient d’effectuer un transfert d’argent vers des proches, le boycott aurait plus d’incidence sur les petits usagers que sur les banques elles-mêmes. ‘’Certes, les banques vont perdre beaucoup d’argent, mais cela risque de nuire à la population qui se verrait priver de beaucoup de services dans son quotidien’’, affirme-t-il.

Sur l’avenue Cheikh Anta Diop, des voitures défilent devant la banque Ecobank. Près de l’entrée, l’ouvrier Boubacar Sadio vient récupérer sa carte de compte épargne. Même s’il reconnaît certaines pratiques des banques, il en appelle au dialogue entre les différents acteurs de la finance pour résoudre cette crise. ‘’Le dialogue est la meilleure des solutions pour résoudre le conflit. Car, il n’est dans l’intérêt de personne d’aller à l’affrontement. En outre, les banquiers se doivent de revoir certains frais qui pèsent sur les usagers, afin de faciliter leurs transactions commerciales’’, affirme-t-il avec force. 

Mamadou Makhfouse Ngom

 

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